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Dopage ou usage thérapeutique ? Le débat sur les corticoïdes reste vif

Le Mouvement pour un cyclisme crédible (MPCC) a relancé le débat sur l'usage des corticoïdes dans le sport, en déplorant une position "irresponsable" de l'Agence mondiale antidopage (AMA) qui les autorise sous condition. Retour sur une substance toujours controversée, à la frontière entre l'usage thérapeutique et le dopage.

. Question: Les corticoïdes, qu'est-ce que c'est ?

. Réponse: Les glucocorticoïdes, également appelés corticoïdes, sont naturellement sécrétés par l'organisme. Mais on les connaît surtout sous forme de médicaments anti-inflammatoires puissants, utilisables pour de nombreuses pathologies. Ils peuvent se prendre sous forme de comprimés, en injection ou en infiltration, sous forme de crèmes et pommades, aérosols, collyres etc... L'une des substances la plus connue est la prednisolone.

. Q: Pourquoi les sport est-il concerné par ces substances ?

. R: Les sportifs prennent des corticoïdes pour soigner des blessures, soulager l'asthme et de nombreuses douleurs. Mais c'est aussi un produit "qui va booster tous les systèmes fonctionnels", explique à l'AFP le médecin spécialiste du dopage, Gérard Dine, qui souligne sa présence dans tous les grands sports, comme le cyclisme, le football ou le rugby. "Dans l'histoire du dopage moderne, il y a eu après la Seconde guerre mondiale les amphétamines, puis dans la foulée les stéroïdes anabolisants et les corticoïdes", résume-t-il. "Très concrètement, ils permettent de reculer le seuil de la douleur", ajoute le président de l'association Athletes for Transparency, Pierre Sallet. Le problème, c'est que les corticoïdes ont à la fois des vertus thérapeutiques et, aux yeux de nombreux observateurs, des effets sur la performance. Et sur la santé aussi. "La combinaison des corticoïdes avec la déshydratation peut provoquer une insuffisance rénale aiguë", souligne Pierre Sallet. "Sur un trail, ça peut être catastrophique", insiste-t-il.

. Q: Que disent les règlements ?

. R: Dans la liste 2018 des produits interdits par l'AMA, les glucocorticoïdes font partie des substances interdites en compétition mais seulement s'ils sont administrés par voie orale, intraveineuse, intramusculaire ou rectale, à moins d'une autorisation à usage thérapeutique (AUT). Il est donc possible de les utiliser, en compétition et sans AUT, en infiltration intra-articulaire, par voie cutanée (pommade ou crème), ou encore par inhalation par exemple. Cette situation créé un certaine flou, car la détection des corticoïdes ne permet pas de distinguer comment a été pris le produit. Lorsque trois rugbymen du Racing 92, dont Dan Carter et Joe Rokocoko, ont été contrôlés positifs aux corticoïdes lors de la finale du Top 14 du 24 juin 2016, ils ont été blanchis un an plus tard après avoir démontré qu'ils avaient reçu une infiltration autorisée par le code pour soigner une blessure.

. Q: Pourquoi certains veulent aller plus loin ?

. R: "On sait que les corticoïdes peuvent être dangereux pour la santé et améliorent la performance", explique Roger Legeay, le président du MPCC, qui représente sept équipes du World Tour et 19 formations du Continental Pro (2e division). "Les données scientifiques indiquent que les effets sur la performance des glucocorticoïdes sont plutôt limités, et que, dans la plupart des cas, l'utilisation de glucocorticoïdes dans le sport est nocive pour les performances (et la santé), et cette conclusion se doit d'ailleurs de trouver un écho plus large", explique au contraire le directeur général de l'AMA, Olivier Niggli, dans une lettre datée du 13 octobre et adressée au MPCC. Une position qui ne satisfait pas tous les acteurs de la lutte antidopage, loin de là. "Si ça n'a pas d'effets sur la performance, pourquoi les interdire dans certains cas?", demande le président d'Athletes for Transparency. "Et si c'est nocif pour la santé, il faut les interdire", ajoute Pierre Sallet. C'est d'ailleurs la position qui sera adoptée en 2018 par l'International trail running association (Itra), qui chapeaute les plus grands trails du monde, indique-t-il. L'interdiction des corticoïdes fait aussi partie des promesses du nouveau président de l'Union cycliste internationale (UCI), le Français David Lappartient. Qui pourrait donc aller au-delà de la règlementation de l'AMA.

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