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Fusion Racing 92/Stade Français, des obstacles à franchir

En grève! Vent debout contre la fusion avec leur rival du Racing 92, les joueurs du Stade Français ont décidé mardi de plus s'entraîner et de ne pas disputer de match, et ce dès samedi face à Castres en Top 14 de rugby.

Ils n'auront pas mis longtemps à passer à l'action. Vingt-quatre heures après l'annonce surprise de la fusion par leur président Thomas Savare et celui du Racing Jacky Lorenzetti, le deuxième ligne Pascal Papé, au Stade Français depuis 2007, a déclaré que "99,8%" des joueurs de la formation parisienne avaient "décidé de déposer un préavis de grève".

Ils demandent l'annulation du projet de fusion, qui doit être effectif dès la saison prochaine.

"Les joueurs ont exercé leur droit syndical et ont adressé à leur employeur un préavis illimité à partir de ce (mardi) soir, leur seul moyen d'exprimer leur désaccord" a précisé Robins Tchale-Watchou, président du syndicat des joueurs de professionnels (Provale), devant la presse, aux côtés de Papé au sortir d'une réunion au stade Jean-Bouin à Paris.

A la question de savoir si cette grève signifiait que les Parisiens ne joueraient pas contre Castres samedi, Tchale-Watchou a répondu:? "oui, et si cela doit durer encore un mois, cela durera encore un mois". Et le cas échéant jusqu'à la dernière journée du Top 14, le week-end du 6 mai.

-'Rachat', 'mort déguisée'-

Selon Papé, les joueurs et le personnel administratif du Stade Français sont "moralement touchés par cette annonce du président Savare, décidée en sa seule voix et celle de son futur patron Jacky Lorenzetti, de fusionner."

"Pour nous ce n'est pas le mot: c'est une absorption du Stade Français par le Racing" a poursuivi le deuxième ligne, âgé de 36 ans, avant de parler de "rachat" synonyme de "mort déguisée de notre club".

"On s'est fait avoir, c'est quelque chose de très dur à avaler. On a appris en même temps que la presse que notre club allait fusionner, être absorbé" a poursuivi Papé, estimant qu'"on (parlait) d'humains, pas d'immobilier, de planche à billets".

Le deuxième ligne a également dénoncé "une absurdité", "un scénario de Groland", émission satirique de Canal+.

"C'est ça: on est dans un autre monde, que seules deux personnes veulent contrôler. Ce n'est pas possible dans notre sport, avec les soi-disant valeurs qu'on véhicule" a-t-il estimé.

"C'est un délire de riches complet" qui "bafoue 134 ans d'histoire, on ne peut pas jouer avec l'histoire" a encore grincé Papé, élu en décembre membre du Comité directeur de la Fédération française de rugby (FFR), après la victoire de la liste conduite par Bernard Laporte.

-'Equité'-

Robins Tchale-Watchou, président de Provale devait se rendre dans la foulée au comité directeur de la Ligue nationale de rugby (LNR), réuni mardi et mercredi.

Il comptait demander au président de la LNR, Paul Goze, "des explications, une prise de position: pour ou contre cette fusion ? Il faudra dans les deux cas qu'il assume".

Le président de Provale s'est également interrogé sur "l'équité des compétitions", puisque la 25e journée le week-end du 29 avril verra s'opposer le Racing et le Stade Français. Le club des Hauts-de-Seine pourrait y jouer une partie de sa qualification pour la phase finale du Championnat et en Coupe d'Europe.

"La Ligue est en charge de l'équité du championnat, elle ne peut pas assister de façon neutre à cela", a ajouté Tchale Watchou, deuxième ligne de Montpellier.

Contactée par l'AFP, la LNR n'avait pas réagi mardi en début de soirée.

Ce mouvement de grève, qui constitue une première depuis l'instauration du professionnalisme en 1995, survient au lendemain de l'annonce surprise de la fusion entre le Stade Français et le Racing 92, par les deux présidents Thomas Savare et Jacky Lorenzetti.

Les deux hommes ont annoncé la fusion, dès la saison prochaine, de leurs deux équipes professionnelles.

Ils ont prévu d'assumer une présidence tournante biennale de l'entité: Savare sera président du conseil de surveillance les deux premières années et Lorenzetti dirigera le directoire avant un échange des deux rôles.

La gestion sportive sera confiée aux actuels entraîneurs du Racing, Laurent Travers et Laurent Labit. Le poste de directeur général reviendra à Pierre Arnald (Stade Français).

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