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Mercato: avec le transfert de Kylian Mbappé au PSG, le marché des pépites s'emballe encore

Il n'a que 18 ans et vaut pourtant 180 M EUR au mercato, son option d'achat selon la presse... Le passage du prodige français Kylian Mbappé de Monaco au PSG, après celui d'Ousmane Dembélé (20 ans) au Barça, est le symbole d'un marché des jeunes joueurs ultra concurrentiel où les rares pépites s'arrachent à des prix explosifs.

Pour les grands clubs européens, il faut recruter les vedettes en puissance "le plus tôt possible, quand elles sont jeunes, car elles coûteront peut-être le triple dans les prochaines années en cas de performances en Ligue des champions et en sélection nationale ", insiste Christophe Lepetit, économiste du Centre de droit et d'économie du sport (CDES).

"La concurrence est de plus en plus forte entre les très grands clubs européens qui veulent le nouveau Messi ou Cristiano Ronaldo", poursuit ce spécialiste. Et elle a lieu dans un marché qui s'emballe, porté par "l'augmentation des revenus des clubs depuis 15-20 ans, avec les droits télé mais aussi le sponsoring, ce qui entraîne une inflation des indemnités de transfert et des salaires".

Retour sur investissement?

Les montants pour des talents précoces comme Mbappé ou Dembélé sont sans commune mesure avec ce qui se faisait il y a à peine quinze ans pour les promesses du foot.

En 2003, Manchester United avait senti le bon filon en s'offrant, pour 17,6 M EUR, un milieu offensif de 18 ans: un certain Cristiano Ronaldo, encore boutonneux, cédé six ans plus tard au Real pour 94 M EUR.

Avant de décrocher le Ballon d'Or à quatre reprises, CR7 avait été rejoint en 2004 par l'autre pépite de l'époque: Wayne Rooney. Alors âgé de 18 ans et déjà buteur en sélection, l'Anglais avait coûté 37 M EUR. S'il n'a pas été revendu au prix fort à un autre géant d'Europe, l'attaquant a marqué l'histoire du club mancunien en devenant son meilleur buteur (253 réalisations en 13 saisons).

Parier gros sur un joueur tout juste majeur comporte toutefois "des risques ", comme l'absence de retour sur investissement, prévient Christophe Lepetit.

En 2007, l'AC Milan avait lâché 22 M EUR pour Alexandre Pato (en provenance du Sport club internacional de Porto Allegre), promesse du football mondial de 19 ans. Souvent blessé, l'actuel buteur du club chinois de Tianjin Quanjian était retourné, cinq ans plus tard, dans le championnat brésilien pour 7 M EUR de moins.

En 2015, Manchester United a payé 50 millions d'euros (plus 30 de bonus) l'attaquant de Monaco Anthony Martial, dans la foulée de sa première saison pleine en Ligue 1. Mais en 2016-2017, il a passé plus de temps sur le banc que sur la pelouse d'Old Trafford, perdant au passage sa place en sélection. Le joueur de 21 ans réalise toutefois de jolis débuts cette saison et les Red Devils ont encore de bonnes chances de retour sur investissement.

Mbappé, "hors-catégorie"

L'inflation des pépites s'explique aussi par la conjoncture globale de l'économie du football. Des nouveaux entrants ont bousculé le marché: le PSG et Manchester City, grâce à la manne financière de leurs propriétaires qataris et emiratis. Pendant ce temps, les droits TV n'ont cessé d'augmenter, surtout en Premier League anglaise.

Dans ce contexte, les clubs français, réputés pour la qualité de leur formation, se frottent les mains. En particulier Monaco. Spécialiste des plus-values sur des jeunes joueurs (Benjamin Mendy, Bernardo Silva, James Rodriguez...), l'ASM s'appuie également sur son centre de formation: de Thierry Henry, parti en 1999 à la Juventus pour 75 M de francs (un record pour un Français à l'époque), à Kylian Mbappé.

Suivi depuis son adolescence par les plus grands d'Europe, Mbappé est "hors-catégorie" car il "coche l'ensemble des critères" du jeune qui fait monter les enchères, estime Christophe Lepetit.

"C'est un attaquant qui marque beaucoup, très performant en Ligue des champions, et un international qui joue dans l'une des meilleures sélections au monde", énumère-t-il.

Sans oublier "toutes ses interventions au micro sans faire de vagues", ajoute Vincent Chaudel, expert de l'économie du sport pour le cabinet Wavestone. A 180 M EUR, le PSG mise sur son potentiel sportif, marketing et de revente : "Si vous l'achetez à 18 ans, à 25 ans, ce sera un transfert type Neymar", conclut-il.

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