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Zinédine Zidane, l'entraîneur, entre dans la légende

Il avait déjà marqué l'histoire de la Ligue des champions comme joueur, avec un but d'extra-terrestre en finale en 2002. Zinédine Zidane entre aujourd'hui dans la légende, comme entraîneur du Real Madrid: personne depuis le stratège de l'AC Milan, Arrigo Sacchi, n'avait conservé ce titre suprême (1989 et 1990).

Sacchi avait 44 ans au moment de ce doublé. Zizou a ... 44 ans. Les comparaisons s'arrêtent là. L'Italien était un joueur anonyme. "ZZ" est classé dans les meilleurs de tous les temps.

Sa vie est un film. Mais quel scénariste aurait osé écrire une histoire pareille? "Si vous m'aviez dit que je vivrais ça quand j'étais gamin, je ne vous aurais pas cru", a-t-il confessé à la presse la veille de cette finale de Ligue des champions à Cardiff.

En janvier 2016, il a été propulsé sur le banc du Real, pour sa première expérience de coach d'une équipe professionnelle. Il n'avait entraîné que la réserve. Moins de cinq mois après, il devenait le premier Français à gagner la Ligue des champions comme joueur, puis comme entraîneur. Et un an plus tard, il gagne la Liga et conserve la C1 ! Zidane est le deuxième entraîneur français, après Helenio Herrera (argentin naturalisé) à remporter l'épreuve reine en club deux fois (1964 et 1965 avec l'Inter Milan).

Qui aurait pu prédire un tel destin en voyant le jeune "Yazid", comme l'appellent ses proches, pousser ses premiers ballons au pied des immeubles de la Castellane?

Qui, dans cette cité de Marseille, occupée à l'origine par dockers et rapatriés d'Algérie arrivés dans les années 1960, aurait pu deviner chez ce garçon d'une famille de cinq enfants, aux parents originaires de Kabylie, un homme qui laisserait une telle empreinte?


Coups de tête

Sa vie a basculé un soir de 12 juillet 1998, à 26 ans, quand deux buts de la tête ont porté l'équipe de France sur le toit du monde (3-0 face au Brésil). Il devint "Zizou", idole d'une foule en liesse sur les Champs-Elysées.

Comme tous les grands champions, il connaît l'ivresse de la victoire et l'amertume des défaites. La plus cruelle vient d'une autre finale de Coupe de monde, en 2006, quand un coup de boule sur le torse de Marco Materazzi scelle la fin de sa carrière de joueur sur une exclusion. Et signe la défaite de la France aux tirs au but contre l'Italie. En face, dans les buts, il y avait Gianluigi Buffon, battu à son tour dans les cages de la Juve à Cardiff samedi.

Le costume d'entraîneur va bien à "ZZ", même si les coutures craquent parfois quand il vibre aux courses de ceux qu'il entraîne. Il faudra donc faire une place dans l'armoire à trophée déjà bien garnie par un joueur formé à l'AS Cannes, mûri à Bordeaux, avant de crever l'écran à la Juve et au Real. Sous le maillot du club madrilène, il avait déjà gagné la Ligue des champions en 2002 avec en finale une reprise de volée toujours considérée comme un des plus beaux buts au monde (succès à Glasgow sur le Bayer Leverkusen 2 à 1).


Image et message 

Zidane sacré comme entraîneur face à la Juve c'est un sacré clin d'oeil. Car c'est en Italie, à Turin, qu'il a compris le très haut niveau sous le maillot bianconero (1996-2001), ère qui correspond à la Coupe du monde 1998, au Ballon d'Or 1998 et à l'Euro-2000.

De cet âge d'or à aujourd'hui, "Zizou" n'a pas vraiment changé physiquement, si ce n'est un crâne rasé pour gommer la calvitie naissante. Ce qui est nouveau, c'est la communication. C'était le point faible du joueur, taiseux devant les micros.

Coach "ZZ" maîtrise tous les exercices médiatiques. Comme lors de son intronisation comme entraîneur du Real en janvier 2016. Il pose tout sourire, décontracté, aux côtés de sa femme Véronique et de ses quatre fils, qui jouent tous au football, dont l'aîné appelé Enzo en hommage à Francescoli, joueur et idole de jeunesse de son père. C'est un coup gagnant pour l'image et le message: le Real est un club familial et Zidane est là pour tourner la page austère de son prédécesseur, Rafael Benitez.

A cette époque, beaucoup doutaient de ses capacités sur le banc. Plus maintenant. "Il mérite son succès, aujourd'hui il démontre qu'il est un grand entraîneur. Et il reste le même, il n'a changé en rien. Ce genre de personne me ravit", commente pour l'AFP Paolo Montero, un de ses anciens coéquipiers à la Juve. Et qui soutenait pourtant les Turinois dans cette finale.

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