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Patinage: Papadakis et Cizeron, l'or mondial pour les poètes de la danse sur glace

Les jeunes français Gabriella Papadakis et Guillaume Cizeron, danseurs sur glace à la force émotionnelle rare, ont décroché leur première médaille mondiale, l'or, vendredi à Shanghai, dernière étape cette saison d'une ascension fulgurante dans le gotha du patinage artistique.

Vainqueurs de leurs deux Grands Prix puis troisièmes de la Finale du Grand Prix en décembre, ils ont été sacrés champions d'Europe il y a deux mois à Stockholm, passant en une saison de quinzièmes à premiers. Du jamais vu.

Une progression spectaculaire qui s'est poursuivie à Shanghai où les jeunes duettistes se sont offert le titre en perpétuant la tradition française de la danse sur glace. Ils sont les premiers champions du monde français depuis sept ans, toutes catégories confondues.

Papadakis, 19 ans, et Cizeron, 20 ans, ont totalisé 184,28 points devant les Américains Madison Chock et Evan Bates (181,34) et les Canadiens Kaitlyn Weaver et Andrew Poje (179,42).

Ils sont restés de longues secondes serrés l'un contre l'autre sur la glace après leur performance, devant quelque 15.000 personnes qui sont passées du silence ébahi aux sifflements d'admiration tout au long d'un programme libre ensorcelant.

Quatrièmes après le programme court, les Français ont fait la différence avec ce libre (112,34 pts). Il a été monté en quatre jours par l'un de leur trois entraîneurs à Montréal, Marie-France Dubreuil, sur l'adagio du concerto pour piano N.23 de Mozart.

- 'Les yeux fermés' -

"C'est une poésie sur glace", se félicite Dubreuil. "Ca commence, ça finit, il y a un truc qui se passe sur la glace, chaque personne qui le regarde ressent un truc différent, on est capable de rattacher une partie de notre vie à ce qu'ils nous donnent comme émotion."

Le mari de Dubreuil, qui entraîne aussi les deux prodiges avec Romain Haguenauer, met en avant une connexion exceptionnelle entre les deux patineurs.

"On se sent comme des voyeurs. L'un fait danser l'autre, il y a une interaction. C'est leur univers et nous on est à l'extérieur et on regarde un couple patiner", explique le Canadien Patrice Lauzon.

Une connexion qui est le fruit de leurs déjà dix années de patinage ensemble, de leur grande complicité et de leur âme d'artiste.

Quel flair à eu la maman de Gabriella, Catherine Papadakis, de les associer dans la patinoire de Clermont-Ferrand!

Quelques années plus tard, ils se sont posés durant trois ans à l'école de danse de Lyon avant de partir s'installer l'été dernier à Montréal pour suivre leur entraîneur, Romain Haguenauer.

- Amodio sur le bon chemin -

"Ils ont un rapport l'un à l'autre qui est facile et naturel, presque inné. Ils arrivent à se suivre les yeux fermés, à se deviner les yeux fermés. C'est quelque chose qui prend du temps à acquérir en patinage, en danse, et ça joue vraiment en leur faveur", commente Dubreuil, pour qui les deux patineurs sont "un rêve" à entraîner.

Papadakis et Cizeron ne s'embrouillent jamais, sont très respectueux l'un de l'autre, se comportent comme des professionnels et rigolent comme s'ils étaient toujours les mêmes gamins.

Papadakis, à la grâce naturelle, est une rêveuse, passionnée de lecture - elle est étudiante en lettres - qui a aussi dans son coeur la culture grecque de par son père, restaurateur au Texas.

Cizeron, charismatique sur la glace mais discret dans la vie, est passionné d'art, même s'il a consenti dernièrement à des études de management, histoire d'avoir un diplôme. Ce cadet d'une fratrie de trois enfants, dont les parents sont professeurs à l'université, a toujours sur lui un carnet de dessin et un stylo.

La France, elle, tient enfin ses nouveaux grands champions.

Lui, rêve de remonter sur les podiums. Après presque deux ans de descente aux enfers, Florent Amodio s'est remis sur le bon chemin en passant enfin un quadruple saut.

Il s'est classé 7e (80,84), à 15 points du sensationnel japonais, Yuzuru Hanyu (95,20), tenant du titre olympique et mondial.

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