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Rémy Daillet, figure des milieux complotistes et soupçonné d'être impliqué dans le rapt de la petite Mia en avril dans les Vosges, a été mis en examen mercredi notamment pour complicité d'enlèvement d'un mineur de 15 ans en bande organisée et placé en détention provisoire.
"Il y a des éléments graves qui vous mettent en cause" et "le risque de fuite est particulièrement élevé", lui a lancé le juge des libertés et de la détention (JLD), Eric Bocciarelli, pour justifier sa décision de le placer sous écrou, conformément aux réquisitions du parquet.
M. Daillet, 54 ans, sera incarcéré à Strasbourg, a précisé le magistrat.
Lors du débat devant le JLD, en costume impeccable, il s'est longuement justifié, affirmant que l'Etat français mettait "en danger" des enfants en les plaçant "abusivement".
Et justement selon lui pour la petite Mia, "il est clairement établi que cette enfant a été retirée à sa maman car elle faisait l'école a la maison", une raison selon lui insuffisante.
- "Opposant politique" -
Mais "je n'ai jamais dit: +allez kidnapper un enfant+", a-t-il insisté, disant désormais penser à "une candidature à la présidence de la République" pour remédier aux "défaillances de l'Etat".
"Les réquisitions du parquet (le) présentent comme un danger public, un préjugé coupable", a déploré son avocat, Me Jean-Christophe Basson-Larbi, demandant, en vain, à ce qu'il soit incarcéré "au quartier des personnalités" de la prison de la Santé "compte tenu de son statut d'opposant politique".
Un peu plus tôt, M. Daillet avait été mis en examen "pour complicité d'enlèvement d'un mineur de 15 ans commis en bande organisée et association de malfaiteur en vue de commettre le crime d'enlèvement de mineur de quinze ans en bande organisée", avait indiqué le procureur de Nancy, François Pérain.
Il est la 11e personne mise en examen dans cette affaire à l'issue de laquelle la fillette avait été retrouvée saine et sauve. Huit sont détenues et trois sont sous contrôle judiciaire.
Selon le procureur, il est soupçonné d'être l'"animateur" de la "mouvance" anti-système dans laquelle évoluaient les ravisseurs de la petite Mia, notamment "un mouvement appelé +Le Renversement+" dans lequel "il promeut (...) des actions visant à restituer à leurs parents des enfants pourtant régulièrement placés".
La justice s'interroge également sur le rôle de Rémy Daillet dans d'autres affaires du même type.
"Dans le cadre d'une autre procédure diligentée par le PNAT (Parquet national antiterroriste, NDLR), un autre membre de l'organisation déclarait avoir reçu des instructions de M. Rémy Daillet pour procéder à l'enlèvement d'une mineure placée" près de Clermont-Ferrand, a noté M. Pérain.
Et dans le Doubs, le cas d'un couple qui vivait en vase clos et s'était retranché à son domicile en novembre, refusant de confier ses quatre enfants aux assistantes sociales comme le demandait un juge, intrigue les enquêteurs. C'est au contact d'un certain "Rémy, vivant en Malaisie, ancien membre du MoDem", que ce couple aurait décidé de déscolariser ses enfants puis de se couper du monde.
Rémy Daillet, sa compagne et leurs trois enfants avaient été arrêtés fin mai sur l'île touristique malaisienne de Langkawi où ils étaient installés. Ils ont été expulsés par la Malaisie car leurs visas étaient expirés.
La famille, après une escale à Singapour, a atterri mercredi matin à Roissy.
- Coup d'Etat populaire -
Ancien cadre du MoDem dont il a été exclu en 2010, Rémy Daillet faisait l'objet d'un mandat d'arrêt international dans le cadre de l'enquête sur l'enlèvement de Mia, 8 ans, perpétré le 13 avril dans les Vosges.
La fillette résidait chez sa grand-mère quand elle avait été kidnappée par plusieurs hommes, à la demande de la mère de l'enfant qui n'en avait plus la garde et n'avait plus le droit de la voir seule.
L'enfant et sa mère avaient été retrouvées cinq jours plus tard en Suisse dans un squat à Sainte-Croix.
Dans une vidéo mise en ligne après l'enlèvement, Rémy Daillet avait tenté de se justifier et, sans évoquer nommément Mia, réfutait le terme d'enlèvement.
Dans d'autres vidéos plus anciennes, il soutenait l'idée d'un coup d'Etat populaire et se disait opposé aux impôts, aux vaccins, aux masques ou à la 5G. Celui qui est déjà père de sept enfants d'un premier mariage prônait par ailleurs l'éducation par les parents à la maison.