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Route de la Soie: WC, repas et différences culturelles, les défis du bivouac

Comment déplacer 1.500 personnes et des tonnes de matériel sur 10.000 km en 17 jours entre Moscou et Pékin ? C'est le casse-tête logistique du rallye de la Route de la Soie qui s'achève dimanche, auquel s'ajoute un défi culturel, entre Français, Russes et Chinois.

A 7h15, la tempête de sable menace à Jiayuguan, dans le désert de Gobi (nord de la Chine), alors que Qian Wangai, employé d'une entreprise de propreté, s’active pour raccorder à une fosse sceptique des cabines de WC itinérantes juchées sur trois camions.

"L’hygiène est essentielle sur le bivouac", souligne M. Qian en installant du gel pour les mains devant les 36 toilettes (soit 1 pour 42 personnes) et 18 douches, qui n’empêcheront cependant pas de nombreux désagréments intestinaux.

"Il y a trois jeux de matériel. Chaque jour, il est acheminé non pas au bivouac du lendemain, mais à celui de trois jours plus tard", explique François Habib-Deloncle, coordinateur logistique.

A l'entrée du camp, un ballet quasi-ininterrompu d’employés russes -- responsables de l’organisation du bivouac -- déchargent des camions toiles, rivets, armatures et équipements des différentes tentes: médias, télévision, infirmerie, restauration…

Employés, bénévoles et journalistes chargés de bagages descendent l’air groggy d’un bus couchettes affrété par l'organisation et escorté par la police chinoise, dans lequel ils ont voyagé de nuit durant sept heures sur près de 500 km depuis le précédent bivouac.

- ‘Très difficiles à cadrer’ -

A la cantine, Zhenya, jeune cuisinier russe, commence à travailler.

"Tous les jours, on élabore environ 6.000 repas", explique-t-il en préparant des crudités et en faisant bouillir des morceaux de bœuf dans d’énormes marmites.

L'équipe, constituée de 50 cuisiniers et serveurs, fait tout le voyage de Moscou à Pékin.

"Même arrivés en Chine, ils font toujours de la nourriture russe", se désole Cao Xufang, journaliste pour la télévision chinoise Hunan TV.

"C’est difficile de satisfaire tout le monde. Certains préfèrent manger leur propre nourriture", explique Timur Narulin, le chef cuisinier, tandis qu’un employé d’une écurie chinoise fait sauter avec son wok porc et asperges dans une tente voisine.

"Le fait d'avoir une organisation avec trois cultures très différentes rajoute beaucoup de difficultés", concède M. Habib-Deloncle.

"En Russie et au Kazakhstan, le personnel parle russe. Mais travailler avec des Chinois, ce n'est pas évident, même avec des traducteurs. Certains qui n’ont pas l’habitude de travailler sur un grand événement sont très difficiles à cadrer."

- Alcool et mini-short -

Le bivouac reste un lieu de choc des cultures, estime Cao Xufang, la journaliste.

Même à 38°C, elle reste vêtue d’un coupe-vent et ses bras sont recouverts de couvre-bras anti-UV.

"J’ai déjà bronzé et je ne veux surtout pas l’être plus. En Chine, on aime les peaux blanches", explique-t-elle en désignant avec crainte la piscine installée au centre du camp.

Des jeunes filles russes s’y prélassent en plein soleil, écoutant de la musique techno sous 40°C en compagnie de Denis Simachev, réputé designer-styliste russe responsable de "l'image de marque" du rallye.

La piscine, tout comme le bar nocturne du bivouac, qui sert à volonté martinis, spritz, et bières, ce sont ses idées: Svieta, jeune hôtesse russe d’1m90, T-Shirt rouge et mini-short blanc, s'y déhanche avec cinq collègues sur l’électro-rock du DJ.

Tout cela sous l’œil de Chinois riants et intrigués, immortalisant la scène avec leurs smartphones, dans un pays peu habitué à ces extravagances publiques.

Un côté sexy et branché qui tranche radicalement avec l'ambiance plus sage du Dakar, soulignent plusieurs participants.

Mais l’ancien champion Luc Alphand, conseiller sportif du rallye de la Route de la Soie, soutient l’initiative: "Il faut ça pour la convivialité, les échanges. Il faut garder une ambiance bivouac".

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