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Euro-2016: la sombre routine des violences de supporters

L'Euro-2016 est-il en train de devenir le Championnat d'Europe du dérapage de supporters ? Une triste routine s'installe jour après jour et samedi, les Hongrois ont provoqué des échauffourées en tribune, au lendemain d'incidents qui vaudront à la Croatie et la Turquie d'être jugées par l'UEFA lundi.

Ce n'est donc pas encore maintenant que l'Euro va parler uniquement de football, alors qu'un des meilleurs joueurs de la planète, Cristiano Ronaldo, triple Ballon d'Or, va fouler la pelouse du Parc des Princes avec le Portugal, contre l'Autriche (21h00).

Des brèves échauffourées ont éclaté dans la tribune hongroise du stade Vélodrome à Marseille avant le coup d'envoi d'Islande-Hongrie à 18h00. Deux groupes de fans hongrois, séparés par une rambarde, ont voulu se rejoindre, ce que les stadiers ont refusé.

Résultat ? Un échange de coups et l'intervention des CRS pour ramener le calme. Puis, pour parachever le tout, le bref allumage d'un fumigène en tribune, alors qu'ils sont interdits dans les stades.

L'UEFA ouvrira sans doute une procédure contre la Hongrie. Ses instances disciplinaires frôlent le surmenage : elles se sont saisies dans la matinée des incidents provoqués vendredi par les supporters croates et turcs dans les stades de Saint-Etienne et Nice.

Là encore, des fumigènes ont été utilisés, ce qui relance le débat sur la sécurité de l'Euro et les fouilles à l'entrée des enceintes.

L'instance européenne du football rendra son verdict lundi. La Russie, dans un cas similaire, a déjà écopé d'une suspension avec sursis du tournoi, après les troubles provoqués par ses fans au coup de sifflet final du match contre l'Angleterre au stade Vélodrome samedi dernier (1-1).

- Récidivistes -

La Croatie risque gros. En quatre minutes, son match contre la République tchèque a basculé : fumigènes lancés sur la pelouse, interruption de la rencontre, pétard qui explose aux pieds d'un stadier visiblement choqué et bagarres entre fans croates dans les travées.

Avant l'interruption du match, la Croatie menait 2 à 1 et était alors qualifiée pour les huitièmes de finale. A la reprise, les Tchèques ont égalisé (2-2), privant les Croates, déstabilisés, d'un billet immédiat pour le tour suivant, qui reste toutefois accessible.

Avant le match, un Croate avait été interpellé et placé en garde à vu e: un fumigène avait été découvert sur lui lors de la fouille à l'entrée du stade.

La Fédération croate (HNS) assure samedi qu'elle avait prévenu l'UEFA et la police française du projet de certains fans d'interrompre le match en raison de querelles avec les instances dirigeantes du football du pays. Miroslav Markovic, son responsable de la sécurité, avait même mis en garde contre une action à la 85e minute : le match a été arrêté à la 86e.

"Nous avions de très bonnes informations", a-t-il affirmé samedi en conférence de presse.

"Ces hooligans ne détruiront pas notre rêve", a martelé le sélectionneur Ante Cacic à propos de ceux que la présidente croate Kolinda Grabar-Kitarovic a qualifiés vendredi d'"ennemis du pays".

Souvent ultranationalistes, les fans croates sont des récidivistes. Lors des qualifications de l'Euro, la Croatie avait déjà été sanctionnée d'un retrait d'un point et de deux matches à huis clos pour une croix gammée tracée sur un terrain à Split.

- Coup de filet en Belgique -

Dans des incidents de moindre importance, les fans de la Turquie, eux, ont allumé des fumigènes dans les tribunes et lancé des pétards sur la pelouse après la défaite contre l'Espagne (3-0) vendredi.

Au moins seize personnes ont été placées en garde à vue vendredi soir à Nice, dont quatre Français supporters de l'équipe turque en possession de fumigènes à l'entrée et à l'intérieur du stade, ont indiqué la préfecture et la police des Alpes-Maritimes.

Vingt autres hooligans ont quitté la France samedi après-midi, expulsés depuis Nice. Ceux-là sont russes et impliqués dans les graves affrontements de samedi dernier à Marseille, qui avaient fait 35 blessés, majoritairement anglais, dont deux toujours très gravement atteints.

Parmi eux, le sulfureux président de l'association des supporters russes, l'ultranationaliste Alexandre Chpryguine qui a tweeté avant le décollage : "Mère Russie, accueille tes fils !". Trois de ses compagnons avaient été condamnés jeudi à de la prison ferme.

Ces derniers jours, les violences des hooligans ont relégué au second plan ce qui était la crainte numéro un avant le début de l'Euro: la menace d'un attentat, encore plus vive depuis ceux qui ont frappé la France en janvier et novembre 2015.

Loin des stades du tournoi, en Belgique, des dizaines de perquisitions nécessitant une "intervention immédiate" ont été menées dans la nuit de vendredi à samedi, dans le cadre d'un dossier de terrorisme. Car des centaines de retransmissions publiques de Belgique-Eire étaient prévues dans le royaume samedi à partir de 15 heures, coup d'envoi de ce match de l'Euro à Bordeaux.

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