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Sarah Bovy, l'atout charme de Lamborghini, prête à en découdre: "Ce qui m'amuse c'est la bagarre portière contre portière"

A 26 ans, Sarah Bovy s'apprête à relever un des plus gros défis de sa carrière en sport automobile. En 2016, cette jeune femme participera au championnat Super Trofeo à bord d'une Lamborghini, un bolide particulièrement. Pas de quoi effrayer notre pilote belge. "Je suis certaine qu'une femme a sa place dans les pelotons masculins", confie-t-elle avec l'envie d'en découdre.

Au premier abord, Sarah Bovy est une jeune femme tout à fait ordinaire, mis à part sa taille étant donné qu'elle mesure quand même 1m85. Polie, souriante, bien éduquée et bosseuse. "J'ai 26 ans, je vis à Bruxelles mais je suis Liégeoise d'origine", se présente-t-elle. Mais Sarah ne mène pas une vie ordinaire. Elle cumule une activité professionnelle, qui exige pas mal d'implication, avec une passion très exigeante. Pour mener un tel programme, des journées de 48 heures ne seraient pas un luxe. "Ca fait un peu plus de 10 ans que j'essaie de faire carrière dans le sport automobile et que je vis une sorte de double vie parce que, parallèlement à ça, je travaille pour Sthree, un cabinet de chasseurs de tête spécialisé dans l'industrie pharmaceutique. J'essaie de jongler avec tout ça et de me donner à 200%", confie-t-elle d'entrée de jeu. "Ca fait une vie bien remplie. Mais remplie de choses que j'adore faire. Et j'ai la chance d'être entourée d'une famille et d'amis qui comprennent ma passion et qui ne m'en veulent pas trop si j'oublie de les appeler", précise-t-elle immédiatement.


"Le virus m'a pris tout de suite"

Contrairement à ce que l'on pourrait penser, Sarah n'a pas mordu au sport auto dès son plus jeune âge. D'ailleurs, elle refuse de limiter son monde à cela. "J'essaie de me tenir au courant de plein de choses. J'aime tout ce qui est cinéma, j'aime beaucoup la musique, j'essaie de faire quelques chouettes concerts chaque année. Rien qui ne prend autant de place que le sport auto, mais j'ai un intérêt général pour de nombreux loisirs".

Des loisirs pour ne pas s'enfermer dans un moule. Mais une passion, elle n'en a qu'une, et elle y adhère à 100% depuis qu'elle y a goûté. "C'est un peu une histoire de famille. Mon père était pilote de course pendant 25 ans. Moi ça m'a pris assez tard. J'ai commencé par le karting à l'époque. J'avais 12 ans et j'en ai fait sur une fête foraine, par hasard. Le virus m'a pris tout de suite et j'ai décidé de m'investir à fond là-dedans", nous a-t-elle expliqué.


"C'est un sport de passionnés"

Et ça marche ! Rapidement, la jeune fille fait ses preuves et gravit les échelons, au point de piloter des voitures bien avant l'âge du permis de conduire. "A 14 ans je faisais mes premiers essais en voiture et à 15 ans mes premières courses en monoplace". La même année, elle sort finaliste d'une sélection de jeunes talents qui l'oppose à 250 jeunes hommes et qui lui ouvre les portes d'une première saison en monoplace. Une période au cours de laquelle son amour pour la course automobile se concrétise. "J'ai toujours été une gamine plutôt sportive. Donc j'avais l'habitude de la compétition, mais ce qui m'a le plus marqué dans le sport automobile et qui me marque toujours aujourd'hui, c'est que c'est un sport de passionnés. On y trouve des gens qui investissent énormément de temps, d'énergie et d'argent. Tout le monde partage cette passion commune et cela permet de soulever des montagnes. Cela me tient vraiment à coeur dans le sport auto".

Pour Sarah, les défis s'enchaînent. Parallèlement à ses études, elle doit désormais se démener pour arracher des résultats sur les circuits. Et, bien entendu, la jeune femme doit également regrouper et assembler les pièces du puzzle qui lui permettent d'obtenir le budget nécessaire saison après saison. Des contraintes dont la jeune fille, combative, n'oserait se plaindre. "Dans un premier temps, le plus difficile était de décliner des soirées et devoir faire preuve de retenue. Mais je n'ai pas eu une enfance malheureuse hein. Je me suis quand-même bien amusée", assure-t-elle.


