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Le journal le plus lu d'Italie donne les secrets de la "favola" belge

La Gazzetta dello Sport énonce les "secrets" qui, selon elle, ont permis à notre "génération de phénomènes" d'accéder au trône du classement FIFA en quelques années à peine. Elle évoque notamment un entraîneur au passé politique et un vestiaire multiculturel.

Le quotidien sportif La Gazzetta dello Sport est sans doute le journal le plus lu d'Italie. Une véritable institution dont les typiques pages roses sont feuilletées par des millions de Transalpins chaque jour, chez eux ou à la terrasse d'un café en sirotant un espresso. Alors bien sûr, quand, à la veille du match amical contre la Belgique, ce média de référence présente aux Italiens les secrets de la "favola" (la fable) de nos Diables Rouges, à la rédaction de RTLsport.be, on ne peut que lire avec attention et s'empresser de traduire pour vous.

Une ascension irrésistible

L'auteur commence par le début, la genèse. Il remonte à 2007, huit ans en arrière donc, lorsque l'équipe nationale belge n'était qu'un matricule parmi d'autres. Cette année-là, les Diables avaient atteint le point le plus bas de leur histoire, occupant une anonyme 71e place du classement FIFA, à côté de la Zambie, l'Arabie Saoudite et Haïti...

Puis, poursuit le journaliste, ils ont commencé à grimper les échelons et ils ne se sont plus arrêtés. "Jusqu'à présent, seuls les colosses avaient rejoint la cîme du classement FIFA: Allemagne, Espagne, Argentine, Brésil, France, Hollande et Italie. La Belgique, dont la superficie n'est pas plus grande que la Lombardie (NDLR: région du nord de l'Italie, poumon économique de la botte), est l'unique pays à être monté sur le trône de la FIFA sans avoir jamais rapporté à la maison un titre mondial ou européen. Aujourd'hui, elle veut devenir le nouveau nombril du monde du foot", écrit-il.

Cette élévation n'a pas été sans conséquence pour les Italiens, rajoute l'auteur. "Ils nous précèdent au classement UEFA, ils nous ont fait basculer dans la seconde urne pour le tirage au sort de l'Euro 2016", mentionne-t-il.

La golden generation

"Ils sont jeunes, ont du talent et veulent continuer à étonner", lance presque comme un slogan l'auteur. La golden generation démontre l'abondance des étoiles qui fleurissent en Belgique. Selon le journaliste, la raison du succès réside dans les efforts fournis sur la formation des jeunes (on sait que l'Italie, au contraire connait un gros déficit à ce niveau-là). "La parole clé est programmation: en 2010, Anderlecht, Genk, Bruges et le Standard de Liège croient en la révolution et travaillent à fond sur leurs viviers et académies, transmettant aux jeunes un même type de jeu et proposant un foot offensif et réfléchi. Les résultats ne sont pas immédiats: la Belgique échoue à se qualifier pour l'Euro 2012 mais fait déjà entrevoir un énorme potentiel. C'est seulement une question de temps. Deux ans plus tard, les Diables Rouges dominent leur groupe à la Coupe du Monde du Brésil et ne plient que contre l'Argentine de Messi en quart de finale", écrit-il.

Aujourd'hui, l'équipe nationale de Wilmots figure toujours parmi les équipes les plus jeunes avec une moyenne d'âge de 25 ans.

Un vestiaire multiculturel

Plutôt connu comme un pays d'émigration (on trouve des communautés d'origine italienne un peu partout dans le monde, et en particulier chez nous), l'Italie a connu dernièrement une importante immigration, non sans grincements de dents et réactions racistes parmi la population. On s'intéresse donc en Italie à la multiculturalité de la Belgique qui a connu de nombreuses vagues d'immigrations au cours des dernières décennies et dont on trouve désormais les enfants dans l'équipe nationale.

