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2018: la Russie, du purgatoire à la lumière

Privée des JO de Pyeongchang pour dopage d'Etat avéré, la Russie compte sur l'organisation de sa Coupe du monde de football pour restaurer une image écornée. Sur son terrain, il lui sera pourtant difficile de rivaliser avec les meilleurs.

Le 9 février, les jeux Olympiques s'ouvriront en Corée du Sud sans drapeau ni officiel russe, à commencer par Vitaly Moutko, vice-premier ministre en charge des sports, banni à vie par le CIO pour son implication dans le scandale de dopage institutionnalisé.

Seuls les sportifs russes "propres" (et surtout pouvant prouver l'être !) seront autorisés à s'aligner, sous bannière neutre, sur la centaine d'épreuves au programme. Ce sera sans doute le cas de la patineuse Evgenia Medvedeva, promise au titre olympique, ambassadrice des athlètes de son pays lors de l'audition des officiels russes par le CIO, en décembre.

En 2014, lors de "ses" Jeux de Sotchi en vue desquels avait été institué le système de dopage mis au jour depuis 2015, la Russie avait dominé un tableau des médailles depuis copieusement amendé.

Quatre ans plus tard, ses éternels rivaux norvégiens, allemands, américains ou canadiens devraient se régaler de sa disgrâce en trustant les podiums de Pyeongchang.

Sur les basses collines de la province du Gangwon, tous les yeux seront tournés vers le duel fratricide entre les Américaines Lindsey Vonn et Mikaela Schiffrin qui défiera son aînée en descente, la quête d'un premier titre olympique du roi autrichien des piquets Marcel Hirscher et, peut-être, la course à une quatorzième médaille du biathlète norvégien Ole Einar Bjorndalen, ou à un onzième podium aux JO de sa compatriote fondeuse Marit Bjoergen.

- 'Fête sportive grandiose' -

Précipitée au purgatoire olympique, la Russie entend bien se rattraper quelques mois plus tard (14 juin-15 juillet) en organisant une Coupe du monde aussi fastueuse que dispendieuse préparée, comme un pied de nez à l'éthique, sous la houlette de Vitaly Moutko, grand ordonnateur de la compétition et président de la Fédération russe de football.

"Notre pays attend le Mondial avec impatience et a l'intention qu'il se déroule au plus haut niveau", a annoncé Vladimir Poutine promettant "une fête sportive grandiose", irriguée par un budget de près de 10 milliards d'euros principalement dévolu à la construction ou rénovation de douze stades, dans onze villes souvent éloignées de plusieurs milliers de kilomètres.

Au-delà des défis logistiques et sécuritaires, la Russie de Poutine, qui aura entre-temps probablement rempilé pour un quatrième mandat, devra, pour vraiment réussir son Mondial, également briller sur le terrain. Un objectif beaucoup plus aléatoire.

Si l'équipe de Stanislav Cherchesov se mesurera d'abord à l'Uruguay, l'Arabie Saoudite et l'Egypte dans un groupe A relativement clément, il lui faudrait ensuite affronter probablement le Portugal ou l'Espagne, favoris du groupe B, dans un huitième autrement plus complexe.

Comme de coutume, l'Allemagne, le Brésil, l'Espagne, la France, l'Argentine et le Portugal feront partie des favoris d'une compétition que l'Italie, titrée en 2006, manquera pour la première fois depuis 60 ans.

Meilleurs joueurs de la dernière décennie, Cristiano Ronaldo et Lionel Messi y auront une dernière chance de décrocher, à respectivement 33 et 31 ans, le titre de champion du monde qui fait défaut à leur palmarès riche chacun de cinq Ballons d'Or.

Derrière, la jeune génération incarnée par le Brésilien Gabriel Jesus (et dans une moindre mesure son capitaine Neymar), l'Argentin Paulo Dybala, l'Anglais Marcus Rashford ou les Français Killian Mbappé et Oussama Dembélé, disputera aux deux icônes les honneurs et, vraisemblablement, le titre mondial dans un sublime stade Loujniki de Moscou grâce auquel la Russie aura, un temps, retrouvé sa fierté.

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