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La justice allemande a annoncé jeudi l'abandon des poursuites "pour complicité de meurtre" contre un ancien gardien de camp de concentration nonagénaire résidant aux Etats-Unis où il fait l'objet d'un mandat d'expulsion.
Pour le Parquet de Celle, en Basse-Saxe, l'enquête menée aux Etats-Unis n'a pas permis de démontrer "la complicité du suspect dans des cas concrets de meurtres".
Résidant aux Etats-Unis depuis 1959, Friedrich Karl Berger, 95 ans, est soupçonné par la justice américaine de s'être rendu complice de la mort de prisonniers alors qu'il était gardien dans le complexe concentrationnaire à Neuengamme, au sud-est de Hambourg, et dans un de ses camps extérieurs près de Meppen, en particulier lors d'une opération d'évacuation en mars 1945.
Le tribunal américain spécialisé dans les dossiers d'immigration avait décidé en mars de son renvoi vers l'Allemagne pour "avoir volontairement servi comme garde armé d'un camp de concentration où des persécutions ont eu lieu".
Si M. Berger a admis avoir gardé des prisonniers dans ces camps, il a nié avoir observé de mauvais traitements et avoir fait parti des gardiens encadrant une évacuation.
"Le fait que l'accusé ait reconnu avoir servi dans un camp de concentration, où les prisonniers n'étaient pas systématiquement exterminés, ne suffit pas en tant que tel comme preuve", argumente le parquet dans un communiqué.
"Il n'existe pas d'autres pièces à convictions" permettant de continuer les poursuites en Allemagne, a-t-il ajouté.
Si ces camps n'étaient pas des lieux d'extermination, les détenus y vivaient dans des conditions "atroces" et étaient soumis à des travaux forcés "jusqu'à mourir de fatigue", a estimé la juge américaine Rebecca Holt en mars.
Au total, 379 prisonniers sont morts, souvent d'épuisement, pendant des opérations d'évacuation vers la fin de la guerre.
Le gouvernement américain a créé en 1979 un programme dédié à la recherche et à l'expulsion des anciens nazis installés aux Etats-Unis. Depuis, 67 personnes ont été expulsées dans ce cadre.
Il revient à présent aux autorités américaines de décider si elles vont ou non le renvoyer en Allemagne, a précisé un porte-parole du Parquet à l'AFP, soulignant que l'abandon des poursuites en Allemagne "n'avait pas de lien direct" sur la procédure outre Atlantique.
M. Berger a aussi la possibilité de faire appel jusqu'à la Cour suprême des Etats-Unis, ce qui peut suspendre son expulsion pendant plusieurs années.
La dernière en date a eu lieu en août 2018 et concernait un ancien gardien SS âgé de 95 ans, Jakiw Palij, installé à New York depuis 1949.