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Fadoua est policière dans la zone de Bruxelles-Nord. Le 14 novembre 2020, elle a été agressée durant son service dans la rue D'Aerschot, à Schaerbeek. À l'époque, Fadoua avait témoigné auprès de RTL INFO. Son but: dénoncer les violences envers les forces de l'ordre.
Presque deux ans plus tard, Thomas a été tué lors d'une attaque dans la même commune et dans la même rue, jeudi dernier. Le policier de 29 ans était un collègue de Fadoua. Face à ce drame, la policière a accepté de livrer son témoignage par écrit à l'émission de RTL TVI "C'est pas tous les jours dimanche".
Voici sa lettre :
Thomas,
Ce 10 novembre 2022, tu nous as quitté dans des conditions tragiques, et toi, Jason, qui a assisté à cette scène tragique, je n’ose imaginer ce qu’il doit se passer dans ta tête.
Ton départ est le fruit d’une montée de violence à l’encontre de notre profession alors que nous avions tiré la sonnette d’alarme à plusieurs reprises.
Thomas, tu t’es engagé dans la police, comme nous tous, par convictions, car nous restons persuadés que notre métier, que nos actes quotidiens sont là pour aider, écouter et guider les citoyens. Oui, on ne va pas se le cacher, notre métier est parfois pénible et, dans certains cas, mortel.
Mais malgré cela, nous gardons toujours la volonté de servir, de protéger et de défendre les valeurs de la démocratie. Mais aujourd’hui, qui nous protège nous, les policiers ? Qui a protégé Thomas et Jason ?
Certains diront : "vous avez fait le choix de ce métier et vous êtes rémunérés pour cela, pourquoi vous plaindre ?". Nous avons fait ce choix en notre âme et conscience, mais nous savions alors la certitude d’être protégés et soutenus dans notre travail par celles et ceux dont les responsabilités sont engagées.
Thomas était un policier, mais aussi un fils, un frère, un compagnon. Il avait des rêves et des souhaits à réaliser, mais ceux-ci de ne réaliseront pas car ce jeudi 10 novembre, le temps s’est arrêté pour lui. Un autre en a décidé autrement.
Il est grand temps que notre message soit entendu par nos dirigeants et qu’il soit pris en considération. Il est l’expression d’une douleur, celle des policiers : VOS POLICIERS.
Jason, tu as fait preuve de courage et de bravoure face à une situation durant laquelle aucun de nous ne voudrait être confronté.
Thomas, nous, tes amis, tes collègues, ne t’oublierons jamais pour ton dévouement, ton empathie et pour tout ce que tu représentes.
Je te souhaite un bon voyage l’ami.
PS : Merci à notre chef de zone M. Slosse, ainsi qu’à notre direction du COM5 (commissariat 5, ndlr) duquel dépendait Thomas, qui ont été exemplaires envers chacun des policiers qui ont, dans leur carrière, subi des violences policières. Merci à vous.