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Algérie: impuissant, Ghani observe les incendies ravager plusieurs régions de Kabylie

Au moins 42 personnes, dont 17 civils et 25 militaires, ont perdu la vie dans les incendies qui ravagent le nord de l'Algérie, notamment en Kabylie, ont indiqué les autorités, évoquant des feux "d'origine criminelle" attisés par un épisode de canicule.

Un sentiment de frustration et d'impuissance. Rivé sur les réseaux sociaux, Ghani peine à croire ce qui se passe en Kabylie, sa région d'origine. Des incendies touchent plusieurs régions de Kabylie, notamment Tizi Ouzou. Des images impressionnantes, accompagnées d'appels à l'aide, circulent sur les réseaux sociaux, avec des troncs calcinés, du bétail agonisant, asphyxié, et des villages assiégés. La Kabylie est une région historique située au nord de l'Algérie. 

Ghani est arrivé en Belgique, il y a une quinzaine d'années. Cet infirmier de formation a passé son enfance et son adolescence en Kabylie. Lorsque ses proches l'ont prévenu de la situation, il est tombé des nues. "C'est une catastrophe", souffle-t-il. Avant d'ajouter: "Les gens se mobilisent avec les moyens du bord. Des pelles, des tronçonneuses... Ceux qui ont des citernes se déplacent avec des tracteurs. Il y a des appels sur Facebook pour demander de l'aide". 


Tout ça est vraiment stressant

Depuis mardi, des appels à l'organisation de convois de solidarité se sont multipliés sur les réseaux sociaux. Les internautes y appellent notamment à collecter de la nourriture, des médicaments et aider à l'acheminement de l'eau pour lutter contre les incendies. D'autres appels ont été lancés sur les réseaux sociaux exhortant les autorités à solliciter une assistance internationale. 

Selon le porte-parole de la protection civile, Nassim Barnaoui, 69 foyers d'incendies au total étaient encore actifs ce mercredi, dans 17 wilayas (préfecture). Les plus importants se trouvent dans la wilaya de Tizi Ouzou, qui a également connu le plus de pertes humaines.

Chaque jour, Ghani reçoit des vidéos tournées par ses proches. Et à chaque fois, le même désarroi. "J'ai fait mes études dans une région où les incendies ont déjà fait trois morts. Chaque année, j'y vais en vacances", confie-t-il. Avant de répéter: "C'est vraiment une catastrophe". Selon lui, les autorités "ne font rien". Il assure que sur place, les citoyens sont livrés à eux-mêmes. "On va voir comment la situation évolue mais tout ça est vraiment stressant", témoigne Ghani. 

La piste criminelle a été évoquée par les autorités algériennes, qui n'ont toutefois donné aucune précision. La radio publique algérienne a annoncé mardi l'arrestation de trois "pyromanes" à Médéa. Un quatrième a été arrêté à Annaba, selon l'APS.

28 militaires ont péri dans les flammes

D'après le ministre de l'Intérieur, Kamel Beldjoud, une cinquantaine d'incendies "d'origine criminelle" attisés par les conditions météo ont débuté lundi soir. Le Premier ministre, Aïmène Benabderahmane, a lui évoqué plus de 70 incendies dans 18 wilayas (préfectures) du nord du pays. La protection civile a fait état d'une centaine de feux dans 16 wilayas.

Les villes de Bouira, Sétif, Khenchela, Guelma, Bejaïa, Bordj Bou Arreridj, Boumerdès, Tiaret, Médéa, Tébessa, Blida et Skikda sont touchées, a indiqué sur Twitter la direction générale de la protection civile.

Le pire drame est survenu mardi en fin de journée quand 28 militaires ont péri alors qu'ils évacuaient des villageois menacés par les flammes, dans les montagnes de Bejaïa et Tizi Ouzou. Trente sept civils ont perdu la vie depuis le début de ces incendies, selon un nouveau bilan mercredi de la télévision nationale.

Chaque année, le nord de l'Algérie est touché par des feux de forêt. En 2020, près de 44.000 hectares de taillis sont partis en fumée. Les autorités avaient annoncé avoir arrêté plusieurs auteurs d'incendies criminels.

Des températures atteignant 46°C attendues

Ce phénomène s'amplifie alors que les incendies se multiplient à travers le globe. Ils sont associés à divers phénomènes anticipés par les scientifiques en raison du réchauffement de la planète.

L'augmentation de la température, la multiplication des canicules et la baisse des précipitations par endroit est une combinaison idéale pour le développement des feux. La chaleur extrême doit se poursuivre jusqu'en fin de semaine au Maghreb, jusqu'au 15 août selon les services météorologiques algériens, avec des températures atteignant 46 degrés.

En Tunisie voisine, la capitale Tunis a battu mardi son record absolu, avec 49 degrés. Une quinzaine de départs de feu ont été enregistrés dans le nord et le nord-ouest, sans heureusement faire de victime, selon Moez Triaa, porte-parole de la protection civile.

Sur la rive nord de la Méditerranée, la Grèce et la Turquie ont été les plus touchés ces deux dernières semaines, avec une série d'incendies violents qui ont fait huit morts sur les côtes turques et trois morts en Grèce.

 
 

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