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Allemagne-France: rendez-vous avec l'Histoire

Un vieux compte à régler et, surtout, un avenir à écrire: l'équipe de France va tenter de se qualifier pour sa première finale depuis le Mondial 2006 en défiant sa meilleure ennemie, l'Allemagne championne du monde, jeudi à Marseille en demi-finales de l'Euro.

34 ans après, la dramatique demi-finale du Mondial 82 à Séville hante encore le football français et le poids de l'Histoire se fera sentir au Vélodrome.

L'agression de Harald Schumacher sur Patrick Battiston, la sortie sur civière du défenseur français tenu par la main par Michel Platini, les buts de Marius Trésor et d'Alain Giresse en prolongation avant la déroute aux tirs au but (3-3 a.p., 5 t.a.b. à 4): autant d'épisodes d'un match légendaire entré dans l'imaginaire collectif.

Marseille n'effacera jamais Séville mais peut contribuer à tourner la page. Car la France n'est toujours pas parvenue à prendre sa revanche sur son rival dans une phase finale et reste sur une défaite amère en quarts de finale du Mondial-2014 (1-0).

Mais le contexte historique n'est qu'un décor pour la pièce qui va se jouer au Vélodrome.

Les matchs de légende, leur mythologie vintage et leur souffle romanesque, c'est ce qui rend le football si précieux pour ceux qui l'aiment. Ceux qui le pratiquent à haut niveau voient les choses de façon infiniment plus terre-à-terre: pour les Bleus, s'ouvrir les portes de la finale au Stade de France en dominant les Allemands signerait avant tout le premier véritable exploit de l'Euro, après cinq matchs contre des adversaires modestes (Roumanie, Albanie, Suisse au premier tour, Eire en huitièmes puis Islande en quarts).

Forfaits allemands


"Ce genre de match doit nous permettre d'écrire l'Histoire", espère le capitaine Hugo Lloris.

"On a une nouvelle page à écrire, insiste le sélectionneur Didier Deschamps. Elle est blanche aujourd'hui, les joueurs peuvent la remplir demain."

Les Bleus rêvent de rééditer à la maison leurs victoires de 1984 (Euro) et de 1998 (Mondial) mais ils manquent de certitudes.

Cette équipe a été remodelée à la hâte par Deschamps après une cascade d'absences pour cause de blessures et d'affaires extra-sportives (la mise en examen de Benzema, la suspension pour dopage de Sakho). Il manque ainsi cinq des titulaires du Mondial-2014 (Debuchy, Varane, Sakho, Valbuena, Benzema).

Ces Bleus ont-ils la capacité d'entrer dans les annales du sport français en terrassant les quadruples champions du monde?

L'Allemagne, lancée dans la quête d'un doublé Coupe du monde-Euro, a impressionné par ses performances méthodiques depuis le début de l'Euro.

Mais elle sera privée d'éléments majeurs (Hummels suspendu, Gomez et Khedira forfaits) après sa qualification contre l'Italie en quarts au bout d'ahurissants tirs au but (1-1, 6 t.a.b à 5).


Griezmann, encore?


"La peur ne fait pas partie des sentiments qu'on éprouve dans cette équipe", a balayé mardi l'attaquant allemand Thomas Müller, impatient d'en découdre: "Il n'y a pas beaucoup de plus belles affiches. C'est pour ce genre de match qu'on s'intéresse au football et qu'on regarde un Euro."

La clé côté français pourrait une nouvelle fois reposer sur Antoine Griezmann, meilleur buteur de l'Euro avec 4 réalisations, et sur son association avec Olivier Giroud, qui soulage tant la France depuis la deuxième période du 8e de finale face à l'Eire (2-1).

Aux côtés de Dimitri Payet (3 buts) et de la pépite Paul Pogba, enfin à son avantage en quarts de finale contre l'Islande (5-2), ils seront les armes maîtresses des Français.

Les deux équipes se sont affrontées en amical le 13 novembre, mais la victoire des Bleus (2-0) semble bien dérisoire puisque cette soirée avait été endeuillée par les attentats perpétrés à Paris et devant le Stade de France.

Pour revenir à l'Histoire du foot, les supporters français souligneront que c'est au Vélodrome que l'équipe de Michel Platini était venue à bout du Portugal en demi-finale de l'Euro-84 (3-2 a.p.), prélude au premier sacre international du football tricolore.

Les fans allemands, eux, préfèrent se souvenir que depuis 1972, la Mannschaft a affronté six fois le pays hôte en demi-finale d'une compétition internationale pour... six succès.

Jeudi, les Bleus compteront en tout cas sur une vague populaire qui rappelle furieusement 1998. Marseille est prêt à jouer son rôle de 12e homme. Reste à savoir si les acteurs français seront à la hauteur de l'évènement.

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