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Koweït: le bras de fer se durcit pour le contrôle des instances sportives

Le bras de fer entre les autorités koweïtiennes et le clan des influents frères Fahd qui cherchent à garder le contrôle des instances sportives s'est nettement durci dans un pays suspendu par les instances internationales pour "ingérences gouvernementales".

L'émirat du Golfe a vécu une nuit mouvementée durant laquelle des dirigeants limogés d'instances sportives ont tenté de résister à l'évacuation des sièges du Comité national olympique et de la Fédération de football.

Il a fallu des heures de négociations et une présence policière pour que les dirigeants nouvellement nommés puissent prendre possession du siège de la Fédération koweïtienne de football et du Comité national olympique.

Les dirigeants limogés continuent de contester leur mise à l'écart. Leur chef, cheikh Talal al-Fahd Al-Sabah, a publié un communiqué dans lequel il s'est qualifié de "président élu et reconnu du Comité olympique et de la Fédération de football".

Dans ce bras de fer, cheikh Talal peut compter sur la confédération asiatique de football, qui continue de le reconnaître, et sur son frère, l'influent cheikh Ahmad, figure incontournable du sport au Koweït et influent au sein des instances internationales.

Mais aussi et surtout du Comité international olympique (CIO), qui a "fermement condamné" lundi dans une lettre, dont l'AFP a obtenu copie, le passage en force des autorités du Koweït.

"Ces actions, de manière regrettable, participent à l'aggravation de la situation plutôt qu'à la recherche de solutions", estime le CIO, qui ne reconnaîtra pas "le soi-disant +comité intérimaire+ désigné par le gouvernement en lieu et place de responsables dûment élus".

Cheikh Talal a demandé de le déférer lui et les dirigeants des deux instances devant la justice pour répondre de "prétendus abus financiers", en se disant sûr de n'avoir commis aucune irrégularité financière.

"Il (le gouvernement) doit réaliser que ce qui nous a été enlevé aujourd'hui par la force nous sera restitué demain par la force de la loi", a-t-il insisté, laissant entendre qu'il a l'intention de porter l'affaire devant la justice.

- Primes à profusion -

Jeudi dernier, les autorités koweïtiennes avaient annoncé avoir limogé les dirigeants du Comité national olympique et de la Fédération de football, dix mois après une suspension par le Comité international olympique (CIO) et la Fifa en raison d'"ingérence gouvernementale" dans les instances sportives locales.

La Commission générale pour le sport de l'émirat, l'équivalent du ministère des Sports, avait déclaré avoir nommé de nouveaux responsables à la tête des deux institutions sportives.

Cheikh Fahd Jaber Al-Ali a été chargé de diriger le Comité national olympique, en remplacement de Cheikh Talal Fahad Al-Sabah, tandis que Fawaz al-Hassawi a été choisi pour la Fédération de football.

M. Hassawi, propriétaire depuis 1999 du club anglais de deuxième division Nottingham Forest Football Club, a tenu dans la nuit une conférence de presse après avoir pris possession du siège de la Fédération de football.

Il a annoncé d'importantes primes pour les clubs et un retour à un championnat à deux divisions à partir de la saison 2017-18. Il a en outre indiqué que la fédération allait céder aux clubs la totalité des droits de retransmissions télévisées.

- Entente oubliée -

Outre le CIO et la Fifa, seize autres fédérations internationales avaient également suspendu le Koweït, ce qui a entraîné l'exclusion de ses athlètes des Jeux olympiques de Rio.

Pourtant, le pays a fêté, dans un moment de brève entente, les succès de deux athlètes koweïtiens aux Jeux Olympiques de Rio.

Sous bannière olympique, les tireurs koweïtiens ont brillé avec le sacre de Fehaid al-Deehani, 49 ans, qui a décroché l'or au double trap et la médaille de bronze d'Abdullah al-Rashidi, 53 ans, en skeet.

Les deux institutions sportives mondiales, qui ont décidé d'exclure l'émirat à trois reprises depuis 2007, avaient exigé que le Koweït réforme sa législation pour éviter des ingérences comme préalable à la levée de sa suspension.

Le Parlement avait adopté en juin une loi donnant le droit au gouvernement de dissoudre tout club sportif ou fédération, ainsi que le Comité national olympique.

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