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Eau libre: après Rio, Aurélie Muller ouvre un nouveau chapitre

Un marathon de 57 km nagé en février, une victoire pour ses retrouvailles avec le 10 km en eau libre samedi : sept mois après la disqualification qui l'a privée d'une médaille olympique à Rio, Aurélie Muller a tourné la page et ouvert un nouveau chapitre, les yeux tournés vers les JO-2020.

Les amateurs de sport ont sûrement encore en mémoire le cauchemar vécu aux JO-2016 par la nageuse entraînée par Philippe Lucas, passée en quelques minutes de la joie d'une médaille olympique, après avoir terminé en deuxième position dans la baie de Copacabana, à la détresse d'une disqualification. On lui reproche alors d'avoir, par un mouvement de bras, gêné une autre concurrente dans les tout derniers mètres. Réclamations et appels n'y changeront rien, Muller ne montera pas sur le podium.

Le coup est très rude pour la Française. Au point de repousser de longs mois, jusqu'en février, le débriefing de la course olympique. "C'était trop dur", lâche Stéphane Lecat, responsable de l'équipe de France d'eau libre.

Pour autant, il ne faut que 24 heures à la native de Sarreguemines, âgée de 26 ans, pour décider qu'elle continuera à nager. "Ce n'était pas possible d'arrêter ma carrière là-dessus. Je l'aurais regretté toute ma vie", explique-t-elle à l'AFP.

"Elle a décidé d'avancer. Elle a trouvé des choses positives dans une histoire très négative au début. Elle est très forte mentalement", estime Lecat.

- Effort surhumain -

Après la désillusion de Rio, Muller se laisse d'abord le temps de souffler, puis met la pédale douce à l'entraînement - un seul par jour de mi-octobre à janvier - sous l'oeil bienveillant de Lucas, à Narbonne. "Il a été très compréhensif, très à l'écoute, souligne-t-elle. J'ai découvert une autre facette de sa personnalité."

L'envie de replonger jusqu'aux Jeux de Tokyo en 2020 bien présente, la championne du monde et d'Europe en titre du 10 km peine toutefois à retrouver de la motivation et a soif de nouveaux challenges.

Le premier, relevé début février, est hors norme : le marathon de Santa Fe, 57 km dans les eaux du fleuve Coronda, dans le nord-est de l'Argentine. Un projet qui a pris forme trois mois plus tôt lors d'un tête-à-tête avec Lecat.

"J'avais besoin de me prouver à moi-même que j'étais capable de faire quelque chose d'un peu surhumain", explique Muller. Mission accomplie : elle termine troisième après plus de neuf heures d'effort, en prime dans des conditions - vent fort et vagues - des plus ardues.

"J'ai vu une athlète qui a prouvé qu'elle avait très envie d'être performante, qui ne baisse jamais les bras", insiste Lecat.

"C'était très, très dur, mais je me suis éclatée pendant neuf heures. C'est peut-être difficile à comprendre...", glisse l'intéressée.

- 'Une force supplémentaire' -

Surtout, le défi à la fois physique et mental permet à Muller de panser, enfin, la blessure de Rio : "la page est tournée depuis Sante Fe. J'ai senti en même temps la fin de quelque chose et le début d'autre chose."

Là voilà désormais prête à se lancer dans une nouvelle olympiade et à "construire une autre histoire". Elle l'a entamée de la plus belle des manières, samedi dans les eaux d'Abou Dhabi, par une victoire pour ses retrouvailles avec le 10 km et le circuit mondial. Une belle surprise alors qu'elle reconnaît être arrivée dans l'émirat avec "un peu" d'appréhension.

"Quand je sors de Rio, je suis anéantie. Aujourd'hui, j'ai réussi à terminer (le marathon de) Sante Fe, je gagne à Abou Dhabi, retrace Muller. Même si ce ne sera jamais une revanche sur Rio, ça me donne une force supplémentaire que je sens vraiment."

Lecat n'en doute pas : "Si elle est toujours dans l'eau dans deux ans, je pense qu'elle sera très forte à Tokyo. Ce ne sera jamais aussi difficile que ce qu'elle a vécu. Donc pourquoi aurait-elle peur ?"

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