Accueil Actu

Athlétisme: deux fausses alliées pour le record du 5000 m à Paris

Rarement tentative de record du monde n'aura été aussi improvisée et orageuse: les Éthiopiennes Almaz Ayana et Genzebe Dibaba, qui se détestent cordialement, sont censées collaborer samedi au stade de France pour revisiter la marque planétaire du 5000 m dames (14:11.15).

Pour comprendre le côté cocasse de la situation, qui est également une histoire de famille, il faut remonter à l'ébauche du scénario.

Les organisateurs du meeting de Paris, qui courent après un record du monde pour encore valoriser leur manifestation, avaient mis sur pied la tentative pour Ayana.

Un bon choix: l'étoile montante de l'école éthiopienne avait couru seule la distance en 14 min 14 sec 32/100 le 17 mai dernier à Shanghai, tout près donc de la référence signée par Tirunesh Dibaba il y a huit ans à Oslo.

Mais Genzebe, soeur cadette de Tirunesh, s'est ajoutée à la distribution parisienne, après avoir échoué (14:21.29) elle-même dans une tentative le 11 juin à Oslo d'ajouter son prénom à la saga des Dibaba.

Vendredi autour de midi, le directeur du meeting parisien, Laurent Boquillet, avait expliqué qu'au-delà des 2200 m, après que les deux lièvres eurent fait leur devoir, les deux championnes allaient se relayer tour après tour jusqu'à l'explication finale des 200 derniers mètres. C'est, avait-il précisé, la condition expresse pour que Genzebe Dibaba, double championne du monde en salle (1500/3000 m), perçoive sa prime d'engagement.

- "Je préfère courir devant" -

Quatre heures plus tard, Ayana a indiqué, lors d'un point presse auquel Genzebe ne s'est pas présentée, que "c'est plutôt une bonne chose que Genzebe soit là", mais que "ça ne change rien" à sa volonté de prendre la course à son compte, sans s'occuper des termes du contrat. Et de préciser: "Je préfère courir devant".

Pour M. Boquillet, "cette différence d'interprétation vient du fait que le manager d'Ayana ne l'a pas informée du déroulé de la course".

Retour sur image avec Soresa Fida, miler de niveau international mais surtout jeune (22 ans) époux et coach d'Ayana. "Almaz est la plus forte des deux et elle va gagner. Le record? C'est possible s'il ne fait pas trop chaud", a-t-il précisé à l'AFP.

Ex-spécialiste du 3000 m steeple, Ayana a eu la révélation de son potentiel sur le plat en terminant deuxième en 2013 du 5000 m du meeting de Saint-Denis derrière Tirunesh Dibaba, triple championne olympique.

Adolescente, Ayana avait pour idole Tirunesh, qui a pris en 2015 une année sabbatique pour donner naissance à un enfant. "Je me disais: +est-ce qu'un jour je ferai comme elle ?+", a-t-elle soufflé, des étoiles dans les yeux.

Quand on l'interroge sur Genzebe, le ton change et Ayana perd son sourire. "J'ai beaucoup souffert moralement qu'elle ait refusé ma présence à Oslo". C'est donc pour mieux se venger qu'Ayana, 23 ans, a entrouvert l'entrée du stade de France à Genzebe.

À la une

Sélectionné pour vous