Nouveau défi en 2016

Le travail porte ses fruits et Sarah étoffe son palmarès. En 2007, à 18 ans à peine, elle devient la plus jeune pilote à participer aux 24H de Francorchamps aux commandes de la Gillet Vertigo, la seule voiture belge au départ. Très hétéroclite, elle accumule l'expérience dans différentes catégories, pilotant des bolides fondamentalement différents. Peu importe la voiture, "ce qui m'amuse c'est la bagarre portière contre portière, la stratégie. Bref, la course", explique-t-elle. Et la première grande récompense tombe en 2013 quand Sarah arrache le titre de champion de Belgique en voitures de tourisme.

En 2016, c'est un autre défi qui attend notre compatriote. Le Lamborghini Blancpain Super Trofeo, dans lequel elle portera officiellement les couleurs du constructeur italien. Un championnat très exigeant, vivier de pilotes habiles aux longues dents auxquels Sarah ira se frotter à bord de sa prestigieuse Lamborghini Huracan de l'équipe Leipert Motorsport. Un bolide qui développe 620 chevaux. Un véhicule à ne pas mettre entre toutes les mains, et qui exige une condition irréprochable. "Il faut une hygiène de vie, une diététique assez suivie, faire beaucoup de sport. On a cette vision du sport automobile qui n'est pas très physique en général. Et pourtant, il fait parfois plus de 50 degrés dans les voitures alors qu'on fait des relais de près de 2 heures. C'est très très dur, donc je m'entraîne beaucoup depuis toujours parce que le challenge est quotidien".


"Le sport automobile est un sport d'hommes"

Constat assez édifiant: c'est au volant d'une voiture particulièrement "virile" que Sarah va poursuivre sa carrière. Lamborghini, connue pour ses modèles au moteur rugissant et badgés d'un logo qui représente un taureau. De l'avis de la plupart des observateurs, le constructeur italien est assimilé à tout ce qu'il y a de plus masculin, avec une certaine dose de machisme. "Le sport automobile est un sport d'hommes. Ca ne me dérange pas de le dire et je suis très très heureuse d'être une des seules femmes dans ce sport. Je suis très heureuse aussi quand j'en croise d'autres. Il y en a qui pilotent très bien et je suis certaine qu'une femme a sa place dans les pelotons masculins", tempère Sarah qui s'amuse des regards qui lui sont adressés en tant que 'femme pilote'. "Au départ il y a toujours un peu de surprise, un peu d'intérêt, voire de machisme. Mais quand on met le casque, on est tous des pilotes et ça s'arrête là. En règle générale, j'ai plutôt des retours positifs".

A ses débuts, être une femme lui a pourtant joué des tours, surtout lorsqu'elle devait courir en équipe. "Quand j'étais toute jeune, j'avais un peu de mal à trouver des équipiers parce qu'ils avaient peur que je sois trop lente", a-t-elle expliqué. Puis Sarah a accumulé de l'expérience, les résultats. Et le problème s'est inversé. "J'ai grandi, j'ai commencé à faire mes preuves et j'ai de nouveau eu du mal à trouver des équipiers parce qu'ils ne supportaient pas d'être battus par une équipière".


"Etre une femme m'ouvre peut-être des portes"

Mais au final, la chasseuse de tête qui a appris à utiliser au mieux les cartes dont elle disposait a fait en sorte de tirer avantage de la situation. Non pas au volant, où elle s'applique à gommer toute nuance homme/femme, mais bien dans sa recherche de partenaires. "Etre une femme m'ouvre peut-être les portes de certaines sociétés qui n'auraient pas pensé être présentes en sport automobile de premier abord. Maintenant, le challenge reste toujours le même. Ce sont quand-même des énormes montants pour faire de la promotion alors qu'il existe des moyens plus faciles de le faire. Mais mes études en marketing m'aident à expliquer à mes partenaires comment on va pouvoir faire en sorte qu'ils aient un retour sur leur investissement".

Encore une fois, la pilote Lamborghini allie métier, passion et savoir-faire pour mener à bien ses projets sportifs. Et ne lui demandez surtout pas si elle a peur, car son ressenti est identique à celui de tous ses rivaux. "J'ai plus peur avant de monter dans la voiture que dedans. Une fois qu'on y est, les grands moments de stress s'effacent", a-t-elle conclu, prête à baisser la visière pour aller en découdre dans la meute, "portière contre portière" comme elle l'aime tant.

@ArnaudRTLinfo

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