Accueil Actu

La FIFA suspend provisoirement 11 personnnes

La FIFA a suspendu mercredi provisoirement 11 personnes, dont Jeffrey Webb, un de ses vice-présidents, après la procédure engagée par la justice américaine dans une affaire de corruption présumée.

Un séisme a frappé la FIFA mercredi avec l'arrestation à Zurich, à la demande des autorités américaines, de sept responsables soupçonnés de corruption, à deux jours de l'élection pour la présidence où Joseph Blatter briguera un cinquième mandat. Selon les autorités suisses, les six responsables interpellés sont soupçonnés d'avoir accepté des dessous de table d'un montant de plusieurs millions des années 1990 à nos jours.

Et dans une procédure distincte, le parquet suisse a annoncé avoir saisi des documents électroniques au siège de la FIFA à Zurich. Ces saisies ont eu lieu dans le cadre d'une procédure pénale contre X pour soupçon "de blanchiment d'argent et gestion déloyale" entourant les attributions des Coupes du monde de football de 2018 et 2022. Cette procédure, ouverte depuis le 10 mars, n'avait pas été rendue publique jusqu'à aujourd'hui.

Corruption s'étalant sur les 24 dernières années

Le New York Times, qui a révélé les arrestations des six responsables, a indiqué que des policiers suisses se sont présentés au petit matin dans le luxueux hôtel cinq étoiles Baur Au Lac du centre de Zurich, où sont logés les principaux dirigeants de la FIFA. Deux hommes non menottés ont été emmenés. Selon le quotidien new-yorkais, les accusations visent des faits de corruption au cours des vingt dernières années. Elles portent notamment sur des attributions de Coupes du Monde, de droits de marketing et de télévision. Les accusations visent également des escroqueries par voie électronique, des faits de racket et de blanchiment d'argent. Les accusations concernent au total une dizaine de personnes, précise le journal, mais certaines d'entre elles ne se trouvent pas actuellement à Zurich.

Un vice-président de la FIFA fait partie des personnes visées



Le département américain de la Justice a confirmé avoir engagé des poursuites contre neuf officiels de la FIFA, dont deux vice-présidents en exercice ainsi que l'ancien et l'actuel président de la CONCACAF. Cinq dirigeants d'entreprise actifs dans le marketing sont aussi poursuivis. Sept d'entre eux ont été appréhendés en Suisse. Le dossier concerne "une conspiration de 24 ans visant à l'enrichissement personnel par la corruption du football international", précise le département dans un communiqué.

Qui sont les 11 personnes suspendues par la FIFA?

Les 11 personnes suspendues de toutes activités liées au football sont Jeffrey Webb, Eduardo Li (membres du comité exécutif de la FIFA), Julio Rocha (responsable du développement de la FIFA), Costas Takkas (collaborateur du président de la Concacaf Jeffrey Webb), Jack Warner (ex-vice-président de la FIFA, président de la fédération des Caraïbes), Eugenio Figueredo (vice-président de la FIFA), Rafael Esquivel (membre du comité exécutif de la Conmebol), José Maria Marin (membre du Comité d'organisation de la FIFA pour le football olympique), Nicolás Leoz (ancien membre du Comité exécutif de la FIFA, et ancien président de la Conmebol), Chuck Blazer (ancien homme fort du foot au Etats-Unis) et Daryll Warner (un des fils de Jack Warner).

Ces personnes ont été suspendues sur la base "d'enquêtes de la chambre d'investigation du comité d'éthique de la FIFA" et des faits "révélés" mercredi par la justice américaine, a expliqué la FIFA dans un communiqué.

"Pas le chapitre final de notre enquête"

Le ministère suisse indique par ailleurs qu'il a fait bloquer des comptes dans plusieurs banques suisses par lesquels les sommes incriminées ont transité. "Cette annonce devrait faire passer le message que 'trop c'est trop'", a commenté le procureur new-yorkais Kelly T. Currie. "Après des décennies de ce corruption présumée, le football international a besoin d'un nouveau départ, d'une nouvelle chance pour ses institutions gouvernantes d'offrir une surveillance honnête et un soutien à un sport aimé partout dans le monde et de plus en plus ici, aux Etats-Unis. Je vais être claire: ces inculpations ne sont pas le chapitre final de notre enquête."

Des faits qui ont eu lieu aux Etats-Unis

"La police cantonale a arrêté six fonctionnaires du football (...) à la demande des autorités américaines. Des représentants des médias sportifs et de sociétés de marketing sportif seraient impliqués dans des versements à de hauts fonctionnaires d'organisations footballistiques (des délégués de la FIFA et d'autres personnes appartenant à des organisations affiliées à la FIFA) en échange de droits médiatiques et des droits de marketing de compétitions organisées aux Etats-Unis et en Amérique du Sud", a indiqué le ministère suisse de la Justice dans un communiqué, précisant agir à la demande du parquet du district est de New York. La procédure avait été ouverte par la procureure Loretta Lynch, entre-temps devenue ministre de la Justice de Barack Obama. "Selon la demande d'arrestation américaine, l'entente relative à ces actes aurait été conclue aux Etats-Unis, où ont également eu lieu les préparatifs. Des paiements auraient transité par des banques américaines", ajoute le communiqué suisse.

