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GP du Canada: l'écurie McLaren bloquée avec Honda l'an prochain?

L'écurie McLaren, qui vit le pire début de saison de son histoire, est-elle condamnée à poursuivre sa collaboration moribonde avec le motoriste japonais Honda l'an prochain, faute d'alternatives?

Sur le circuit Gilles-Villeneuve, la vision d'une McLaren-Honda à la peine dans la ligne droite après quelques hectomètres et se faisant dépasser est devenue routinière dimanche.

Malgré son coup de volant unique qui l'avait placé en dixième position, Fernando Alonso, pilote le mieux payé du plateau, a été contraint de s'arrêter à deux tours de l'arrivée.

Le double champion du monde espagnol, excédé, a quitté sa monoplace pour s'offrir un bain de foule en tribune.

Depuis sa fondation en 1963 par Bruce McLaren, la structure basée à Woking est un mythe de la F1, seulement devancée par Ferrari au nombre de titres constructeurs, et qui a également remporté les 500 Miles d'Indianapolis et les 24 Heures du Mans.

Mais avec aucun point en sept courses, elle connaît son pire début de saison.

Dès les essais de pré-saison à Barcelone, les gros ennuis sont apparus sur le moteur, avec des fuites en pagaille.

"Elle n'est pas mal née, elle est mort-née!", persifle un cadre de Mercedes à propos de la MCL32.

Les casses du bloc propulseur s'enchaînent depuis avec une telle régularité qu'on ne peut pas parler de malédiction.

Pas fiable, pas rapide, l'unité de puissance Honda est, c'est un comble, extrêmement gourmande dans sa consommation d'essence.

Logiquement, elle est devenue le sujet des moqueries les plus diverses.

"Vends McLaren-Honda 2017 quasi neuve, échange possible contre un scooter", pouvait-on lire samedi à Montréal sur un panneau tendu par un facétieux spectateur.

- Pénalités -

"Peut-être que l'équipe n'a pas encore digéré le départ de Ron Dennis?", s'interroge un ingénieur de Force India.

D'ordinaire un peu sanguin, le directeur sportif de McLaren, le Français Eric Boullier est devenu à force un rien fataliste.

Car le directeur exécutif Zak Brown a beau tempêter, jusqu'à fixer un ultimatum à 90 jours, les options de remplacement sont limitées.

Une alliance contre-nature avec Ferrari est exclue, comme sans doute avec Renault, dont l'écurie est dominée par Red Bull, client du moteur français.

Audi, qui quitte l'endurance, ne devrait pas arriver en F1 avant 2021, si tant est que la filiale de Volkswagen le décide.

Et surtout le contrat avec Honda court a priori jusqu'en 2024, et ne peut être dénoncé sans des pénalités exorbitantes.

Le motoriste nippon, qui verse une partie des salaires des pilotes, est totalement incapable de redresser la barre en proposant un V6 turbo hybride depuis trois ans.

Il fallait voir vendredi le visage défait, en conférence de presse, du directeur du programme F1 de Honda, Yusuke Hasegawa.

- Course de bateaux -

Du côté de Honda, on indique avoir d'ores et déjà commencé à travailler sur la saison prochaine lors de laquelle entrera en vigueur un accord conclu avec Sauber, actuellement fourni par Ferrari. De quoi effrayer la modeste écurie suisse, qui se voit souvent octroyer par ses équipementiers leur moteur de l'année précédente.

"Nous avons bon espoir qu'ils redressent la barre", dit la patronne de Sauber, Monisha Kaltenborn, qui n'a pas vraiment le choix en la matière, puisqu'elle pourrait en outre se voir imposer un pilote japonais.

Chez McLaren, ceux qui pensaient que reformer l'association fructueuse de l'époque Senna-Prost suffirait à retrouver les sommets en sont pour leurs frais.

La Formule 1 est un monde cruel qui ne permet que très rarement d'être et d'avoir été, surtout à trois décennies de distance.

Si le divorce semble probable avec Honda, il semble inéluctable avec Alonso qui décidera d'ici septembre de son avenir.

"Je resterai si la voiture se met à gagner d'ici là", a-t-il confié jeudi.

McLaren a remporté samedi la course de bateaux pneumatiques entre écuries, une tradition remise au goût du jour cette année, mais son esquif était propulsé, il est vrai, non par un moteur Honda mais par de simples rames.

"On a gagné, il peut rester", plaisantait à demi Eric Boullier au sujet des exigences de son pilote vedette.

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