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Malgré le scandale qui ébranle la FIFA, Sepp Blatter peut-il rester en place?

Joseph Blatter, 79 ans, le président de la Fifa qui brigue un 5e mandat, aime se présenter comme un "capitaine qui ne quitte pas le navire en mer agitée", mais peut-il rester à la barre avec le tsunami de mercredi?

Le natif du canton du Valais, dans les Alpes, "un peu prématuré, à l'âge de sept mois", selon ses confidences, a survécu jusqu'ici à toutes les tempêtes.

Mais cette fois, la Fifa connaît sa plus grave crise. D'un côté avec des interpellations de responsables de l'instance au petit matin dans un hôtel 5 étoiles de Zurich, dans le cadre d'une procédure pour corruption (de 1990 à nos jours) initiée par la justice américaine.

De l'autre, une procédure du parquet suisse contre X pour soupçon "de blanchiment d'argent et gestion déloyale" entourant les attributions des Coupes du monde de 2018 (à la Russie) et 2022 (au Qatar) avec saisie de documents au siège de la Fifa.

Mais Blatter, entré il y a 40 ans à la Fifa, président depuis 1998, reste candidat à sa succession et l'élection, vendredi, n'est pas remise en cause.

"Le président Blatter est affecté, il est à la tête de la Fifa, mais comment pouvez vous dire qu'il doit se retirer? Si les 209 fédérations l'élisent vendredi, il le sera pour les quatre prochaines années", a insisté le directeur de la communication de la Fifa, Walter de Gregorio.

Blatter promettra-t-il le grand ménage?

Lors de la dernière présidentielle en 2011, la Fifa avait déjà connu une belle poussée de fièvre. Mohamed Bin Hammam, alors président de la confédération asiatique, avait retiré sa candidature, avant d'être radié à vie du foot pour avoir acheté des voix dans sa campagne.

Seul candidat, Blatter demanda toutefois un vote et récolta 186 voix sur 203 suffrages exprimés (209 votants). A 75 ans il promit alors de se faire le réformateur pour un dernier mandat.

Cette fois, il lui faudrait aller plus loin. Un argumentaire possible a été dévoilé par De Gregorio. La Fifa a impulsé une partie des actions en cours. L'instance a en effet porté plainte le 18 novembre dernier auprès du ministère public suisse en raison de "soupçons" semblant "peser sur des transferts internationaux de patrimoine avec comme point de contact la Suisse", dans le cadre de l'attribution des Coupes du monde 2018 et 2022. "La Fifa a initié cette procédure le 18 novembre 2014, la Fifa accueille cette procédure et coopère, et comme l'a dit la justice, la Fifa est la partie lésée", a détaillé De Gregorio, thème qui pourrait être développé par Blatter.

"Le président Blatter et la Fifa peuvent faire le ménage jusqu'à un certain point, mais après nous avons besoin de l'aide de la justice", a conclu De Gregorio. C'est ce que pourrait redire Blatter dans ses discours au Congrès jeudi soir (cérémonie d'ouverture) et vendredi (vote).

Ali peut-il gagner?

Le seul adversaire qui reste en lice contre Blatter est le Prince Ali, un de ses vice-présidents, âgé de 39 ans. Le Jordanien allait à une défaite quasi-certaine mais pourrait profiter des derniers évènements, puisqu'il a basé toute sa campagne sur l'intégrité à restaurer à la Fifa. Blatter, lui, avait capitalisé sur son bilan.

"La Fifa a besoin d'un leadership qui gouverne, qui guide et protège nos fédérations", a commenté mercredi le Prince Ali dans un texte bref. "Un leadership qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui".

Celui qui a le rang de général dans l'armée jordanienne est également soutenu par deux légendes du foot, le fantasque Diego Maradona, anti-Blatter enragé, et surtout par Michel Platini, président de l'UEFA.

Mais l'électorat de la Fifa est majoritairement conservateur, et un de ses réflexes face au chaos, comme lors des élections en 2002 et 2011, pourrait être de réélire Blatter. L'Afrique a d'ailleurs maintenu mercredi son soutien au président en exercice. Or cette Confédération, avec 54 voix sur 209, est le plus large contingent électoral devant l'UEFA, 54 membres mais 53 votants puisque Gibraltar n'est pas reconnu par la Fifa.

Il reste quelques heures au Prince Ali pour convaincre qu'il incarne vraiment "le changement", comme il l'avait dit mardi devant les membres de la Concacaf (Confédération d'Amérique du nord, centrale et caraïbes), frappée de plein fouet par les actions judiciaires le lendemain. Les cartes sont rebattues.

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