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Basket: la France ne veut pas être le dindon de la farce Fiba/Euroligue

Le basket français, privé de ses meilleurs joueurs pour le début des qualifications au Mondial-2019, vendredi en Belgique puis lundi contre la Bosnie à Rouen, refuse d'être le dindon de la farce dans le conflit qui oppose la Fiba à l'Euroligue.

A cause du nouveau calendrier de la Fédération internationale (Fiba) et de ses "fenêtres" situées au milieu de la saison de clubs, les Bleus devront se passer de leurs joueurs de NBA (dont Batum, Gobert et Fournier) mais aussi de ceux d'Euroligue (De Colo, Heurtel et une dizaine d'autres) car cette dernière a refusé de décaler ses matchs tombant en même temps.

"J'étais contre ce projet (...). Présenter notre produit premium sans les meilleurs, c'est compliqué. On a des droits télé à vendre et des partenaires qui sont interrogatifs", explique à l'AFP le président de la Fédération française (FFBB), Jean-Pierre Siutat, qui n'a pas eu gain de cause au sein de la Fiba car le nouveau système fait les affaires de nombreux pays.

"Quand de grandes nations comme nous, l'Espagne ou la Serbie sont amputées de leurs meilleurs éléments, il y a un vrai effet d'aubaine pour d'autres. La Belgique est un pays qui travaille, mais elle est ravie de jouer contre nous", estime le président, qui craint de voir ses efforts gaspillés.

- "Une nation sacrifiée" -

"On a progressé, gagné des titres, doublé notre budget, organisé l'Euro, augmenté le nombre de licenciés, on a une image extraordinaire et plein de partenaires, tout va bien et là, pam! Pour une raison indépendante de notre volonté, on est dans l'impasse. On est une nation sacrifiée!", dit-il.

Car le danger pour les Bleus est immense. S'ils terminent derniers de leur poule (qui comprend aussi la Russie), ils pourront dire adieu au Mondial et du même coup aux Jeux de Tokyo, le premier étant qualificatif pour les seconds. On ne les reverrait plus jusqu'à fin 2020!

En "bon soldat", la FFBB a tenté de faire appliquer quand même ce calendrier qui la pénalise. D'où sa colère envers l'Euroligue, jugée responsable du blocage. "Il y a chez elle une volonté de ne rien faire pour faciliter la libération des joueurs", dit Siutat.

A la racine de l'imbroglio se trouve la lutte pour le contrôle de la principale compétition de clubs, combat dans lequel la FFBB s'est rangée derrière la Fiba, étant pour des questions de principe, opposée au système d'invitations permanentes pratiqué par l'Euroligue.

"On va vers un format à l'américaine où il n'y a plus de ligues nationales dont les meilleurs se qualifient pour les coupes européennes. Si on fait ça, on tue les championnats nationaux et les clubs. (...) Comment nos gosses vont-ils faire du basket à un certain niveau s'il n'y a plus la pyramide fédérale?", interroge Siutat.

- Sauver les meubles -

Alors que la Fiba a lancé il y a deux ans deux compétitions, la Ligue des champions et la Coupe Fiba, pour tenter de reprendre la main, le président critique l'attitude d'ECA (Euroleague commercial assets), entreprise privée qui gère l'Euroligue (C1) et l'Eurocoupe (C2) dans l'intérêt des grands clubs, dont onze disposent d'une invitation permanente en C1 (Real Madrid, CSKA Moscou, Panathinaïkos, etc). La France est pour l'instant absente de ce gotha.

"Aujourd'hui, pour aller en Euroligue ou en Eurocoupe, c'est la décision d'ECA. Si ce n'est pas une forme de monopole!", dénonce Siutat.

Jordi Bertomeu, patron de l'Euroligue, a lui démenti auprès de l'AFP vouloir créer une ligue fermée, et dénoncé "l'agressivité de la Fiba envers les clubs", jugeant que c'est la création des fenêtres qui a mené à l'impasse.

En attendant que l'Union européenne, saisie par les deux adversaires, tranche le litige, la France va essayer de sauver les meubles.

"Nous sommes inquiets, oui, mais on positive quand même. On a beaucoup de joueurs de qualité et une équipe qui tient la route. Les deux premiers matchs, c'est commando!", dit Jean-Pierre Siutat.

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