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Ayutthaya, là où tout a commencé pour les catholiques de Thaïlande

A deux heures de route de Bangkok, les prières et les chants chrétiens retentissent chaque dimanche à Ayutthaya, berceau de la petite communauté catholique de Thaïlande, présente depuis 350 ans dans le royaume où le pape François se rend à partir de mercredi.

Lors d'une messe célébrée le 17 novembre dans l'église d'Ayutthaya, un édifice aux murs ocres faisant face au cours d'eau qui encercle la ville, les paroissiens ayant pris place sur les bancs en bois de l'église Saint-Joseph avaient hâte de vivre cet événement.

"Je ne l'ai vu qu'à la télévision, et maintenant je vais avoir la chance de le voir en vrai", se réjouit Prathuang Boonkong, qui se rendra jeudi à la messe donnée par le pape dans le grand stade de la capitale thaïlandaise.

Quelque 50.000 personnes y sont attendues. Le lendemain, le souverain pontife célèbrera un office dans la cathédrale de Bangkok, spécialement dédiée aux jeunes.

Pour Kaiwut Patthamasuthian, 25 ans, François est "un modèle" qui "sait transmettre son enseignement, et nous montre aussi la voie par son style de vie très humble".

La visite du pape, la première dans le pays depuis celle de Jean-Paul II en 1984, coïncide avec l'anniversaire de la première mission catholique créée à Ayutthaya, alors capitale du royaume de Siam, il y a 350 ans par des religieux français.

Mais la présence catholique en Thaïlande est encore plus ancienne. Les premiers à avoir foulé son sol sont des missionnaires portugais au milieu du XVIe siècle, raconte le père Tweesak Kitcharoen, le prêtre de l'église d'Ayutthaya.

- "Cœur du catholicisme" -

La première église y a été construite par les Français en 1666, avant que le pape Clément IX autorise l'établissement d'une mission officielle en 1669.

"Cette paroisse est considérée comme le cœur du catholicisme en Thaïlande", selon le père Tweesak.

La centaine de paroissiens présents ce jour-là font partie d'une communauté ultra-minoritaire dans le pays, qui comte environ 380.000 membres, soit 0,5 % de la population en écrasante majorité bouddhiste.

Mais l'évangélisation de la Thaïlande, aussi modeste soit-elle, a débuté ici.

Près de l'entrée du bâtiment, une exposition de peintures et de photos retrace les grands moments de l'aventure des missionnaires catholiques à travers les siècles.

Devant l'église est érigée une réplique du bateau dans lequel les premiers sont arrivés, et plusieurs statues à leur effigie sont disséminées dans le jardin.

L'une d'entre elles représente l'évêque français Pierre Lambert de la Motte, qui a obtenu du roi Narai la propriété du terrain, et qui est mort à Ayutthaya en 1679.

D'abord associés à des colonisateurs, les missionnaires ont provoqué une certaine défiance alors que la France prenait pied en Asie du Sud-Est, mais rien de comparable avec les difficultés de ceux qui furent envoyés au Japon, que François visitera après la Thaïlande.

Dans un courrier envoyé en France, le missionnaire de la Motte avait écrit à son correspondant qu'il n'avait "jamais vu aucun pays" où toutes les religions vivaient dans une telle harmonie, selon l'historien Puttipong Puttansri.

Au cours de son déplacement, le pape saluera jeudi le 20e patriarche suprême Somdej Phra Maha Muneewong dans un haut lieu du bouddhisme.

Il aura aussi des rencontres privées avec le Premier ministre, ainsi qu'avec le roi de Thaïlande.

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