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Signé Giltay: moyens, surveillance, profil du détenu… comment l'attaque de fourgon survenue en Normandie aurait-elle pu être évitée?

200 gendarmes sont mobilisés en France pour retrouver Mohamed Hamra, l'homme qui s'est évadé hier dans l'attaque mortelle de son fourgon pénitentiaire en Normandie. 

Le monde judiciaire est profondément traumatisé par ce drame. L'Assemblée nationale a respecté hier une minute de silence en mémoire des deux agents pénitentiaires tués. Devant ce déferlement de violence, le ministère de la Justice envisage de renforcer les escortes de détenus. 

Les images de l'assaut sont dignes d'un film d'action parmi les plus violents. Ça s'est passé le matin, vers 11h, au péage d'Incarville sur l'autoroute A154 entre Rouen et Évreux. On voit une Peugeot 5008 noire apparaître dans le champ, à contresens. Elle s'encastre brusquement de face dans le fourgon qui transporte le détenu. Le second véhicule pénitentiaire, derrière lequel vient de s'abaisser la barrière du péage, s'immobilise à son tour. S'en suit une fusillade. D'un côté, les agresseurs, vêtus de noir et équipés d'armes de guerre type Kalachnikov. De l'autre, les agents pénitentiaires avec de simples armes de poing type Glock 9mm. David contre Goliath. 

Bilan : côté forces de l'ordre, deux morts et trois blessés grièvement atteints, dont l'un lutte pour sa vie. 

Ce matin, la colère a succédé à la stupéfaction et les agents pénitentiaires seront en grève, car le détenu n'était pas considéré comme particulièrement sensible et n'avait pas autour de lui une escorte préparée à ce type d'événement. 

En France, il y a quatre niveaux d'accompagnement pour ce genre de transfert. Là, nous étions dans le niveau 3. Seul le niveau 4 fait appel à des agents d'élite issus des équipes régionales d'intervention et de sécurité, ERIS, l'équivalent du GIGN. Eux auraient pu répondre aux assaillants avec leurs armes automatiques, et même, probablement, empêcher l'évasion. 

Le problème, c'est que sur le papier, Mohamed Hamra, surnommé La Mouche, ne faisait pas partie des délinquants les plus dangereux. Il n'était pas classé comme DPS, détenu particulièrement surveillé. Multi-récidiviste, il a été condamné à deux reprises pour vol et effraction à un total de quatre ans et demi de prison. Mais il est soupçonné d'être à la tête d'un trafic de drogue et il fait l'objet de deux instructions pour tentative de meurtre. L'une, menée à Marseille, pourrait lui valoir de très longues années de prison. Elle est ainsi libellée. Meurtre en bande organisée, enlèvement et séquestration d'otages, participation à une association de malfaiteurs en vue de la commission d'un crime. Bref, du très lourd qui aurait dû sûrement justifier une garde plus étoffée. 

Mais voilà, les budgets de la justice sont ce qu'ils sont. La grande inter-région de Normandie, Bretagne et Pays de la Loire ne compte que 50 agents ERIS. Rapporté au nombre d'extractions judiciaires, le chiffre est dérisoire. Face à l'augmentation du niveau de violence, il va falloir plus de moyens. Quoi qu'il en coûte. 
 

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