Les suspects refusent leur extradition

Six des sept responsables du football mondial interpellés mercredi à Zurich dans une procédure engagée à New York ont notifié aux policiers qu'ils s'opposaient à leur extradition vers les Etats-Unis, indique un communiqué du ministère suisse de la Justice. Le ministère va demander aux Etats-Unis de faire "parvenir des demandes formelles d'extradition à la Suisse dans un délai de 40 jours", selon le traité en vigueur entre les deux pays. Une personne a indiqué dans son audition qu'elle était prête à se soumettre à l'extradition simplifiée, précise le ministère.

A quelques jours de la (non)réélection de Blatter

Ce coup de filet spectaculaire intervient à deux jours de l'élection à la présidence de la FIFA, où Joseph Blatter, à sa tête depuis 1998, briguera un cinquième mandat. M. Blatter, âgé de 79 ans, est au centre de nombreuses critiques pour sa gouvernance de la richissime instance, qui a enregistré un chiffre d'affaires de près de 2 milliards d'euros en 2014, année de la dernière Coupe du monde. De nombreuses accusations de corruptions, relayées par les médias, ont visé l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Le Prince Ali, candidat à la présidence vendredi face à Sepp Blatter, a lui évoqué dans un bref communiqué "un jour triste pour le football". "L'affaire connaît ses développements actuellement, des détails émergent, il ne serait pas approprié de faire d'autres commentaires pour l'heure", a-t-il ajouté.

L’UEFA se réunit

Dans un communiqué l'UEFA s'est dite "surprise et attristée par les événements qui ont eu lieu ce matin à Zurich". Son président, Michel Platini, a annoncé une réunion du comité exécutif de l'UEFA dès ce mercredi après-midi. "On a une réunion cet après-midi du comité exécutif et demain on a une réunion de toutes les associations nationales", a déclaré M. Platini à la presse à Varsovie, en se refusant à d'autres précisions.

La fédération anglaise estime que cela remet en question la position de leader de la FIFA

Le président de la fédération anglaise, Greg Dyke, s'est dit "très inquiet". "Les évènements de ce matin sont très sérieux pour la FIFA et son statut de leader", a-t-il exprimé. "En tant qu'association ayant soutenu le Prince Ali, ce ne sera pas une surprise pour vous d'apprendre que si l'élection présidentielle a bien lieu vendredi, la Fédération anglaise lui accordera son vote. Même si la question doit se poser de savoir si l'élection doit avoir lieu dans de telles circonstances", a ajouté Greg Dyke. "Mais il est clair aussi que les choses changent très vite et notre délégation au Congrès de la FIFA à Zürich que je préside, discutera de la position à adopter et en discutera aussi avec nos collègues de l'UEFA demain (jeudi)."

"Peut-être le premier domino qui va permettre de faire tomber les autres dominos"

Jean-Michel De Waele, doyen de la faculté des sciences sociales et politiques de l’ULB et spécialiste des dossiers qui liés au monde du football, était l’invité du RTLinfo 13h. Il a expliqué que ces arrestations sont "peut-être le premier domino qui va permettre de faire tomber les autres dominos."

Il a également indiqué que les États-Unis qui ont lancé la procédure sont une nation pour laquelle le football n’a pas autant d’importance. "C’est un élément-clé. En Europe, en Amérique latine, la FIFA a ses relations dans le monde politique, dans le monde économique. En Amérique du Nord, les juges sont sans doute moins sensibles à l’argument de ‘toucher au football risque de mécontenter beaucoup de monde’."

"La FIFA pense qu’elle est intouchable"

Sep Blatter est très controversé "parce que ça fait longtemps qu’il y a toute une série d’affaires qui lui collent à la peau et il fait un peu Tefal, finalement rien ne lui résiste, il parvient toujours à s’en sortir. La grande difficulté, c’est évidemment de trouver les preuves, que des gens parlent et qu’on ait le courage politique et juridique d’aller au fond des choses", a-t-il ajouté.

"La FIFA pense qu’elle est intouchable et d’ailleurs quand ils signent des contrats avec les états, ils imposent aux états leurs propres règles, il y a là un vrai problème de gouvernance mondiale d’une organisation sportive qui se croit au-dessus des états et au-dessus des lois. Le sport peut être régulé comme n’importe quel domaine, c’est un domaine économique, mais les autres domaines économiques sont bien plus régulés que le sport où c’est vraiment la loi de la jungle", a-t-il conclu.

À la une

Sélectionné pour vous