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Top 14: Botia, le couteau Fidjien de La Rochelle

Redouté au centre où il fait des ravages, l'international fidjien Levani Botia, en élargissant sa palette au poste de flanker, donne encore davantage d'options à La Rochelle, ambitieux demi-finaliste du Top 14 opposé vendredi soir à Toulon.

On a souvent tendance à abuser du terme +facteur X+ pour les joueurs capables de faire la différence à eux tout seul. Il n'est cependant pas galvaudé concernant Botia, qui affole le Top 14 depuis trois ans qu'il le fréquente.

Les dégâts qu'il peut causer ont souvent fait le tour des réseaux sociaux: percussions, raffuts, crochets, commotions cérébrales, bon nombre de ses opposants direct ont fini les genoux à terre ou titubant, à l'image de l'arrière palois Frédéric Manca lors d'une demi-finale d'accession de Pro D2 mémorable en 2014. Ou de l'ailier toulousain Alexis Palisson le 5 mars, s'affalant sur l'arbitre-assistant.

Et quand ces derniers le laissent finalement passer, ce dynamiteur originaire de la province de Nadroga et arrivé à La Rochelle à 25 ans comme joker médical finit souvent dans l'en-but adverse.

C'est arrivé seize fois toutes compétitions confondues depuis qu'il a rejoint la France en 2014, le tout en étant absent six mois l'an dernier après une opération des ligaments croisés d'un genou.

Un ancien coéquipier rochelais, l'ouvreur Fabien Fortassin, ravi de retrouver l'élite en 2014, avait décrit Botia (1,82 m pour 103 kg) comme "un phénomène à qui l'on doit une fière chandelle". Un autre, le demi de mêlée Julien Audy, l'avait surnommé "mon sniper, car en deux cartouches, il les refroidit".

"C'est un +match winner+ idéal, oui, mais qui est mis sur orbite par quatorze mecs", tentait de tempérer l'entraîneur Patrice Collazo après ses débuts remarqués.

- Retrouvailles avec Bastareaud -

Certes, mais à force de perforer et performer, Botia, ancien gardien de prison aux Fidji, qui a caché à sa femme, au début de leur relation, qu'il était rugbyman, jugeant que ce n'était pas un vrai métier, est devenu le chouchou du stade Marcel-Deflandre.

Lequel gronde à chaque fois qu'il intervient dans la ligne, en attaque ou en défense, avec son bandeau blanc parfois maculé du sang de ses adversaires.

Travailleur, devenu indispensable, Botia, qui a gommé son indiscipline (cinq cartons jaunes et un rouge reçus en 2014-2015) se plait dans la cité maritime. A tel point qu'il a prénommé Rochelle sa dernière fille, née en France, et qu'il a prolongé son contrat jusqu'en 2020, certain de grandir encore au sein d'un club qui ne cesse de monter en grade.

Mais pour décrocher un premier trophée et justifier son statut de meilleure équipe de la saison, le Stade Rochelais devra passer sur le corps de Toulon, quatre mois après l'avoir battu sur sa pelouse (19-14).

Un match au cours duquel Botia avait été "éteint" après vingt minutes de jeu par un autre monstre physique, Mathieu Bastareaud, sur une violente charge.

Les retrouvailles au Vélodrome promettent d'être savoureuses à moins que Collazo, habitué des ruses, ne fasse glisser sa perle en troisième ligne, où ses qualités ont aussi fait impression depuis début mars.

"La polyvalence, c'est toujours pensé et réfléchi, rappelait l'entraîneur jaune et noir la semaine dernière. C'est toujours dans une notion stratégique et pour donner une plus-value à l'équipe, ce n'est jamais par défaut."

"Pour être polyvalent, il faut d'abord être indiscutable à un poste sinon on est l'éternel couteau suisse", ajoutait-il. Indiscutable, Botia l'est assurément.

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