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Coupe Davis: "Il vaut mieux un Noah pour encaisser tout cela", estime Loth

Yannick Noah, qui conduit une équipe de France "pas facile à gérer", est le mieux placé pour "encaisser" la pression de la Coupe Davis, estime Jean-Paul Loth, ancien capitaine des Bleus (1973 puis 1980-1987).

Gérer la génération des Tsonga, Gasquet et consorts, "ce n'est pas de la tarte" ajoute le consultant de télévision (depuis près de 40 ans) dans un entretien accordé à l'AFP.

Q: Quel genre de capitaine étiez-vous?

R: "Mon capitanat était différent de celui de Yannick (Noah) et d'Arnaud (Clément, ex-capitaine). Je me déplaçais quasiment toute l'année avec les joueurs. On ne pouvait pas me reprocher de ne pas être au courant de leur état de forme. J'étais présent sur tous les tournois du Grand Chelem, ceux où il fallait apporter un soutien d'entraînement et ceux où la sélection se jouait. Cela me permettait d'avoir une idée de près. Ce n'est pas forcément une nécessité absolue pour le capitaine, mais c'en est une pour le joueur. Il ne faut pas laisser le doute planer dans sa tête. Car celui que vous ne sélectionnez pas trouve toujours cela injuste. C'est pire s'il a l'impression de ne pas avoir été assez évalué par le capitaine."

Q: Noah devrait-il être là plus souvent?

R: "Je pense que oui. Yannick est tout à fait capable de se faire une idée. Le problème, c'est le sentiment des joueurs. Même si Cédric Pioline (capitaine adjoint) est autant capable que lui, il n'en demeure pas moins que c'est le capitaine qui fait la sélection. Cela ne serait pas inutile qu'il passe quelques semaines de plus auprès des joueurs."

Q: Avez-vous été surpris par son retour sur la chaise?

R: "La façon dont cela s'est passé ne m'a pas plu. Je n'ai pas apprécié la manière avec laquelle Clément, qui n'avait pas toutes les clés, a été évincé. Mais Yann a conservé son image de grand capitaine, son charisme. Et quand le pays est en perdition, on pense d'abord à celui qui a le plus de compétences pour gérer les affaires. Il n'y a pas de critiques à faire sur lui."

Q: Qu'a-t-il apporté à l'équipe d'aujourd'hui?

R: "Rappelons qu'il a affaire à une équipe pas facile. Peut-être que celle-ci est néanmoins plus facile qu'avant avec les arrivées assez récentes de Lucas Pouille, Nicolas Mahut et Pierre-Hugues Herbert. Mais gérer les blessures de Richard Gasquet, celles de Jo-Wilfried Tsonga, les hésitations de Gaël Monfils à jouer, la situation de Gilles Simon, longtemps boudé parce que l'on considérait qu'il n'était pas un bon joueur de Coupe Davis... Ce n'est pas de la tarte! Lors de la demi-finale (contre la Serbie), certains ont demandé à Noah de ne plus leur parler pendant le match parce qu'il +embrouillait+ leur esprit. Tsonga, en l'occurrence, est revenu vers lui après coup et les choses se sont probablement arrangées. Mais ce n'est pas évident à gérer. Il vaut mieux un Noah pour encaisser tout cela. Je ne vois pas beaucoup de capitaines capables de gérer cela et une campagne de presse déchaînée."

Q: Pensait-il selon vous que ce serait plus simple?

R: "C'est une évidence. Mais il est face à une autre génération de joueurs que celles des Forget, Leconte, Pioline ou Boetsch. Il les connaît moins bien. Pendant des années, il était plus préoccupé par sa carrière musicale, même s'il continuait de suivre le tennis. Il faut avoir un charisme très particulier pour réussir. Je ne sais pas à quoi cela va aboutir en finale. S'il la gagne, tout ira bien. S'il la perd, ce sera autre chose."

Propos recueillis par Ludovic LUPPINO

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