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En l'absence de la mère, de la sœur et de l'ex-petite amie de Salah Abdeslam, initialement attendues comme témoins lors de son audition mardi devant la Cour d'assises spéciale à Paris, la Cour a procédé à la lecture de deux lettres écrites par la mère et la sœur de l'accusé. Les procès-verbaux d'auditions de ces trois intervenantes ont également été lus.
"Je n'ai pas eu la force de venir témoigner aujourd'hui", écrit la sœur de l'accusé dans un courrier daté du 6 février. Elle y déplore par ailleurs la "diabolisation" dont ferait l'objet son frère et souligne, comme l'accusé l'a lui-même déclaré lors de son audition, qu'il "n'a tué personne". Salah Abdeslam est également décrit comme "sensible et aimant".
Six ans après, je reste inconsolable comme vous
La mère de Salah Abdeslam a également adressé une missive à la Cour, datée du 17 janvier. "J'aurais aimé me présenter à vous par respect pour les familles des victimes et pour la cour, mais je n'en ai pas la force", écrit-elle. "Je mesure la gravité des faits, mais je n'en reste pas moins une mère qui a élevé ses petits. Avec mon mari, nous les avons éduqués du mieux que nous pouvions et dans les valeurs d'un islam modéré."
Sa lettre dévoile également le lien de proximité qui unissait Salah Abdeslam à son frère Brahim, terroriste du commando du 13 novembre, et à Abdelhamid Abaaoud, cerveau des attentats terroristes. "Six ans après, je reste inconsolable comme vous", poursuit-elle dans son courrier. "J'ai l'espoir que vous examinerez le dossier de la manière la plus juste. Je constate que mon fils n'a tiré sur personne et ne s'est pas fait explosé. J'aimerais qu'il ne paye pas pour ceux qui se sont fait exploser." Des procès-verbaux d'auditions ont également été lus lors de l'audience.
Il n'a jamais été pratiquant
L'ex-petite amie de Salah Abdeslam, le décrit lors de ses auditions comme "un gars gentil, intelligent, avec de la conversation." Elle explique également que l'accusé n'était pas pratiquant lors de leur relation. "Il n'a jamais été pratiquant. Je l'ai fréquenté plus de 8 ans et il n'a jamais parlé de religion, sauf peut-être sur la fin. Il en parlait un petit peu, mais pour moi, c'était des paroles en l'air", avait-elle témoigné.
Elle précise par ailleurs qu'il était "fêtard" et avait de "mauvaises fréquentations". Selon la jeune femme, l'homme originaire de Molenbeek était "influençable" et aurait été amené à participer aux attentats par Abdelamid Abaaoud, considéré comme le chef opérationnel des attentats du 13 novembre 2015. La jeune femme s'est dite "choquée et horrifiée par ce qui s'est passé", selon le procès verbal. Appelé à réagir à la lecture de ces témoignages par le président de la Cour, Salah Abdeslam a répondu: "Vous souffrez, mais nous aussi on souffre".