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De hauts responsables des talibans négocient secrètement avec des responsables afghans en vue d'un cessez-le-feu, a affirmé mercredi le commandant des forces américaines et de l'Otan en Afghanistan, le général John Nicholson.
"Il y a beaucoup d'activité diplomatique et de dialogue qui se passe en coulisses, et ça se passe à des niveaux multiples", a déclaré le général Nicholson au cours d'une téléconférence avec des journalistes au Pentagone.
Le responsable militaire américain, pour qui ces négociations ont un "énorme potentiel", s'est abstenu de nommer les personnes engagées dans ce dialogue, mais il a indiqué que des responsables des talibans "de niveau intermédiaire et de haut niveau" y participent aux côtés de responsables afghans.
"Je voudrais souligner qu'ils se sont rencontrés en secret. C'est comme cela qu'ils ont pu progresser", a ajouté le général Nicholson qui doit quitter prochainement le commandement de l'opération Resolute Support en Afghanistan. "Ce sont mes collègues diplomates qui s'occupent de ça et leur succès dépend en partie de la confidentialité du processus".
Le président afghan Ashraf Ghani a proposé fin février des pourparlers de paix aux talibans: ceux-ci pourraient notamment être reconnus en tant que parti politique s'ils acceptent un cessez-le-feu et reconnaissent la Constitution de 2004.
Les talibans n'ont pas répondu officiellement, et ils ont depuis multiplié les attentats meurtriers, notamment à Kaboul, devenue depuis 2017 le lieu le plus dangereux du pays pour les civils.
Mais pour le général Nicholson, "violence et progrès peuvent coexister". Il a comparé la situation actuelle en Afghanistan à celle de la Colombie avant la signature par le gouvernement colombien d'un accord de paix avec la rébellion des Farc, où les négociations de paix se sont tenues alors que les combats se poursuivaient.
- "Discussions intenses" -
"Des gouvernements étrangers, des organisations internationales, des dirigeants afghans --au sein du gouvernement et en dehors-- tous sont engagés à un niveau ou un autre, dans un dialogue avec ceux qui coopèrent avec les talibans ou certains des dirigeants taliban eux-mêmes", a-t-il indiqué.
"C'est ce qui explique pourquoi nous n'avons jamais reçu de réponse formelle à l'offre de paix du président Ghani: il y a des discussions intenses au sein des talibans", a-t-il affirmé.
Le général américain a reconnu qu'en termes de violence, "il y a encore beaucoup à faire" dans un pays où coexistent 21 organisations considérées comme terroristes, notamment le groupe Etat islamique et Al-Qaïda.
"Grâce aux superbes efforts de nos forces anti-terroristes, nous avons pu maintenir la pression sur eux", a-t-il dit. "Mais il est trop tôt pour faire baisser la pression".
Les talibans ont ainsi revendiqué l'attaque mercredi à l'aube d'un commissariat dans la capitale du Logar, à moins de 70 km au sud-est de Kaboul, qui a fait six morts parmi les policiers et huit blessés civils.
Ils ont aussi invité récemment la population de Kaboul à se tenir à l'écart des "sites militaires" qu'ils pourraient attaquer, dans le souci "d'éviter les victimes civiles".
Le général Nicholson, qui avait été nommé en mars 2016 à la tête des forces de l'Alliance Atlantique en Afghanistan pour une période de deux ans, doit être remplacé prochainement par le général Scott Miller, 57 ans, spécialiste des missions périlleuses et ultra-secrètes.
Révélée la semaine dernière par le Wall Street Journal, la nomination du général Miller, qui doit encore être confirmée par le Congrès, a été confirmée mardi soir par le Pentagone.
Quelque 14.000 soldats américains sont encore déployés en Afghanistan, où ils représentent le plus gros contingent des forces de l'Otan chargées de former et soutenir l'armée afghane. Mais certains d'entre eux mènent aussi des opérations anti-terroristes, qui visent plus particulièrement l'EI.