"L'équipe nationale belge constitue le reflet d'un pays qui au cours des dernières années est parvenu à trouver un mélange gagnant, où cohabitent des cultures différentes, se mêlent les ethnies et se pratiquent plusieurs langues. Le multiculturalisme belge a donné vie à un société composite, capable de réduire les antiques controverses entre nord et sud. Il en a été de même pour l'équipe nationale. Dans le vestiaire des Diables Rouges cohabitent Flamands, Wallons et divers joueurs originaires de pays de l'Afrique sub-saharienne: Benteke, Kompany et Lukaku sont des fils d'émigrés congolais, Dembelé a des parents maliens, Nainggolan a une mère flamande et un père indonésien", peut-on lire.

Champions de la modestie

Ben oui, les p'tits Belges n'ont pas l'arrogance affichéee parfois par certaines grandes nations. Une attitude que le journaliste a observé jusque sur le maillot, dépourvu d'étoiles.

"Les tournois de foot amateur joués dans le cadre des Jeux Olympiques de 1920 (à Anvers), 1924 et 1928 sont reconnus officiellement par la FIFA. C'est d'ailleurs pourquoi l'Uruguay qui a gagné les tournois de 1924 et 1928, affiche quatre étoiles sur son maillot (il a aussi remporté deux vraies Coupe du Monde en 1930 et 1950).
Le journaliste remarque que la Belgique qui a gagné le tournoi de 1920 n'en a pas pour autant mis une étoile sur son maillot. Et conclut que, si la Belgique n'a gagné aucun championnat (meilleurs résultats: finaliste de l'Euro en 1980, demi-finaliste de la Coupe du Monde, 6 ans plus tard), elle est championne de... la modestie", dit-il.

Quand un entraîneur descend dans l'arène politique

Le journaliste Alessandro Pistolesi estime aussi qu'outre sa génération dorée, la Belgique doit beaucoup à son sélectionneur, Marc Wilmots. Et de rappeler un joli palmarès: quatre Coupes du Monde et un record de meilleur finisseur avec cinq buts marqués lors de ces tournois. S'il ne possédait pas une solide expérience de coach lorsqu'il a pris les rênes de la sélection après le départ de Leekens, le natif de Jodoigne a surtout changé les choses par son mental, sa philosophie et ses idées.

Il n'a pas échappé au journaliste italien une singularité de notre coach: son élection comme sénateur pour le MR, en 2003. S'il a quitté son siège du sénat, Marc Wilmots a gardé ses idées qui, selon le journaliste, s'accordent bien avec le football: "Unité et cohésion nationale sont des éléments essentiels de son équipe nationale qui conjugués avec un foot offensif ont rendu amoureux un pays tout entier", dit-il.

Des étoiles qui ont un prix

Les Diables Rouges pèsent beaucoup d'argent sur le marché des transferts. Rien que cet été, les transferts de Kevin De Bruyne à Manchester City (74 millions) et Christian Benteke à Liverpool (46 millions) ont figuré parmi les plus grosses transactions du mercato.

En additionnant celles de tous les joueurs du noyau, la valeur marchande de l'équipe belge est estimée à... 387 millions d'euros. Avec une telle somme, les Diables Rouges dament même le pion à l'Espagne et valent carrément le double du 11 de l'Italie estimé à "seulement" 188 millions d'euros.

Talents pour l'exportation

Alessandro Pistolesi observe que si les joueurs bourgeonnent en Belgique, ils s'épanouissent ensuite à l'étranger. Dans la sélection de Wilmots, seuls cinq joueurs évoluent dans le championnat de Belgique, le reste est expatrié principalement en Premier league, le championnat anglais. Quelques-uns ont émigré dans les championnats d'Allemagne, Italie, Russie, Espagne. Le journaliste cite le cas d'Adnan Januzaj, considéré comme un des plus grands talents en devenir du foot européen. À 16 ans seulement, l'ado s'est retrouvé à Manchester United, avant d'être prêté cette année à Dortmund en Allemagne.

Et Januzaj n'est qu'une pépite parmi d'autres, souligne le journaliste qui conclut en prévenant que chez nous une nouvelle génération en or se profile déjà à l'horizon.

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