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Les Emirats arabes unis ont intercepté lundi, pour la troisième fois ce mois-ci, un missile balistique lancé par les rebelles yéménites houthis, une attaque qui survient pendant la première visite du président israélien dans le pays du Golfe.
"Les défenses anti-aériennes ont intercepté et détruit un missile balistique lancé par les terroristes houthis visant notre pays", a affirmé le ministère émirati de la Défense dans un communiqué.
Les débris du missile sont tombés dans une zone non peuplée, ont ajouté les autorités sans préciser dans quelle région du pays. Elles ont aussi indiqué qu'aucune victime n'était à déplorer.
Le site, à al-Jawf dans le nord du Yémen, d'où a été lancé le missile houthi a été détruit, a précisé le ministère, qui a publié une vidéo de l'explosion dans laquelle on peut voir des panaches de fumée noire.
Le porte-parole militaire des Houthis Yahya Saree a, lui, affirmé dans une déclaration télévisée qu'Abou Dhabi avait été visé par plusieurs missiles balistiques et Dubaï avec des drones.
Cette attaque coïncide avec la première visite officielle du président israélien, Isaac Herzog, aux Emirats depuis que les deux pays ont normalisé leurs relations en 2020.
Le cabinet de M. Herzog, qui s'est dit la veille "ravi de l'accueil émirati" pour cette "première visite d'un président israélien aux Emirats", a assuré qu'il "poursuivrait sa visite comme prévu".
Il a été reçu dimanche par le prince héritier d'Abou Dhabi et dirigeant de facto du pays, Mohammed ben Zayed al-Nahyane.
Il s'est rendu lundi à Dubaï - autre émirat de la fédération - où il a visité le site de l'Exposition universelle 2020 pour marquer la journée mettant à l'honneur le pavillon d'Israël.
Le président israélien a ensuite rencontré cheikh Mohammed ben Rached Al-Maktoum, souverain de Dubaï, Premier ministre et ministre de la Défense des Emirats.
- Troisième attaque -
Dimanche, M. Herzog a exprimé le soutien israélien aux "exigences de sécurité" des Emirats et condamné "toute atteinte à (leur) souveraineté par des groupes terroristes", faisant vraisemblablement référence aux attaques des rebelles yéménites.
L'attaque de lundi est la troisième contre les Emirats depuis début janvier. Le 17, une attaque de drones et de missiles avait fait trois morts à Abou Dhabi, et le 24, deux tirs de missiles balistiques avaient été interceptés par les forces américaines basées dans la capitale émiratie.
Les Emirats sont "totalement prêts à faire face à toute menace" et à prendre "toutes les mesures nécessaires pour protéger (le pays)", a réaffirmé lundi le ministère émirati de la Défense.
Les Houthis ont eux appelé de nouveau lundi les "citoyens, résidents et compagnies étrangères (aux Emirats) à rester loin (...) des infrastructures stratégiques car elles risquent d'être visées prochainement".
Les Emirats font partie d'une coalition militaire dirigée par l'Arabie saoudite qui soutient depuis 2015 le gouvernement du Yémen contre les Houthis soutenus par l'Iran.
Le pays, qui accueille des troupes américaines et est l'un des plus gros acheteurs d'armes au monde, a retiré ses troupes du Yémen en 2019, mais reste un acteur influent dans le conflit.
- "Provocation" -
"Nous condamnons la dernière attaque de missile des Houthis contre Abou Dhabi", a tweeté lundi le porte-parole de la diplomatie américaine Ned Price. "Alors que le président israélien se trouve aux Emirats pour établir des ponts et promouvoir la stabilité dans la région, les Houthis continuent de mener des attaques qui menacent les civils", a-t-il ajouté.
Le conseiller présidentiel émirati, Anwar Gargash, a de son côté indiqué sur Twitter que les Emirats tenaient à leurs "objectifs et à (leur) vision stratégique pour contribuer à la construction d'une région stable et prospère".
"La provocation ne fonctionnera pas", a-t-il affirmé.
La multiplication des attaques des Houthis contre les Emirats, richissime pays du Golfe qui tient à sa réputation d'oasis de paix au Moyen-Orient, ouvre une nouvelle page dans la guerre du Yémen déclenchée en 2014.
En plus de sept ans de guerre, tous les acteurs du conflit ont été accusés de "crimes de guerre" par des experts de l'ONU. Mise en cause pour de multiples "bavures", la coalition a reconnu des "erreurs" mais accuse les rebelles, soutenus par l'Iran, d'utiliser les civils comme boucliers humains.
L'ONU tente depuis plusieurs années de mettre fin à ce conflit dévastateur qui a fait, selon elle, 377.000 morts et poussé une population de 30 millions d'habitants au bord de la famine au Yémen, pays le plus pauvre de la péninsule arabique.