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La F1 a changé de propriétaire: le spectacle va-t-il enfin revenir ?

Les responsables de Liberty Media, nouveau propriétaire de la F1, ont accéléré le départ de son patron légendaire, Bernie Ecclestone afin --de leur propre aveu-- de développer un spectacle perfectible et surtout de doper le potentiel marketing du plus prestigieux des sports automobiles.

"C'est un grand sport, mais (...) il peut être amélioré. Nous avons besoin d'un nouveau départ", a estimé mardi sur la BBC Chase Carey, ancien boss de Century Fox, devenu en septembre le patron désigné de la F1 pour le groupe de communications américain Liberty Medias, son nouveau propriétaire. "Nous n'avons pas d'autre ambition que d'en faire un sport fantastique pour les fans."

En clair, les repreneurs annoncent une révolution culturelle dans un sport historiquement régi par les Européens.

"Il y a longtemps qu'un changement était nécessaire. M. Carey, je vous souhaite beaucoup de succès pour rendre sa grandeur à notre sport", a tweeté le champion du monde Nico Rosberg à l'annonce de l'éviction d'Ecclestone, 86 ans, qui devait accompagner la transition durant trois saisons mais a été remercié lundi, avec un poste de président d'honneur.

"Je pense que Liberty Media peut apporter un peu de piment. Ils peuvent peut-être américaniser tout ça. Ce sont des experts du show business. Et c'est ce dont nous avons besoin maintenant", a précisé le jeune retraité auprès de l'agence allemande SID.

Des courses plus nombreuses et lisibles

La bascule vers l'entertainment' de la Formule 1 aux audiences érodées ces dernières années, est anticipée par les acteurs du milieu. "Une autre époque commence. Tout va changer. C'est une chance pour nous tous. Les Américains savent ce qu'il faut faire pour créer de 'l'entertainment' sans perdre de vue l'aspect sportif", estime ainsi Toto Wolff, patron de l'écurie Mercedes, toujours auprès du SID.

"Alors que Bernie a (...) développé le sport dans des marchés émergents, Liberty va probablement s'attacher à développer l'audience aux Etats-Unis, grâce aux médias traditionnels et en ligne, ce qui devrait encore plus augmenter l'attrait de ce sport pour les marques (...) et les nouvelles générations", a renchéri auprès de l'AFP Alex Kelham, chargé du sport business dans le cabinet d'avocats britannique Lewis Silkin.

Sur les pistes, qui devraient être plus nombreuses à accueillir des Grand Prix (environ 25 contre une vingtaine aujourd'hui), les choses vont donc changer pour éviter le phénomène décrit par Ross Brawn à la BBC: Regarder une course "sans être certain de savoir ce qu'il se passe."

Ce dernier, ancien directeur de Ferrari, a été recruté par Carey pour étudier les améliorations à apporter au réglement des courses afin d'éliminer les scories qui gachent le spectacle. "Nous voulons que la course soit un grand spectacle (divertissant) du début à la fin", appuie le nouveau boss des circuits.


Une gouvernance toilettée 

Une évolution qui devrait satisfaire les diffuseurs, confrontés à des audiences en baisse ces dernières années, à l'image de ce responsable de RTL Allemagne: "Nous avons constamment insisté (...) sur le fait que le règlement est trop compliqué et illisible. Il pose plus de questions qu'il n'apporte de réponses simples. Et ce n'est pas bon, parce que ça laisse les téléspectateurs sur la touche".

L'ex-champion du monde Damon Hill est l'une des rares voix attentistes au coeur du concert de satisfecits. "L'une des inquiétudes, c'est que l'on introduise trop de nouveaux artifices afin d'améliorer l'attrait du sport. Ce qui fait l'attrait de la F1 c'est que c'est le meilleur de la compétition automobile et les meilleurs pilotes dans les courses les plus féroces partout dans le monde. Fondamentalement, le principe du sport est bon", croit le Britannique.

Parallèlement aux courses, la structure de gouvernance de la F1 devrait elle aussi évoluer vers une transparence et une pluralité accrue après quarante ans de "dictature" ecclestonienne, selon les propres mots de Carey.

Les écuries, que Liberty Medias a proposé d'associer au capital de la F1, "vont avoir l'opportunité de renégocier certains points sur lesquels Bernie Ecclestone n'a jamais voulu bouger", estime ainsi Alex Kelham.

Des écuries souvent amères et désinhibées par le départ du patriarche anglais à l'image de Monisha Kaltenborn, directrice générale de Sauber, dont elle détient un tiers des parts: "Le spectacle n'est pas bon, les fans sont partiellement insatisfaits, des sponsors potentiels restent en retrait, parce qu'ils ne savent pas si les règles de bonne gouvernance sont appliquées, des organisateurs en Europe ont des difficultés à financer les courses, et certains privilèges accordés à certaines écuries contreviennent au droit européen de la concurrence".

Stop! La barque d'Ecclestone est pleine! Le spectacle de la F1 à la sauce US peut commencer.

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