Accueil Actu

D'Indonésie en Iran, une femme et une moto sur les "voies de la liberté"

Mélusine Mallander décline la cause des femmes en gros cube et en milliers de km sur les "voies de la liberté": cette aventurière et documentariste a sillonné pendant neuf mois à moto les pistes et routes d'Asie du Sud à la rencontre de ses alter ego féminines en manque de liberté.

La jeune femme a parcouru, de novembre à juillet derniers, 28.000 km en Indonésie, Myanmar (Birmanie), Bangladesh, Népal, Pakistan, Iran, en passant -pour rejoindre ces 6 pays où elle a tourné autant de films de 52 minutes- par la Malaisie, la Thaïlande, l'Inde, la Turquie, enfin la Grèce et l'Italie, pour rejoindre la France depuis Djakarta.

"Une femme seule en moto, dans ces pays où les représentantes du +deuxième sexe+ ne jouissent pas des mêmes libertés que les hommes, attise la curiosité et facilite les rencontres. La moto est un symbole de liberté et un vrai sésame pour lier connaissance", a confié Mélusine à l'AFP.

"Les gens -les femmes en particulier- ont envie de connaître mon histoire, puis de raconter la leur, complicité féminine par delà les frontières et cultures oblige", a souligné cette fille d'un père motard britannique et d'une mère française et féministe.

"Les Voies de la liberté". Ainsi a-t-elle baptisé son odyssée motorisée.

Mélusine Mallender est une habituée des expéditions au guidon d'une 800 cm3 tout terrain. Depuis 2010, elle a accompli trois grands périples en solitaire, sur plus de 70.000 km en Asie centrale, au Moyen-Orient (Routes persanes) et en Afrique (Grands lacs d'Afrique de l'Est).

Ils ont donné lieu à une série de documentaires sur la chaîne Voyages qui va également diffuser début 2017 les six nouveaux films d'Asie du Sud.

- Même tarif pour les femmes -

A chaque fois, l'égalité hommes-femmes est l'un des thèmes mis en avant dans ses expéditions. Un concept qui ne coule pas de source dans les pays et régions traversés par la documentariste française.

"Dans les six pays auxquels je me suis intéressée, affirme Mélusine Mallander, que la religion ou culture dominante soit l'islam (sunnite ou chiite), le bouddhisme ou l'hindouisme, c'est le même tarif de l'inégalité, voire de l'oppression, pour les femmes qui sont maintenues à divers degrés à un statut inférieur à celui des hommes".

Elle s'est notamment attardée au Bangladesh sur le tragique destin de Aïcha, victime d'un "crime d'honneur" et qui fut défigurée à l'acide par son oncle qu'elle refusait d'épouser à l'âge de 18 ans.

Elle raconte aussi, au Népal hindouiste et bouddhiste, les "Kalamari", ces fillettes réduites en esclavage par des familles riches à qui elles ont été données par des parents très pauvres qui n'avaient pas les moyens de les élever.

- Relever la tête -

Mais la motarde-réalisatrice s'est aussi attachée, à travers des centaines de rencontres, à faire des portraits de femmes qui relèvent la tête et tentent de s'affranchir du joug masculin.

Elle raconte ainsi Silvia, 30 ans, bangladaise qui a créé le premier club de deux roues féminin (pour échapper aux agressions dans les transports en commun) dans un pays de 150 millions d'habitants où les femmes sont une infime minorité à conduire des deux roues.

Elle parle aussi de Sanu, ancienne Kalamari népalaise parvenue à 28 ans à devenir mécanicienne moto. "Elle a dû apprendre à être libre", dit Mélusine.

L'aventurière rapporte aussi l'histoire de Sarah, Iranienne d'Ispahan, âgée de 28 ans, qui a fait en solitaire le tour à vélo du nord de son pays et s'apprête à faire le sud, pour "prouver qu'une femme peut voyager et camper seule en Iran".

Et Mélusine Mallander de saluer "l'ouverture palpable dont ce pays fait preuve de la chaleur de l'hospitalité qu'elle y a rencontrée au nom de la tradition populaire perse du Taarof (aimable accueil)".

À la une

Sélectionné pour vous