Accueil Actu

Italie: toujours plus d'"osmose" entre foot et criminalité

La commission parlementaire antimafia a dénoncé jeudi à Rome une "osmose" toujours plus profonde entre la criminalité, commune comme mafieuse, et le monde du football, qui n'est pas toujours uniquement victime.

"Le football, comme tous les corps, n'est pas assez sain pour être immunisé contre les mafias", a expliqué à la presse Rosy Bindi, la présidente de cette commission.

"L'enquête parlementaire a révélé diverses formes, toujours plus profondes, d'osmose entre la criminalité organisée, la criminalité commune et les franges violentes des groupes de supporters, dans lesquelles les germes de l'extrémisme politique ont aussi fait leur nid", a dénoncé la commission dans un rapport adopté à l'unanimité.

Cette politisation à l'extrême droite ou à l'extrême gauche des groupes de supporters n'est pas nouvelle, mais la commission s'est inquiétée de "la présence de tifosi ultras dans tous les cas récents de manifestations d'extrémisme politique de droite".

En outre, jusqu'à près de 30% des supporters ultras ont des condamnations parfois lourdes inscrites à leur casier judiciaire, selon les estimations de la police, ce qui "crée un terreau idéal pour l'infiltration de la criminalité organisée ou de type mafieux", selon le rapport.

Beaucoup de clubs sont touchés, y compris la Juventus, sextuple championne d'Italie: à Turin, la 'Ndrangheta (mafia calabraise) s'est infiltrée dans les achats groupés de billets, "parvenant à contrôler les groupes ultras" de la Juventus, note la commission.

"Il n'y a pas eu de complicité consciente, mais le club n'a pas été victime", a noté froidement Mme Bindi devant la presse, dénonçant "une sous-évaluation du risque".

Dans ce contexte, la commission a proposé de rendre automatique l'obligation pour les personnes interdites de stade de pointer dans un commissariat les jours de match, et relancé l'idée d'installer des cellules de rétention temporaire dans les stades.

Les parlementaires se sont aussi penchés sur les amitiés particulières entre joueurs et mafieux.

Pour les mafieux, outre la possibilité d'essayer d'influencer les matches sur lesquels ils parient, "la fréquentation d'un joueur important de l'équipe locale (...) devient un véhicule d'affirmation dans le monde de la pègre".

Et certains joueurs considèrent que cette amitié "peut leur être utile pour s'affirmer (...) ou résoudre leurs problèmes personnels de manière peu orthodoxe", nota la commission, en citant le cas récent de Fabrizio Miccoli.

Cet ancien attaquant international a été condamné en octobre à trois ans et six mois de prison pour extorsion dans un cadre mafieux au cours des six saisons qu'il a passées à Palerme.

À la une

Sélectionné pour vous