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Plus de trente ans après les faits, un suspect est rattrapé par la justice: un septuagénaire a été mis en examen au pôle des crimes non élucidés de Nanterre pour un meurtre accompagné d'un viol à Paris en 1991 et une tentative de viol en Seine-et-Marne en 1999.
Selon une source proche du dossier, confirmant une information de Vaucluse Matin, il s'agit d'un homme qui se trouve déjà en détention provisoire, soupçonné d'avoir drogué sa femme pendant une décennie, dans le Vaucluse, afin qu'elle se fasse violer, inconsciente, par plus d'une quarantaine d'hommes entre 2010 et 2020.
Ce retraité avait été interpellé en septembre 2020 dans un magasin de Carpentras en train de filmer sous les jupes de clientes. L'homme "d'environ 70 ans" est "actuellement détenu dans le cadre d'une information judiciaire distincte ouverte à Avignon", a indiqué vendredi le parquet de Nanterre, sollicité par l'AFP. Le suspect a été "extrait, placé en garde à vue et entendu sur commission rogatoire du magistrat instructeur les 12 et 13 octobre 2022", selon la même source.
Le lendemain, il a été "mis en examen pour un meurtre, précédé, accompagné ou suivi d'un autre crime, commis le 4 décembre 1991 à Paris et pour une tentative de viol avec arme commise le 11 mai 1999 à Villeparisis" (Seine-et-Marne) avant d'être placé en détention provisoire.
Les poursuites contre cet homme sont les premières engagées par le pôle "cold cases", dédié aux crimes sériels ou non élucidés, depuis sa création en mars 2022 au tribunal de Nanterre, dans les Hauts-de-Seine.
"Compte-tenu notamment du mode opératoire des agressions et du contexte des faits, tous deux commis dans le cadre d'une visite d'appartement, les deux victimes étant toutes deux agents immobiliers", ces deux affaires avaient été rapprochées après avoir fait initialement l'objet d'un non-lieu, respectivement en 2005 et en 2001.
"Dénégation absolue"
Le suspect nie le viol et le meurtre de 1991 mais reconnaît la tentative de viol de 1999.
Concernant la première affaire, les accusations sont "basées uniquement sur des rapprochements", a dénoncé auprès de l'AFP l'avocate du suspect, Me Béatrice Zavarro, du barreau de Marseille.
"La position de mon client est une dénégation absolue et pérenne. Il est tombé des nues. Nous allons nous battre comme nous le pouvons", a-t-elle ajouté.
Concernant la tentative de viol, le mis en examen a été confondu par son ADN, retrouvé sur les lieux.
"La discussion va se porter sur les circonstances, on parle de viol avec arme, mon client dit qu'il n'y avait pas d'arme", a noté son avocate. A Avignon, l'instruction sur les viols subis par sa femme est toujours en cours.
Après son arrestation, les enquêteurs avaient découvert sur l'ordinateur du suspect, saisi à son domicile de Mazan (Vaucluse), des vidéos montrant son épouse inconsciente violée par des hommes.
Sur internet, ils avaient également retrouvé des messages qu'il avait postés sur des forums de rencontres libertines où il proposait à des personnes de venir profiter de sa femme, qu'il droguait avec de puissants anxiolytiques.
Au pôle "cold cases" de Nanterre sont traitées des affaires présentant une complexité particulière (les crimes doivent être sériels et/ou leurs auteurs pas encore identifiés dix-huit mois après les faits) ainsi que celles présentant des enjeux internationaux ou nécessitant un haut niveau de technicité et d'expertise.
Mi-décembre, 59 enquêtes menées par trois juges d'instruction y avaient été ouvertes, parmi lesquelles des affaires très médiatiques comme les enquêtes visant Michel Fourniret et Monique Olivier ou la disparition de Marion Wagon.