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Après la présidentielle, réconcilier les "deux France"

Une France coupée en deux. Celle qui a voté Emmanuel Macron, notamment les grandes métropoles, avec des plébiscites à Rennes et Nantes, les classes moyennes supérieures et retraités. Et l'autre, celle qui a choisi Marine Le Pen, plus populaire, qui se sent souvent exclue, particulièrement dans le nord-est et le pourtour méditerranéen.

Objectif prioritaire pour le président réélu, réconcilier ces "deux France", qui ne sont pas antagonistes mais tellement différentes, pour éviter un "troisième tour" dans la rue, sur fond d'inflation galopante, comme la profonde et parfois violente crise sociale des "gilets jaunes" en 2018-2019.

- Cadres et retraités -

Le vote Macron d'abord.

Selon les premières enquêtes d'opinion, Emmanuel Macron est majoritaire dans toutes les classes d'âge mais fait ses meilleurs scores chez les plus de 60 ans et plus particulièrement les plus de 70 ans. Il plait aussi particulièrement aux classes aisées (plus de 82% à Neuilly-sur-Seine), aux cadres, aux retraités et aux électeurs ayant fait de longues études supérieures.

"Nous avons une France âgée qui a massivement voté pour Emmanuel Macron et une France jeune qui s'est en partie détournée du scrutin", selon le politologue Bruno Jeanbart.

Emmanuel Macron n'est que légèrement majoritaire chez les 25-34 ans, la génération de l'insertion professionnelle, qui peine à "traverser la rue pour trouver un emploi", formule contestée que le président sortant avait adressée à des chômeurs en 2018.

Ses sympathisants plébiscitent sa stature de chef d'Etat, encore renforcée par la gestion de la pandémie du Covid et de ses conséquences économiques avec la politique du "quoi qu'il en coûte". Mais aussi de chef des armées à la tête d'une puissance nucléaire, au moment où la guerre fait rage en Ukraine, aux frontières de l'Union européenne.

- "Gilets jaunes" -

Le vote Le Pen ensuite.

La candidate d'extrême droite attire particulièrement un électorat populaire constitué d'ouvriers et d'employés, particulièrement sensible à une campagne axée sur la défense du pouvoir d'achat sans renier la radicalité de son programme sur l'immigration.

Le Rassemblement national a d'ailleurs battu campagne sur l'opposition entre un "bloc populaire" et un supposé "bloc élitaire".

Pour le politologue Jérôme Fourquet, Marine Le Pen attire particulièrement les Français qui considèrent qu'ils "vivent moins bien que vivaient leurs parents" et habitent dans une "France de l'ombre", dans des zones dans lesquelles "on va habiter parce qu'on ne peut pas habiter ailleurs".

Une France du périurbain ou des petites villes moyennes, qui a des similitudes avec la France des "gilets jaunes", très dépendante de la voiture, et donc très sensible à la flambée des prix des carburants.

D'un point de vue géographique, le Nord-Est comme l'Aisne où Marine Le Pen frôle les 60%, et le littoral méditerranéen, avec plus de 55% dans le Var, ont donné à Marine Le Pen ses meilleurs scores, à l'exception des grandes métropoles qui, comme Paris, constituent d'importants bassins d'emplois très bien connectés à l'international.

La carte de France avait fait apparaître un contraste fort entre le nord-est, ancienne région industrielle et minière dans les années 60 et qui se voit aujourd'hui en déclin.

Et l'ouest du pays, confronté à un important exode rural il y a 60 ans et qui attire aujourd'hui de nombreux nouveaux arrivants attirés par la qualité de vie et le dynamisme économique. Emmanuel Macron est ainsi plébiscité à Rennes (près de 85%) et à Nantes (plus de 81%).

Dans de nombreux territoires d'Outre-mer, Marine Le Pen a réalisé des scores historiques, notamment en Guadeloupe (69,6% des voix), en Martinique (60,87%), en Guyane (60,70%), à la Réunion (59,57%) et à Mayotte (59,10%).

Un vote de protestation sur fond de crise sociale, de mouvement anti-pass sanitaire et plus globalement de défiance envers les autorités, pour des terres qui avaient souvent plébiscité la gauche radicale le 10 avril.

Mais il y aussi la France du "ni-ni", soit 17 millions de personnes, qui a refusé de choisir entre les deux finalistes, en optant pour l'abstention (28%) ou en votant blanc et nul.

Notamment les électeurs du leader Insoumis, Jean-Luc Mélenchon, arrivé en troisième position au premier tour avec près de 22%.

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