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(Belga) Plus de 700 jeunes activistes, climatologues, syndicalistes, économistes, entrepreneurs et élus locaux, nationaux et européens des 27 États membres ont lancé mardi un appel à un Pacte européen pour le climat et l'emploi de pas moins de 500 milliards d'euros par an, à travers trois leviers: une loi, une banque et un budget.
A deux semaines du sommet européen du 19 juin sur le plan de relance de l'UE, et alors que le continent lève progressivement les lourdes restrictions liées à la pandémie du nouveau coronavirus, seule une relance durable serait à même de relever le défi climatique en l'accompagnant de bienfaits économiques, sociaux et environnementaux, jugent les signataires dans une carte blanche parue dans sept journaux européens, dont Le Soir. Cette relance doit donc être centrée sur le 'Green Deal', le Pacte vert européen. Or la proposition de plan de relance avancée par la Commission européenne il y a quelques jours - pour "importante" qu'elle soit à la construction européenne - ne précise pas comment le déficit d'investissement climat sera comblé, selon eux. Les signataires voient trois solutions. La première prendrait la forme d'une loi européenne sur le climat qui interdise à tous les États membres de continuer à subventionner les combustibles fossiles, qui représentent au moins 112 milliards d'euros par an. Cette législation devrait également garantir que toutes les banques (privées et publiques) et les sociétés d'assurance opérant en Europe fassent preuve de transparence sur leurs activités et organisent la fin progressive des investissements dans les énergies fossiles. Tout comme, en 2010, la loi FATCA du président américain Barack Obama a fermé le marché US aux banques qui n'offraient pas une transparence totale aux autorités fiscales américaines, de même, pour lutter contre le changement climatique, l'Europe a besoin d'une loi FATCA-Climat qui réserve le marché européen aux banques et aux compagnies d'assurance qui ont réorienté leurs investissements pour être en phase avec l'urgence climatique. Deuxième solution: une Banque du climat et de la biodiversité fournissant 300 milliards d'euros par an sous forme de prêts à taux zéro, via la Banque centrale européenne (BCE). Ces prêts sans intérêt à tous les États membres pourraient monter jusqu'à 2% de leur PIB, soit plus de 300 milliards d'euros par an au niveau de l'UE jusqu'en 2050. Enfin, les signataires préconisent un impôt européen de 5% sur les bénéfices des grandes entreprises (ajusté en fonction de leur empreinte carbone), combiné à d'autres ressources propres, pour dégager 100 milliards d'euros par an. Cet argent alimenterait un véritable budget européen pour des subventions consacrées au climat et à la biodiversité. On retrouve parmi les signataires plusieurs jeunes activistes pour le climat (Luisa Neubauer, Anuna de Wever, Adélaïde Charlier, Hugo Viel), des artistes (Cécile de France, Nathalie Dessay, Emma de Caunes, Cédric Klapisch, Cyril Dion, Olivier Py, Philippe Geluck), des climatologues (dont les Belges Jean-Pascal Van Ypersele et François Gemenne), des économistes, des dirigeants syndicaux et d'ONG, des chefs d'entreprises (dont les Belges Etienne de Callatay pour Orcadia Asset Management ou Bernard Bayot, président de la Banque NewB), ainsi que des personnalités comme la Princesse Esmeralda de Belgique, le conseiller du pape François en matière de climat ou encore le footballeur Lilian Thuram. Ils sont épaulés par une floppée d'élus et de dirigeants politiques de six grandes formations paneuropéennes, parmi lesquels les eurodéputés belges Frédérique Ries, Philippe Lamberts et Benoît Lutgen, les ministres Jean-Luc Crucke et Alain Maron, ou encore Paul Magnette. "Et pourquoi ne pas également relancer le débat sur la taxe sur les transactions financières ? La Commission européenne elle-même affirme qu'elle pourrait rapporter plus de 50 milliards d'euros par an...", note l'eurodéputé français Pierre Larrouturou, l'un des initiateurs de l'appel. (Belga)