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Fifa: sept responsables soupçonnés de corruption arrêtés en Suisse

La Fifa a été frappée mercredi par un double séisme avec l'arrestation de sept responsables soupçonnés de corruption et par la perquisition de son siège à Zurich, dans une affaire distincte portant sur l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022.

Pourtant, l'élection présidentielle lors de laquelle Joseph Blatter, âgé de 79 ans, briguera un cinquième mandat reste prévue vendredi.

. Arrestations à l'hôtel

Vers six heures du matin, des policiers suisses en civil opérant à la demande des autorités américaines se sont présentés au luxueux hôtel cinq étoiles Baur Au Lac du centre de Zurich, où sont logés les principaux dirigeants de la Fifa avant le congrès prévu jeudi et l'élection de vendredi.

Ils en sont repartis après avoir interpellé sept responsables de la Fifa, soupçonnés d'avoir accepté des dessous de table d'un montant total de plusieurs dizaines de millions de dollars des années 1990 à nos jours. Les suspects interpellés ont été placés en détention et font l'objet d'une demande d'extradition américaine.

Selon le New York Times, qui a révélé ces arrestations, les accusations visent des faits de corruption portant notamment sur des attributions de Coupes du monde, de droits de marketing et de télévision. Les accusations visent également des escroqueries par voie électronique, des faits de racket et de blanchiment d'argent.

Le Département de la Justice américain a indiqué avoir au total inculpé pour corruption neuf élus de la Fifa, ainsi que cinq responsables de sociétés de marketing sportif.

Parmi les dirigeants présents ou passés de la Fifa visés par les accusations figurent Jeffrey Webb (Iles Caïman), Eugenio Figueredo (Uruguay), tous deux membres du comité exécutif, et Jack Warner (Trinité-et-Tobago), ex-membre du comité exécutif. Ce dernier, déjà impliqué dans de nombreuses affaires de corruption, s'est dit "innocent", tout en soulignant que "ces actions internationales coordonnées arrivent à un moment où la Fifa se réunit pour des élections afin de choisir un président qui est universellement détesté par la communauté internationale".

Par ailleurs, le siège de la Confédération d'Amérique du Nord, d'Amérique centrale et des Caraïbes (Concacaf), situé à Miami, était perquisitionné par des policiers du FBI.

. Perquisition à la Fifa

Dans une procédure distincte, le parquet suisse a annoncé avoir saisi des documents électroniques au siège de la Fifa à Zurich, dans le cadre d'une procédure pénale contre X pour soupçon "de blanchiment d'argent et gestion déloyale" entourant les attributions des Coupes du monde 2018 et 2022 à la Russie et au Qatar. Cette procédure, ouverte depuis le 10 mars, n'avait pas été rendue publique jusqu'à mercredi.

Selon Walter De Gregorio, le directeur de la communication de la Fifa, envoyé au front pour une conférence de presse en fin de matinée, cette perquisition est liée à la plainte déposée le 18 novembre par la Fifa pour des soupçons de "transferts internationaux de patrimoine".

"Ce n'est pas un jour agréable, mais c'est aussi un bon jour, car les choses avancent et nous avons hâte d'avoir des réponses", a affirmé M. De Gregorio, qui a assuré que la Fifa coopérait "pleinement" avec les autorités suisses et américaines.

"La Fifa est la victime. Nous coopérons, nous donnons toutes les informations demandées. Il est de notre intérêt que toutes les questions posées trouvent des réponses", a-t-il dit.

"C'est bien pour la Fifa. Pas en terme d'image, mais en ce qui concerne le ménage que nous avons entrepris ces dernières années", a-t-il insisté.

. Pour vendredi, Blatter ne change rien

La Fifa tremble donc, mais pas question pour l'instant de remettre en cause le scrutin présidentiel prévu vendredi. Walter De Gregorio l'a martelé: le président Blatter et son secrétaire général Jérôme Valcke "ne sont pas impliqués" dans cette affaire.

"M. Blatter est concentré sur le congrès et il reste relativement détendu", a dit M. De Gregorio. "Ca ne veut pas dire pour autant qu'il danse dans son bureau. Mais il est très calme, il voit ce qui se passe, il coopère avec tout le monde. Il n'est pas un homme heureux aujourd'hui", a ajouté le porte-parole.

Vendredi, "Sepp" Blatter briguera un cinquième mandat à la tête de la richissime et surpuissante Fifa, secouée depuis le début de son règne en 1998 par une série de scandales et d'accusations de corruption, notamment liés à l'attribution des Mondiaux 2018 et 2022.

Michel Platini, président de l'UEFA, qui devait tenir une réunion extraordinaire de son Comité exécutif à Varsovie mercredi après-midi, a renoncé l'année dernière à se présenter face à lui. La semaine dernière, l'ancien Ballon d'Or portugais Luis Figo et le président de la Fédération néerlandaise Michael van Praag ont eux aussi abandonné.

Blatter n'a plus face à lui qu'un seul rival, aux chances minimes, le Prince jordanien Ali bin Hussein. Dans un communiqué, celui-ci a évoqué "un jour triste pour le football". "La Fifa a besoin d'un leadership qui gouverne, qui guide et protège nos fédérations. Un leadership qui accepte sa responsabilité pour ses actes et ne rejette pas la faute sur autrui. La crise dure depuis longtemps, elle ne se limite pas à ce qui s'est passé aujourd'hui", a-t-il martelé.

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