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En Chine, le sport auto démarre sur les chapeaux de roue

Les sports mécaniques, quasi absents de Chine il y a 30 ans, connaissent un boom alimenté par l'explosion de la classe moyenne et qu'illustre actuellement l'ambitieux rallye-raid Silk Way (ex-Route de la soie).

"Je fais parfois du karting. Et j'adore rouler avec mon 4x4 dans les dunes", raconte à l'AFP Yang Yulin, comptable de 28 ans, en observant dans le désert de Gobi (nord) les nuages de sable projetés par les voitures de cette course disputée entre Russie et Chine.

Les sports mécaniques ont cependant connu un démarrage diesel dans le pays. La fédération n'a été fondée qu'en 1993 et la diffusion télévisée de la première compétition date de 2004. Depuis, la Chine a mis le turbo: aujourd'hui, des centaines d'épreuves sont disputées chaque année (rallyes, championnat de tourisme, motocross...).

Un Grand Prix de Formule 1 se déroule même chaque année à Shanghai depuis 2004.

C'est par ailleurs à Pékin que le premier Grand Prix de Formule électrique ("Formule E") de l'histoire a été organisé en 2014, attirant 75.000 spectateurs près du Nid d'oiseau, le stade des JO 2008.

Depuis 2016, la Chine co-organise également avec la Russie le Silk Way. Une épreuve qui relie actuellement Moscou et l'ex-capitale impériale Xi'an (nord) sur plus de 10.000 kilomètres, et entend s'imposer comme le grand rendez-vous annuel de la discipline aux côtés du Dakar.

"Les Chinois ont soif d'organiser leurs propres événements, à l'instar de ce qui s'est passé en Europe, avec quelques années de décalage. Ils sont vraiment devenus fans de découverte et d'aventure", explique à l'AFP Hubert Auriol.

- 'Envie d'autre chose' -

Cet ex-directeur du Dakar a lui-même été sollicité pour apporter son expertise dans l'organisation du China Grand Rally, rallye-raid chinois dont il fut directeur de course entre 2013 et 2016.

"On avait peut-être en tête l'image un peu stéréotypée du Chinois très travailleur. Mais c'est comme ailleurs dans le monde: à un moment donné, il a envie de loisirs, de détente et de faire autre chose", poursuit-il.

"Les gens ont de plus en plus de moyens et de temps libre", renchérit Wang Xudong, PDG de Zhongshi Huanqiu, qui organise des courses automobiles dans le pays.

"En parallèle, le marché automobile chinois grandit", ce qui familiarise les gens au plaisir de la conduite, souligne-t-il.

Les voitures individuelles étaient encore rares dans les rues il y a 30 ans. Mais avec 24,38 millions de ventes en 2016 (+15% sur un an), la Chine constitue désormais le premier marché mondial.

La popularité du sport automobile doit également beaucoup aux exploits au volant de l'écrivain, blogueur et réalisateur Han Han, 34 ans, icône branchée des jeunes urbains et champion national de rallye en 2012.

- Dès l'enfance -

Et le soutien vient désormais de très haut: le gouvernement a appelé en 2016 à "perfectionner sans relâche l'organisation des sports mécaniques". Il encourage la création de nouveaux circuits et de bivouacs, notamment pour mieux accueillir les jeunes et les familles, ainsi que la tenue de rallyes, rallye-raids et "compétitions de masse".

"Il y a la volonté politique, donc derrière, tout s'organise facilement", note Hubert Auriol, qui entrevoit "un énorme potentiel" pour les sports mécaniques.

"La Chine est très peuplée, donc on imagine à tort qu'il n'y a que des villes. Mais dans le nord, vous avez des régions gigantesques, avec des déserts magnifiques, qui se prêtent totalement à l'organisation de rallye-raids avec leurs dunes de sable assez magiques."

Et la nouvelle génération de pilotes arrive, souligne Wang Xudong. "Avant, ils commençaient les compétitions à l'âge adulte. Dorénavant, ils sont formés dès l'enfance avec le karting. L'avenir est prometteur."

Ce n'est pas le pilote Han Wei, surprenant 3e du classement général du Silk Way en auto, qui le contredira.

"Petit à petit, vous verrez, on va se rapprocher du niveau international", prédit-il.

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