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Saint-Etienne: Garcia est parti, la crise s'installe

L'AS Saint-Étienne n'a pu qu'officialiser la rupture: le coach Oscar Garcia a bien claqué la porte cinq mois après son arrivée. Les Verts sont en crise, entre derby humiliant contre Lyon 5-0, recrutement décevant, jeu critiqué et direction aléatoire.

Dire que le technicien espagnol avait été engagé pour donner un nouvel élan après le départ de Christophe Galtier... Alors que la démission de Garcia avait fuité dès mardi soir, l'ASSE ne l'a confirmé que vers 17h00 mercredi, précisant qu'il partait sans compensation financière.

Julien Sablé, directeur du centre de formation et ancien capitaine des Verts, a désormais la charge de l'etraînement et a dirigé sa première séance mercredi avant le déplacement de vendredi à Lille, un match charnière pour la suite.

A la barre des Verts de décembre 2009 à juin dernier, Galtier avait ramené le club des portes de la relégation à la Coupe d'Europe, avec quatre participations consécutives en Europa League et une 4e place en Ligue 1 en 2014. Et un trophée: la Coupe de la Ligue remportée en 2013.

Au bout de son parcours, il avait demandé au printemps à ne pas honorer sa dernière année de contrat, Saint-Etienne terminant le championnat à la 8e place. Pour le remplacer, la direction avait jeté son dévolu sur Garcia, 44 ans, ancien joueur du Barça et entraîneur de Salzbourg, auréolé de deux titres de champion. Une erreur de casting manifeste.

Son parcours d'entraîneur, à y regarder de près, ne témoignait pas d'une grande stabilité. Après les juniors du FC Barcelone, Garcia avait entraîné le Maccabi Tel Aviv (2012-13), le club anglais de Brighton (alors en 2e division, 2013-14), avant de revenir au Maccabi pour seulement deux matches en 2014 puis de passer quatre rencontres sur le banc de Watford (2e div. anglaise, 2014).

- 'Nous n'avons pas de buteur' -

Il est ensuite resté un an et demi au Red Bull Salzbourg (décembre 2015-17), remportant aussi la coupe d'Autriche. Un bilan plutôt limité pour le "grand entraîneur" décrit par le président Roland Romeyer lors de sa présentation aux médias. Les supporters, déçus du jeu frileux de l'équipe de Galtier, s'étaient alors pris à rêver d'un style offensif à la Barcelonaise.

Or, l'ASSE, actuel 6e de la Ligue 1 mais avec des résultats en trompe-l'œil, n'a engagé que des recrues de niveau modeste, à l'exception de Rémy Cabella, actuellement blessé.

Et Garcia n'a pas su s'adapter au contexte local, déçu par le fonctionnement du club, l'ingérence des dirigeants et le manque de moyens pour le mercato, où il n'a fait que valider les choix faits par d'autres. Il s'en est plaint devant la presse tout en étant, lui-même, incapable d'adapter le jeu de l'équipe aux qualités et défauts de l'effectif, soulignant plutôt les carences individuelles.

"Nous n'avons pas de buteur", a-t-il déploré notamment après la défaite à domicile contre Montpellier (0-1) le 20 octobre. L'attaquant Loïs Diony (ex-Dijon), recruté pour plus de 7 millions d'euros, n'a d'ailleurs toujours pas marqué.

- Critiques d'Hamouma -

Ce match a aussi fait apparaître des tensions entre l'entraîneur et ses joueurs: le milieu Romain Hamouma, meilleur atout offensif de l'ASSE ces dernières saisons, a critiqué publiquement ses choix. "On a commencé dans une tactique, après on a changé mais je crois qu'on n'avait pas compris comment se positionner", confiait-il ainsi à la mi-temps d'un match.

Le départ précipité de Garcia ramène le club stéphanois sept ans et demi en arrière, au temps de l'instabilité qui prévalait avant l'arrivée de Galtier: Elie Baup (2004-06), Ivan Hasek (2006-07), Laurent Roussey (2007-novembre 2008) et Alain Perrin (novembre 2008-décembre 2009) s'étaient alors succédé avec plus ou moins de succès.

Et au-delà de son avenir sportif incertain, l'ASSE aimerait ouvrir son capital à de nouveaux investisseurs mais il peine déjà à trouver un accord avec la municipalité pour la gestion du stade Geoffroy-Guichard, condition de son développement économique.

Et comme si cela ne suffisait pas, il lui faut encore gérer l'indiscipline - récurrente - de ses supporters. Les incidents du dernier derby (fumigènes, envahissement de terrain) vont entraîner de nouvelles sanctions pour le club, sous le coup d'un sursis qui n'était pas le premier.

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