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JO-2016: l'Inde à la peine faute d'équipements à la hauteur

Au royaume du cricket, les JO ne font pas rêver la population: sur un vieux ring installé au milieu d'un terrain poussiéreux, l'élite de la boxe indienne s'entraîne pourtant dur avec l'espoir d'étoffer le maigre palmarès olympique du pays, malgré ces équipements sommaires.

Rohit Tokas et d'autres boxeurs de niveau national s'entraînent sur ce ring en plein air, dans un complexe de temples hindous au coeur de New Delhi. Mais uniquement tôt le matin et tard le soir, quand la chaleur recule un peu.

Depuis qu'il a échoué à se qualifier pour les JO, lors d'une compétition à Rio, Tokas est convaincu que l'Inde doit améliorer ses centres d'entraînement pour espérer un jour conquérir des médailles.

"L'essentiel est d'avoir de meilleures installations", dit ce poids léger qui s'entraîne avec des haltères rouillées dans une pièce miteuse.

"Ce que j'ai vu à Rio a été une révélation. La façon dont ils abordent l'entraînement est complètement différente de nos exercices routiniers", dit-il à l'AFP. "La diététique et l'approche sont très différents".

L'académie privée Baba Gang Nath rassemble des boxeurs, lutteurs, judokas et volleyeurs déterminés à représenter l'Inde.

Mais le secrétaire général de l'Indian Olympic Association (IOA) Rajeev Mehta regrette le peu d'empressement de l'Etat à améliorer les équipements.

- Bilan famélique aux Jeux -

L'Inde, pays passionné quasiment exclusivement par le cricket, n'affiche que 26 médailles gagnées en 23 apparitions aux JO, bilan famélique pour le deuxième pays le plus peuplé du monde.

"Nos sports souffrent du manque d'infrastructures. Nous ne sommes rien par rapport aux Etats-Unis, à la Chine, la Grande-Bretagne ou les Pays-Bas", regrette M. Mehta à l'AFP.

Le ministère des Sports a fixé un objectif de 10 médailles à Rio, après en avoir décroché six à Londres, un record pour le pays.

Le gouvernement avait qualifié les JO-2012 de succès, mais certains déplorent un résultat bien faible pour un pays qui se développe rapidement et peut compter une population de 1,25 milliard d'habitants.

Même l'équipe de hockey sur gazon, pourtant très suivie, est à la peine. Le manque de terrains au standard international empêche les jeunes talentueux de sortir du lot pour conquérir une place en équipe nationale.

"Beaucoup de stades ne disposent pas de terrain en synthétique ou de stade couvert. Espérer un bon résultat dans ces conditions relève de l'impossible" , dit M. Mehta, en soulignant que les Pays-Bas disposent de quelque 1.300 terrains synthétiques pour 17 millions d'habitants. "Comparez avec l'Inde qui dispose de 87 terrains synthétiques, dont 13 à 14 sont inutilisables!".

L'équipe indienne de hockey sur gazon, qui domina longtemps son sport avec huit médailles d'or olympique, dont la dernière en 1980 à Moscou, a terminé dernière à Londres. Mais sa médaille d'argent lors du récent Trophée des champions lui a redonné un peu d'espoir.

Un porte-parole du ministère des Sports a assuré que le gouvernement faisait un effort "sans précédent" pour ses athlètes, en particulier au niveau des infrastructures.

"Nous avons déjà dépensé 1,2 milliard de dollars pour préparer Rio. Le résultat de ces efforts est que nous avons un nombre sans précédent de qualifiés", a dit ce porte-parole à l'AFP, en précisant que la délégation indienne serait forte de plus de cent sportifs au Brésil.

- L'exemple de Vijender Singh -

Les inquiétudes sur les équipements ont été illustrées lors de l'Indian Grand Prix d'athlétisme en avril à Delhi, quand une coupure de courant a perturbé la compétition, pourtant qualificative pour les JO.

Les organisateurs avaient dû utiliser des chronomètres manuels, faute de chrono électronique, et n'avaient pu mesurer la vitesse du vent. Conséquence: les temps n'ont pu être homologués pour les minimas olympiques et les athlètes ont dû tenter de se qualifier lors d'un autre meeting.

Et c'est sans compter avec l'air vicié de Delhi, capitale la plus polluée du monde. "Nous avions le souffle court et les équipements ici ne sont pas exceptionnels", rappelle l'un d'eux à l'AFP, sous couvert d'anonymat, après avoir échoué à se qualifier pour les Jeux.

Malgré ces obstacles, les sportifs de l'académie Baba Gang Nath tentent de faire face.

"Je constate la grande différence entre l'entraînement de nos athlètes et la préparation des sportifs étrangers, mais je me tiens au courant des méthodes modernes via internet", dit Rahul Rathi, autre boxeur de niveau national, à l'AFP.

L'entraîneur Naveen Tokas estime qu'il est tout aussi important de motiver ses jeunes que d'obtenir de nouveaux équipements.

"Nous leur racontons les histoires de stars comme Vijender Singh, les défis qu'il a surmontés, lui qui vient du bas de l'échelle sociale", dit-il en référence à ce boxeur, venu d'une famille pauvre d'un milieu rural et qui a remporté le bronze à Pékin avant de devenir professionnel.

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