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24 Heures du Mans: la trajectoire 100% féminine de la Girls Racing Team

"Les pilotes ne distinguent pas sur le circuit si c'est une femme ou un homme au guidon", lance Mélissa Paris tout en ajustant sa combinaison, en bord de piste, prête à relayer sa coéquipière des 24 Heures du Mans moto.

L'Américaine de 34 ans fait partie d'un équipage 100% féminin, une première dans l'histoire de ce mythe de la course moto. Elle est accompagnée au guidon de la Yahama N.19 des Françaises Amandine Creusot et Muriel Simorre.

"On est des pionnières", se réjouit Amandine Creusot qui vient d'achever 39 tours sur le circuit Bugatti alors que la moyenne est de 30 tours par pilote. Mais l'autosatisfaction s'arrête là pour la pilote de 30 ans. "On a passé les qualifications, notre place est ici", insiste l'assistante de direction originaire de Besançon.

- Pas de privilèges -

"Quand j'ai fait mon premier relais et que les équipes de tête arrivaient, elles ne font pas de différence. Je me suis fait toucher une ou deux fois", raconte à l'AFP Amandine Creusot dont la combinaison blanche affiche quelques éraflures.

"On ne veut pas de privilèges", poursuit la pilote française qui n'est pas à son premier coup d'essai dans le monde de l'endurance.

En 2013, les trois femmes de la Girls Racing Team font leurs débuts aux 24 Heures de Barcelone en catégorie 600. Bilan des courses: en trois participations, elles remportent deux fois la compétition et s'adjugent également une 2e place.

"On a voulu se lancer dans un nouveau défi et on s'est dit pourquoi pas le Championnat du monde d'Endurance", explique Laura Costa, la directrice. Avec les trois pilotes, elles sont les quatre seules femmes de l'équipe composée de près de 30 personnes.

Ambitieuses, les pilotes de la Girls Racing Team vont changer de machine et montent en catégorie Superstock 1000 afin de participer en 2016 à leur premier Bol d'Or où elles termineront à la 23e place.

Au Mans, après la 20e heure de course, leur Yahama jaune pointait à la 31e position sur un total de 59 motos au départ de la course.

Les trois femmes partent avec l'objectif de "passer le damier de la course".

- 48 kg contre 200 -

"C'est très long 24 heures, si on ne chute pas, si on n'a pas de problème mécanique et qu'on va jusqu'au bout, on aura déjà tout gagné et ça sera aussi une belle récompense pour toute l'équipe technique", estime Amandine Creusot, entouré de mécaniciens exclusivement masculins. Elle vient de lâcher la moto à Muriel, son prochain relais est dans une demie-heure. En attendant, elle s'hydrate avant sa séance de kiné.

"J'ai un bon feeling avec la moto, je me sens bien dessus, j'ai trouvé ma position, elle me ne fatigue pas donc c'est de bon augure", se satisfait Amandine, dont le petit gabarit, à peine 48 kg "combinaison compris", contraste avec les 200 kg de sa Yamaha.

Rivée sur les écrans de contrôle, la californienne Mélissa Paris patiente également. "Je me sens bien, au début c'était compliqué mais maintenant la course est lancée", déclare la pilote qui a découvert la moto à l'âge de 20 ans. Chez elle à San Diego, "on jouait plus au baseball".

"Mon copain m'a emmené à une compétition de moto, après cela je n'ai plus voulu retourner à l'université", confie Mélissa Paris qui est l'unique pilote pro de l'équipe.

Pour l'Américaine, il ne s'agit pas "d'être la première femme mais compétitive". "Je suis surprise qu'il n'y ait pas eu d'autres équipes féminines avant nous. Cela aurait dû être le cas, il y a plus de 30 ans. On ne leur a pas donné d'opportunités", estime la pilote.

Avant de reprendre le guidon, Mélissa prête une oreille attentive aux derniers conseils de sa directrice. La moto approche, sa coéquipière, Muriel, lui confie la machine. Sous les encouragements de son équipe elle s'élance à son tour pour au moins 45 minutes de course. L'obscurité a gagné le circuit Bugatti, les gradins sont vidés de leur spectateurs, quelques téméraires emmitouflés résistent.

Après 650 tours et plus de 2.500 km parcourus, les trois femmes se concentrent désormais sur la ligne d'arrivée dimanche à 15H00. Il ne leur reste à peine 4 heures de course.

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