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Au Paraguay, des Ultras construisent un stade de 43.000 places pour leur équipe: "Nous avons découvert que ce ne sont pas des mauvais garçons" (photos)

Les supporteurs ultras du club paraguayen de Cerro Porteno sont aux anges: marginaux transformés en ouvriers, ils construisent leur propre stade de 43.000 places, qui sera bientôt le plus moderne du Paraguay, la patrie de José Luis Chilavert.

Ils sont 70, issus des deux clubs de supporteurs à avoir été embauchés pour travailler sur le chantier, en plein coeur d'Asuncion. Un critère: ils ne devaient pas avoir de casier judiciaire.

Certains lavaient les vitres des voitures aux feux tricolores, d'autres gagnaient quelques billets en échange d'une place de parking dans les rues d'Asuncion.




Un des ouvriers-supporteurs, Juan Vera, 24 ans, se dit là "pour servir Cerro". Il dispose les plaques de gazon importé des Etats-Unis. "Moi, je ne veux pas d'argent. Je veux simplement que mon nom figure (sur une plaque) comme un des supporteurs de Cerro qui a construit son stade", assure Rodrigo Millán, 32 ans, un des plus âgés du groupe d'ultras.

Pour remplacer le vieux stade Général Pablo Rojas, la "marmite monumentale" pour ses fidèles, le club a investi 15 millions de dollars. Le stade sera inauguré en septembre. Son nom n'a pas encore été dévoilé.

Cerro Porteño, créé en 1912, 31 titres de champion du Paraguay, est surnommé "le club du peuple" car une grande partie de ses supporters viennent des quartiers défavorisés d'Asuncion.

Sur le chantier, pendant que d'autres entretiennent la pelouse, les supporteurs entonnent leurs chants: "Et quand je meurs, je veux que mon cercueil soit peint en rouge et bleu, olé Hola! Cerro, tu es ma vie, ma passion, un sentiment".

"Ils mettent du coeur à l'ouvrage. Ils motivent les autres ouvriers, leur enthousiasme est contagieux", dit le responsable des travaux, Alfredo Angulo. Au total, 500 ouvriers travaillent dans divers secteurs du stade.

"La Fondation Cerro Porteño nous a demandés de leur donner une opportunité", explique l'architecte. "Ils n'étaient pas formés et nous avons mis en place un projet d'insertion". "Nous avons découvert que ce ne sont pas des mauvais garçons", ajoute-t-il. "Ce sont des fanatiques, ça c'est sûr".

Comme les supporteurs, l'architecte est attaché au club. Son grand-père, dans les années 1940, puis un oncle, dans les années 1970, ont présidé Cerro Porteño.



C'est un projet social "qui veut tordre le cou à l'image négative des supporteurs ultras", fait remarquer Fabian Bruzzone, le directeur général de Cerro.

Une fois le travail terminé, le club va embaucher certains supporteurs pour la sécurité, le nettoyage du stade et l'entretien de la pelouse. Dix d'entre eux ont déjà été recrutés par des entreprises de BTP.

"J'ai connu beaucoup de stades dans le monde, mais c'est le premier construit en partie par les supporteurs", s'enthousiasme l'avant-centre international Nelson Haedo Valdez, 33 ans, venu terminer sa carrière à Cerro Porteño, après avoir joué en Europe (Borussia Dortmund, Valence, Olympiakos).



Jusque-là, les groupes de supporteurs rivaux "Comando" et "La Plaza" s'illustraient dans des bagarres ou règlements de compte, parfois meurtriers.

"On se retrouve ensemble, des deux groupes. On s'est connus au travail. Maintenant, nous sommes amis", raconte Julio Agüero, vêtu du maillot bleu et rouge, qui ressemble à celui de Barcelone.

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