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30 ans après le drame du Heysel, l'arbitre et un joueur racontent

Lors du drame du Heysel, le 29 mai 1985, 39 personnes perdent la vie dans un mouvement de foule. Malgré le drame, la rencontre aura bien lieu. Un attaquant de la Juvenus et l'arbitre témoignent.

Le mercredi 29 mai 1985, 39 personnes perdent tragiquement la vie dans l’effondrement d’une tribune et un mouvement de foule en plein cœur du Stade du Heysel. Malgré le drame et le chaos qui règne, la rencontre aura bien lieu. Paolo Rossi, attaquant de la Juventus; et Andre Daïna, l’arbitre du match; racontent les événements vécus de l’intérieur. Un reportage de Martin Vachiery, Marie Waroux et Charlotte Loutsch.


Un match de rêve

Ils faisaient rêver toute une génération de fans de football. Les joueurs de la Juventus, sont emmenés par le meilleur joueur du monde, le Français Michel Platini. "Vous savez, je crois que toutes les télévisions vont retransmettre ce match et tout le monde va attendre une très grande finale bien parce que quand on dit Juventus Liverpool en principe ça devait être très très beau", avait-il déclaré avant le match. Le grand attaquant de l'époque à la Juve, s'appelle Paolo Rossi. Ballon d'or, légende du football italien et champion du monde en titre... il aborde le match avec beaucoup d'enthousiasme. "Cette Juventus était une grande équipe, c’est certain. Ça faisait trois ans que nous gagnions de grands matchs dans toute l’Europe", explique aujourd’hui Palolo Rossi.


"Lors du trajet de l’hôtel jusqu’au stade, je n’ai rien observé d’anormal"

Des affrontements entre supporters et forces de l'ordre ont déjà éclaté. Mais à leur arrivée au stade les joueurs semblent ignorer le contexte du match. "Je me souviens que lorsque le bus nous a conduits au stade, je n’ai rien remarqué d’inquiétant. Bien sûr il y avait beaucoup d’enthousiasme, beaucoup de tifosis, mais lors du trajet de l’hôtel jusqu’au stade, je n’ai rien observé d’anormal", précise-t-il.


Malgré le drame, l'arbitre est pressé par les responsables de polices de maintenir la rencontre

À moins d'une heure du coup d'envoi, la tragédie se déroule. Les supporters de Liverpool chargent les Italiens, le mur s'effondre, 39 personnes perdent la vie. C'est alors que l'arbitre de la finale entre en jeu. Malgré le drame, il est pressé par les responsables de polices de maintenir la rencontre. "C’est une décision très difficile à prendre. J’aurais pu dire : ‘Moi écoutez, ma morale m’interdit de jouer étant donné les circonstances’, mais non, il faut aller au bout, il faut arbitrer ce match", indique l’arbitre André Daina.


"Sincèrement, nous les joueurs, nous ne connaissions pas la portée de cette tragédie"

Les joueurs avaient-ils conscience de l'ampleur du drame ? Cette question reste toujours floue, aujourd'hui encore. "Sincèrement, nous les joueurs, nous ne connaissions pas la portée de cette tragédie. Nous ne savions pas qu’il y avait 39 morts", explique Paolo Rossi. "Je ne peux pas m’imaginer qu’ils ne soient pas au courant. Il aurait été stupide de cacher aux futurs acteurs qu’il y avait eu des morts", indique par contre l’arbitre.


"On a joué parce qu’on devait le faire, parce qu’on nous a imposé de jouer"

Pour éviter des événements plus tragiques encore, le match va se jouer, avec une heure de retard. "On a joué parce qu’on devait le faire, parce qu’on nous a imposé de jouer, mais il n’y avait pas l’esprit de compétition et de rivalité qu’on doit normalement ressentir dans une finale de Coupe d’Europe", ajoute Paolo Rossi.


"On ne voulait pas rentrer sur le terrain, on ne voulait pas jouer"

L'arbitre accorde un penalty litigieux, Michel Platini offre la victoire à la Juventus et célèbre son but, un geste qui lui valut de nombreuses critiques. "On ne voulait pas rentrer sur le terrain, on ne voulait pas jouer. Les supporters italiens ne voulaient pas qu’on joue, puis après on n’a rien fêté, vous voyez on n’a rien fêté parce que ce n’est pas une grande journée aujourd’hui. Pour le football c’est une grande catastrophe", avait-il déclaré juste après le match.

Peu de joueurs de l'époque acceptent de se replonger dans cette soirée tragique. Une plongée dans l'enfer du hooliganisme, dont l'Europe du football ne s'est pas encore remise.

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