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Fusion Racing 92/Stade Français: un mariage qui divise

Coup de tonnerre dans le rugby français! Le Racing 92 et le Stade Français, les deux derniers vainqueurs du Top 14, ont annoncé lundi la fusion de leurs équipes professionnelles dès la saison prochaine, une union mal accueillie par certains joueurs.

"C'est Thomas (Savare, le président du Stade Français, ndlr) qui en a parlé le premier, il y a huit mois", a assuré en conférence de presse Jacky Lorenzetti, président du Racing 92, qui dit avoir eu une "révélation": "C'était la meilleure solution pour pérenniser nos deux clubs".

Le modèle arrêté est simple: les deux équipes professionnelles fusionnent.

Les deux hommes assumeront une présidence tournante biennale de l'entité: Savare sera président du conseil de surveillance les deux premières années et Lorenzetti dirigera le directoire avant un échange des deux rôles.

La gestion sportive sera confiée aux actuels entraîneurs du Racing, Laurent Travers et Laurent Labit. Le poste de directeur général reviendra à Pierre Arnald (Stade Français).

Cette prépondérance du Racing dans ce projet a soulevé de nombreuses interrogations.

"Je n'ai pas de légitimité pour commenter une opération commerciale, le rachat du Stade Français par le Racing, parce que c'est bien un rachat, c'est juste rhabillé en fusion. C'est un échange d'argent et c'est Savare qui touche", a grincé Mourad Boudjellal, le président du RC Toulon, auprès de l'AFP.

Surtout, l'annonce de la fusion a soulevé la colère des joueurs du Stade Français. Informés dans la matinée, ils se sont ensuite réunis dans un restaurant de la banlieue ouest, avant d'appeler à un rassemblement au stade Jean-Bouin en début de soirée.

-'45 joueurs+45 joueurs = 45 joueurs'-

Là, sur la pelouse, en présence d'une centaine de supporters, l'international Pascal Papé, Parisien depuis 2007, a pris la parole, pour dénoncer "la mort programmée du club". Il était entouré d'une quinzaine de coéquipiers, parmi lesquels Jules Plisson, Antoine Burban ou Hugo Bonneval.

Côté Racing, le centre Henry Chavancy, au club depuis l'école de rugby, a tweeté: "J'ai beau vérifier, on n'est malheureusement pas le 1er avril".

Pour défendre leur projet, les deux acteurs de la fusion, les présidents Savare et Lorenzetti, assurent vouloir "devenir une référence dans le rugby hexagonal et au-delà".

"Le Racing a une moyenne de 8.000 spectateurs, le Stade Français 12.000, donc nous pouvons envisager de tourner à plus de 20.000", a calculé Lorenzetti lors d'une conférence de presse commune en fin d'après-midi.

Au-delà des spectateurs, les deux clubs comptent également additionner les partenaires. Mais pas les joueurs.

"45 joueurs d'un côté plus 45 joueurs de l'autre = 45 joueurs", a compté Lorenzetti. "Il faudra laisser le temps à ceux qui ne pourraient pas faire partie de l'aventure de trouver un autre club".

- Quel stade ? -

Quant à l'épineux problème du stade d'accueil de la future équipe, il n'a visiblement pas été tranché.

Propriété de la mairie de Paris, le stade Jean-Bouin (XVIe arrondissement), où évolue le Stade Français, qui s'entraîne au sud-ouest du Bois de Boulogne, a été rénové en 2013 et peut accueillir 20.000 spectateurs dans sa configuration actuelle. Le Racing 92, qui se prépare au Plessis-Robinson, attend la livraison d'une nouvelle enceinte de 32.000 places en fin d'année 2017 à Nanterre.

"L'Arena (à Nanterre) est plus une salle de spectacle qu'un stade de rugby", a estimé Lorenzetti, avant de préciser: "Jean-Bouin sera utilisé".

La maire (PS) de Paris, Anne Hidalgo, a exprimé pour sa part sa "vive inquiétude" et "déploré le fait que les collectivités, les partenaires et les joueurs n'aient pas été associés à cette réflexion".

Côté sportif, la fusion des deux clubs devrait entraîner de facto la disparition d'une équipe du Top 14, et par ricochet le maintien du 13e (actuellement Grenoble) en fin de saison.

La Ligue nationale (LNR), qui "accompagnera les deux clubs dans leur projet de fusion", a annoncé que la question sur les montées et les descentes figurerait au programme de son Comité directeur, réuni mardi et mercredi.

Quant à la FFR, qui s'est dite dans la soirée "choquée" d'apprendre cette fusion par voie de presse, elle a précisé qu'elle "suivra avec la plus grande attention ce dossier", notamment concernant "la protection" des salariés des clubs. A ce titre, elle rencontrera les joueurs du Stade Français mardi après-midi à leur demande.

Clin d’œil de l'histoire, le dernier derby entre les deux clubs est programmé le 29 avril au stade Jean-Bouin en championnat. Une rencontre potentiellement décisive pour la qualification pour le Racing 92 et pour le maintien dans l'élite pour le Stade Français.

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