Accueil Actu

Florent Manaudou: Superman est fatigué

Puissance de Superman et look de Ken bodybuildé, Florent Manaudou a brillé au sommet de la natation française, comme sa sœur Laure avant lui, mais comme elle, il a été rattrapé par l'usure du quotidien d'un nageur de haut niveau.

Laure Manaudou a annoncé sa retraite sportive par deux fois: en 2009, avant un come-back en 2011, puis en 2013, de façon définitive. Son petit frère, qui aura 26 ans le 12 novembre, n'en est pas là et assure vouloir simplement "faire une parenthèse".

"Je veux me donner les conditions du ressourcement", a-t-il expliqué en exclusivité à l'AFP, mardi dans un communiqué.

Malgré des jeux Olympiques de Rio décevants (deux médailles d'argent, sur 50 m nage libre, dont il était tenant du titre, et sur relais 4 x 100), Manaudou reste l'icône de la natation française.

L'an dernier, à Kazan (Russie), il a même dépassé sa sœur en raflant trois médailles d'or sur un même championnat du monde: 50 m libre, sa distance de prédilection, 50 m papillon (non olympique) et relais 4x100 m. Son aînée s'était arrêtée à deux en 2007 (200 et 400 m nage libre).

Dans l'ombre écrasante de sa sœur, Florent Manaudou s'est fait un prénom en 2012, aux JO de Londres, en remportant à la surprise générale l'or olympique sur 50 m libre.

- Puberté tardive -

Il n'avait que trois ans quand il est allé à la piscine pour la première fois. "Gamin, c'était une pile atomique ! La compétition est venue rapidement, dans le tourbillon de Laure", avait raconté l'an dernier à l'AFP son père Jean-Luc Manaudou, ancien joueur et dirigeant de handball.

C'est d'ailleurs vers ce sport que son fils compte se tourner durant la parenthèse à venir: il a commencé à s'entraîner avec l'équipe 2 du club d'Aix-en-Provence, non pas pour y faire carrière mais pour "trouver une source de plaisir".

Florent a 14 ans quand Laure devient championne olympique en 2004 à Athènes. Il la regarde avec des étoiles plein les yeux.

Mais l'adolescent se désespère. Loin de l'Hercule qu'il est aujourd'hui, il ne grandit pas, tarde à faire sa puberté et finit toujours 2e ou 3e sur les compétitions.

"On lui disait: +Un jour, tu seras grand et tu iras vite, c'est sûr. Tu seras polyvalent aussi, et là ça va changer, tu vas gagner+", selon son père.

Il s'entraîne alors sous la direction de son frère Nicolas dans le club familial d'Ambérieu-en-Bugey (Ain), pendant six ans. En avril 2011, il décroche sa première sélection en équipe de France.

Il décide alors de partir s'entraîner à Marseille, où sa sœur est installée. Un an après, il est champion olympique.

- 'Beau gosse' -

Lors des Mondiaux-2013 à Barcelone, il passe à côté de son premier titre mondial individuel. L'entraîneur cher à ses yeux, James Gibson, est rentré chez lui en Angleterre en début de saison. Et l'année a été marquée par la perte en avril de son meilleur ami, tué dans un accident de moto.

"L'approche du 1er avril est toujours un moment compliqué à gérer émotionnellement. Il a un spleen lié à ce souvenir", selon Jean-Luc Manaudou.

Effectivement, en avril 2014, Florent Manaudou veut tout envoyer balader. Finalement, il poursuit sa route sportive et à l'Euro en août c'est le feu d'artifice: quatre médailles d'or. Le début d'une période faste, jusqu'à la déception de Rio.

Phénomène de la nature (1,99 pour 99 kilos), Manaudou aime tout contrôler et déteste perdre. Depuis son arrivée à Marseille, il dit avoir pris 15 kg de muscles, grâce notamment à la créatine, une substance autorisée qu'il ne se cache pas d'avoir utilisée.

Sous contrat avec l'armée, ce "beau gosse", comme aime à le dire son père, fait souvent la une des magazines, collectionne les contrats publicitaires et est devenu un people.

Ce qui a visiblement joué dans son envie de prendre du recul: "Le système dans lequel j'évolue entraîne une forte pression médiatique et je ne veux pas que cette dernière vienne gâcher mes chances de donner à nouveau un jour une autre médaille olympique à la France".

À la une

Sélectionné pour vous