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Ces Belges supporters d'un club étranger: même quand il devait jouer en rouge et noir, Sandro portait son maillot de la Juventus

A l’occasion du retour de la Ligue des champions, nous avons fait la connaissance de plusieurs supporters belges de clubs étrangers présents sur la scène européenne. Depuis sa jeune enfance, Sandro vibre pour la Juventus de Turin. Que ce soit au stade ou devant sa télé, ce père de famille regarde l'évolution de son équipe favorite avec passion. Au niveau humain, cela a gravé en lui des moments forts et inoubliables.

Sandro est contrôleur aux TEC Liège-Verviers. Papa de deux enfants, cet habitant d'Herstal d'origine italienne organise son quotidien de façon à pouvoir jongler entre sa vie professionnelle, sa vie de famille, et sa passion. Car, depuis ses premières années, le coeur de Sandro bat pour la Juventus de Turin. "Je ne sais pas qui m’a mis ça dans les gènes. J’ai directement eu la passion pour cette équipe-là", explique ce papa de 38 ans.

Dans sa mémoire, Sandro garde en tête les rêves qui prenaient vie en lui au moment d'allumer la télévision pour voir son équipe en images. "N’habitant pas en Italie, on avait une fois par semaine le week-end sportif italien, tous les dimanches soirs. A 18h10 sur la Rai1, il y avait le début des résumés du week-end. Et ma passion s’est de plus en plus étalée vers la Vieille Dame, une des équipes avec l’AC Milan qui représentaient l’Italie à l’étranger".


"J'avais mon maillot de la Juve en-dessous"

Lui-même joueur de foot, ce fan invétéré n'a jamais porté les rayures noires et blanches de "La Juve". Enfin, pas officiellement en tout cas. "J'ai joué à Montégnée, en promotion, et au Milanello à Herstal. Là j’avais du mal à mettre la vareuse rouge et noir, les couleurs de l'AC Milan", avoue Sandro. "Mais j’avais mon maillot de la Juve en dessous", révèle- t-il.

Acteur sur les pelouses, il a aussi attentivement scruté les différents joueurs de son équipe favorite. Et il y en a un qui a rapidement attiré son attention. "Pavel Nedved, c'est mon joueur à moi. Il représente la Juve. La Juve c’est quoi ? C’est jouer pour gagner dès que tu montes sur le terrain, c’est une culture de vie. Tous les joueurs qui passent par là le disent, ils savent gagner et jouent avec les tripes. Nedved représente cette équipe, le gars qui se bat tout le match et qui même à la fin du match en veut encore. C’est mon joueur préféré et il est le vice-président actuellement. C’est mon modèle", confie Sandro avant de souligner d'autres noms. "Je n’oublie pas non plus Fabrizio Ravanelli et Gianluca Vialli, qui nous ont fait remporter la Coupe des Champions".

Très vite, Sandro a du mal à se contenter de l'émission sportive qu'il attend avec passion chaque dimanche. Et sans internet à l'époque, difficile de trouver d'autres images de son équipe en action. "Mes oncles étaient également de grands fans donc grâce à eux j’ai pu commencer à faire des déplacements là-bas. Premier voyage à 16 ans. Mon premier match était Juve-Parme. Buffon jouait toujours à Parme, il était sur le banc ce jour-là et plus tard il est passé de l’autre côté".


Après la télé, le stade

A sa majorité, le jeune garçon laisse vivre sa passion et veut aller plus loin. Avec d'autres supporters, il met alors sur pieds des "rassemblements" de fans. "J’ai de plus en plus essayé d’aller les voir. Je passais par des clubs. J’ai aussi eu des sollicitations de la part de mes amis pour avoir un petit local pour se réunir et avoir des contacts en Italie pour permettre aux supporters ici d’aller les voir. Puis, avec deux autres amis, j’ai décidé de créer un autre club et partager des voyages. On en organise pour aller supporter notre équipe", ajoute Sandro, des étoiles plein les yeux.

Et le club de Sandro prend de l'expansion. Cette année, il fêtera sa 10e année, avec près de 500 membres, une salle principale à l'étage de la taverne "Le Vieux Jemeppe" à Jemeppe-sur-Meuse, et une antenne à Charleroi "vu qu'on a une grosse communauté italienne de ce côté-là", précise Sandro. A chaque match qui se joue à Turin, 40 membres de son club assistent au spectacle en tribune nord, à quelques mètres de la pelouse. Et au-delà du championnat italien, il y a les compétitions européennes. "J’essaye le plus souvent d’aller voir la Juventus en Champion’s League. Et l’année passée j’ai aussi été les voir pour le titre. Cela fait quatre ans que je vais au dernier match pour le titre".



"C’est peut-être moi qui porte malheur"

La saison passée, le déplacement à Cardiff pour la finale de la Ligue des champions a évidemment aussi été un moment phare de l'année. 15 membres de son club y ont participé. "On est parti de Liège avec deux voitures. On a fait quelques stops de ravitaillement car on allait là pour faire la fête. Ensuite, on a fait la traversée et on est arrivé 3h avant le début du match".

Malheureusement, le match ne s'est pas déroulé comme souhaité. "Le rêve s’est vite évanoui. Je n’ai même pas vu le quatrième goal du Real. C’est la deuxième fois que je les voyais en finale et je suis de nouveau reparti bredouille", regrette-t-il. "Cette année, je n’irai pas à Kiev même si la Juventus va en finale, c’est certain. C’est peut-être moi qui porte malheur".


Des souvenirs sportifs... et humains

Heureusement, dans cette aventure humaine, Sandro ne retient pas que les résultats sportifs. Parfois, c'est le vécu, les rencontres et le bonheur des gens qui restent gravés dans sa mémoire. "Le club a permis à une personne de 83 ans d’aller au stade pour la première fois alors qu’elle supporte le club depuis son enfance. C'était Antonio, un Liégeois. Il avait les larmes aux yeux car il n’avait jamais eu la chance d’aller les voir en vrai".

"Notre club est constitué de beaucoup d’amis et de connaissances. On va pour le sport, le foot, mais aussi pour faire la fête. Mais on a des familles et on sait ce qui est vraiment important. On passe donc des bons moments, même dans la défaite, ce sont de belles expériences avec des déplacements différents, des nouveaux stades… C’est ce que je veux inculquer dans le club. L’important est ailleurs que le résultat. Tout le monde doit s’amuser, je ne veux pas d’ultras", insiste d'ailleurs ce père de famille.


"On veut lever la coupe aux grandes oreilles au ciel"

Pour la saison à venir, Sandro s'attend à un championnat italien assez serré. "Je crois que ça va être un plus beau championnat que les autres années qu’on a survolées. Il y avait deux championnats, la Juve devant et les autres derrières qui se disputaient la deuxième place. Cette année, les autres équipes se sont renforcées avec des jeunes prometteurs et une autre mentalité comme l’a fait l’AC Milan. Le Napoli nous talonne un petit peu depuis quelques années avec notre Dries Mertens. Cette année, le championnat ne sera pas terminé au mois de février".


Quant aux compétitions internationales, l'espoir est grand de faire mieux qu'en 2017, mais ce sera une autre paire de manches. "Les autres équipes se sont renforcées comme le PSG qui a recruté deux perles avec Mbappé et Neymar. Le Real est au-dessus de tout le monde, le Bayern est toujours là et est toujours une machine. Pour nous, l’espoir est d’aller le plus loin possible. On espère pouvoir soulever la Coupe aux grandes oreilles. On passe souvent à côté. On l’effleure. Mais on voudrait la lever au ciel cette année".

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