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Ligue 1: la formation, un atout made in France devenu vital

Une carte maîtresse dans le jeu des clubs français: depuis plusieurs années, face à l'explosion des prix des transferts, les revenus tirés de la revente de joueurs formés en France, un savoir-faire reconnu dans le monde entier, sont devenus une manne vitale.

La Direction nationale du contrôle de gestion (DNCG), le gendarme financier du foot français, l'expliquait au mois de mars. Si les comptes des clubs français sont globalement revenus à l'équilibre en 2015-2016 - une première depuis 8 ans -, c'est grâce à la cession de joueurs, qui représente des plus-values record de 429 millions d'euros. Avec un tel modèle économique, former des jeunes footballeurs - pour les revendre au meilleur prix - est devenu une nécessité pour de nombreuses écuries.

La valorisation de la formation est d'ailleurs une des cinq priorités de la Ligue (LFP) pour 2017-2022.

A Lyon, c'est même une spécialité depuis les années 1960. Elle s'est accentuée dans les années 2000-2010 pour produire des joueurs majeurs (Benzema, Giuly, Ben Arfa, Govou, Maurice, Fekir), et a largement pesé sur les compositions d'équipe, notamment pendant les vaches maigres liées à la construction du Parc OL.

Cette saison, l'OL a recruté de manière intense à l'extérieur en profitant de la manne de joueurs formés au club et vendus au prix fort (99,5 M EUR pour Lacazette, Tolisso et Gonalons). Il compte faire de même à terme avec ses nouvelles pépites, les Gouiri, Aouar, Geubbels ou Maolida.

"On a toujours les moyens de travailler. L'idée est d'être toujours dans le mouvement par rapport à l'avenir à dix ou quinze ans. Il faut adapter les méthodes d'apprentissage pour rester performant au top niveau et amener les joueurs à jouer en Ligue des champions, ce qui est l'objectif", explique Jean-François Vulliez, directeur du centre de formation de l'OL, nommé au printemps.

D'après le directeur technique national (DTN), Hubert Fournier, la FFF "doit se pencher sur ce modèle, parce qu'il est pérenne et n'est pas assujetti à des capitaux étrangers ou à un Etat souverain, comme le Qatar, qui du jour au lendemain peuvent s'en aller", a-t-il confié à l'AFP.

- 'Maintenir un niveau d'exigence' -

Dans le classement des centres de formation 2016-2017, que l'OL domine depuis une dizaine d'années, le podium est complété par Monaco, place forte de la formation, et le PSG. Le club de la capitale, qui bénéficie d'un énorme bassin de population, rêve de dénicher "le Messi de demain", et parvient à intercaler ses jeunes pousses parmi les stars, à l'image d'Areola, Kimpembe et Rabiot.

Quatre formateurs historiques, évoluant en L2, figurent en bonne place de ce classement: Auxerre (8e), Le Havre (9e), Sochaux (10e) et Lens (12e).

"Leur modèle est assis sur une culture de la formation. Ils ne peuvent pas trop s'en éloigner car ils n'ont pas la chance d'avoir un bassin économique sur lequel s'appuyer. Ces clubs ont pu maintenir un niveau d'exigence grâce à leurs efforts consentis les années précédentes: ils ont eu un atterrissage un peu moins douloureux en Ligue 2", estime Fournier.

L'arrivée à Auxerre d'un investisseur chinois répond à un échange de bons procédés, selon le président bourguignon Francis Graille: "S'il a choisi l'AJA, c'est pour la qualité de son centre de formation et son passé sportif. Ce qui l'intéresse, c'est de dupliquer ce qui s'est fait à Auxerre, pour en faire la même chose en Chine".

"La formation reprend un nouvel envol, grâce au projet global du club, souligne Bernard David, directeur du centre de formation auxerrois depuis juin. Notre but, c'est de former des joueurs qui seront aptes à intégrer l'équipe première, pour y jouer en pros. Ce n'est pas pareil que de gagner des championnats de jeunes", poursuit-il.

- 'Echappé aux radars' -

Sochaux aussi continue de s'appuyer sur son centre de formation. Si aucun joueur majeur n'est sorti depuis quelques saisons, le club vend encore des joueurs, comme récemment Jérôme Roussillon (Montpellier), Jérôme Onguéné (Stuttgart) ou Marcus Thuram (Guingamp). Et les Lionceaux brillent toujours en Coupe Gambardella, réservée aux moins de 19 ans (victoire 2007, 2015, finale en 2010). L'an dernier, 12 des 27 joueurs utilisés en équipe première étaient issus du centre de formation.

"Concernant le recrutement, c'est évidemment un peu plus simple lorsqu'on évolue en Ligue 1. On essaie de dénicher certains jeunes de 17-18 ans ayant échappé aux radars des centres. On joue certes en Ligue 2, mais on travaille pour former des joueurs aptes à évoluer en Ligue 1", souligne Éric Hely, patron du centre de formation sochalien.

Parmi les bons élèves se trouve Toulouse, stabilisé en haut de classement (3e en 2015-2016 et 5e en 2016-2017), et qui s'appuie sur sa formation depuis la prise de pouvoir d'Olivier Sadran en 2001, quand le club fut rétrogradé administrativement en National. Il était remonté grâce à la fameuse génération des "Pitchouns" locaux (Dao, Aubey, Ebondo, Emana…).

Depuis, le centre de formation a sorti deux internationaux (Capoue et Sissoko) et récemment les prometteurs Issa Diop et Alban Lafont.

"La stratégie du TFC est basée autour de la formation qui est un pilier central du développement du club", assure le directeur du centre de formation, Rémi Loret. D'autant plus que l'ex-entraîneur Denis Zanko, un proche du coach Pascal Dupraz, a été nommé cet été à la direction technique du centre.

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