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Début avril, deux organisations juives de Belgique - le CCOJB et le Forum der Joodse Organisaties - s'inquiétaient dans courrier d'une "polarisation d'Etat" dans le positionnement du pays sur la guerre à Gaza. Elles reprochaient au Premier ministre Alexander De Croo "une hostilité forte à l'encontre d'Israël" depuis sa visite dans le pays en novembre avec son homologue espagnol. M. De Croo leur a répondu, le 24 avril, pour leur rappeler que "la critique du gouvernement d'extrême droite du Premier ministre Netanyahu doit être possible" et "sans jamais être réduite à une critique d'Israël".
Le CCOJB et le Forum der Joodse organisaties disaient notamment s'inquiéter de l'importation du conflit "au plus haut niveau de l'Etat" et déploraient "l'absence d'une empathie réelle" pour la communauté juive. Ils affirmaient juger insuffisante la stratégie belge de lutte contre l'antisémitisme et réclamaient la désignation d'un coordinateur national indépendant.
Dans sa réponse, rendue publique ce samedi, Alexander De Croo rappelle avoir, avec le reste du gouvernement et à plusieurs reprises, "fermement condamné la barbarie de l'attaque du Hamas". "Depuis lors, le gouvernement n'a eu de cesse de réclamer la libération de tous les otages sans condition."
Tout en sollicitant la compréhension des organisations juives à l'égard du "malheur qui frappe la population palestinienne à Gaza, où des milliers de civils innocents ont été tués", le Premier ministre réaffirme que l'antisémitisme demeure condamnable en toutes circonstances et dit prendre l'augmentation des actes antisémites en Belgique et ailleurs très au sérieux. Le pays a d'ailleurs renforcé les mesures de sécurité pour protéger la communauté juive et M. De Croo se dit favorable à la désignation d'un coordinateur national indépendant, comme demandé par les deux associations.
"Je m'inscris donc en faux contre la forte hostilité que vous me prêtez à l'égard d'Israël. Cette affirmation, je la réfute et je la trouve même dangereuse", écrit-il néanmoins. "La critique du gouvernement d'extrême droite du Premier ministre Netanyahu doit être possible, sans jamais être réduite à une critique d'Israël. J'irai même plus loin en disant que nous avons le devoir de critiquer un gouvernement où les extrémistes radicaux prônent la colonisation et le remplacement de population."
Le Premier ministre rappelle que "le gouvernement israélien n'a jamais mis sur la table une esquisse crédible de solution politiquement durable" et que "la violence et la répression massives conduisent à un radicalisme nouveau et plus grand encore".
"Nous avons besoin, à Ramallah comme à Jérusalem, de leaders responsables et empathiques pour parvenir à une solution à deux États et à une paix durable", conclut-il.