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Athlétisme: Mayer, la consécration

Il a tenu son rang: grandissime favori, Kevin Mayer a été fidèle au rendez-vous pour décrocher, à 25 ans, son premier titre de champion du monde du décathlon, samedi à Londres. Comme une évidence.

Le vice-champion olympique a donc réussi son pari. Propulsé en haut de l'affiche depuis la retraite du double vainqueur des JO et recordman du monde (9.045 points) Ashton Eaton, le Français était attendu au tournant et devait assumer ce nouveau statut. Il n'a pas manqué le coche pour offrir aux Bleus leur deuxième médaille d'or des Mondiaux-2017 après le sacre sensationnel de Pierre-Ambroise Bosse sur le 800 m, la 12e de l'histoire de l'athlétisme tricolore et la première chez les hommes dans les épreuves combinées.

Même s'il s'est arrêté à un total de 8.768 points et n'a pas battu son record de France de Rio-2016 (8.834 points), il a survolé la compétition, ne laissant aucune chance à ses adversaires, notamment les deux Allemands Rico Freimuth (8.564 pts) et Kai Kazmirek (8.488 pts), qui l'accompagnent sur le podium. La marque des grands.

Un scénario de rêve qu'il a pu dignement fêter par un tour d'honneur avec, comme c'est la tradition, l'ensemble des décathloniens, drapeau bleu-blanc-rouge sur le dos, sous les yeux de sa famille et d'Eunice Barber, championne du monde de l'heptathlon en 1999. Histoire d'assurer une filiation entre l'ancienne et la nouvelle génération de "combinards".

"Je suis tellement fatigué que j'ai du mal à réaliser que je suis champion du monde", a lâché le Français, à bout de forces, au micro du speaker du stade olympique.

- Grosse frayeur à la perche -

Celui qui dit stresser et être en proie à une forme de dépression avant chaque grand évènement sait se transformer en un féroce combattant dès que la compétition démarre. Car il fallait avoir des nerfs d'acier pour sauver sa peau au 3e essai à 5,10 m au saut à la perche, alors qu'un échec et un zéro pointé auraient définitivement plombé son rêve. Mais Mayer n'a pas tremblé.

Le reste de ses 10 travaux a été effectué sans l'ombre d'un doute et le Français a une nouvelle fois repoussé certaines de ses limites, améliorant ses records personnels sur 100 m (10 sec 70), 400 m (48 sec 26) et sur le 110 m haies (13 sec 75). Malgré une douleur au coude, contractée cette année et qui l'a handicapé au javelot (66,10 m), Mayer a su gérer l'enchaînement des épreuves et ne pas se mettre dans le rouge inutilement.

Le 1500 m, dernière épreuve des Hercules de l'athlétisme, a ainsi été assuré sans prise de risques inutiles (4:36.73) avant la délivrance finale.

Au moment de faire le bilan de sa saison et de ce succès qui devrait en appeler d'autres, Mayer pourra se réjouir de la manière dont il a préparé son avènement sur le trône mondial avec son entraîneur Bertrand Valcin.

Sa décision radicale de ne pas disputer de décathlon en 2017 après son titre de champion d'Europe en salle de l'heptathlon (avec un record d'Europe à 6.479 points) en mars à Belgrade a pu surprendre mais le résultat est édifiant. Là où beaucoup de cadres bleus ont connu des soucis physiques post-JO, Mayer a pu s'économiser et être épargné par les blessures graves, ce qui ne l'a pas empêché de battre cinq de ses records personnels cette année (100 m, 400 m, 110 m haies, disque, javelot).

C'est aussi à cela qu'on reconnait les grands champions. Mayer en fait désormais partie.

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