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Le kamikaze de Maelbeek, Khalid El Bakraoui, ne s'est pas radicalisé en prison, a témoigné jeudi matin, Marie De Pauw, qui était directrice de la prison de Nivelles lorsque El Bakraoui y a fini de purger une peine de 2012 à 2014. Elle en garde le souvenir d'un détenu sympathique, jovial mais très immature, a-t-elle rapporté devant la cour d'assises de Bruxelles chargée de juger les attentats commis le 22 mars 2016 dans la capitale.
"Quand j'ai entendu que c'était lui, sincèrement, j'étais hyper choquée, étonnée", a-t-elle déclaré. La surprise a saisi d'autres de ses collègues, personne dans les travailleurs de la prison ne le considérant comme radicalisé. "Le service psychosocial était en pleurs, on avait un sentiment d'échec... Mais je n'ai pas du tout le sentiment qu'il s'est radicalisé en prison (...) plutôt à sa sortie de prison", a rapporté le témoin, affirmant avoir lu et relu le dossier de Khalid El Bakraoui après les attentats, afin de trouver des traces de radicalisation, en vain.
L'islam "était sa religion, il ne s'en cachait pas". Mais il s'intéressait à différents courants religieux. "Guy Gilbert était venu en prison, il avait été très intéressé par son discours d'aide aux jeunes", il participait aux animations d'autres cultes, s'est rappelée Mme De Pauw. "C'était quelqu'un qui avait envie d'apprendre beaucoup de choses. Mais je ne sais pas si ses capacités intellectuelles étaient suffisantes pour comprendre ce qu'il emmagasinait."
A la prison de Nivelles, alors que le tribunal de l'application des peines ne cessait de refuser ses demandes de libération anticipée, Khalid El Bakraoui se sentait "perdu et désoeuvré". Pour la directrice de l'époque, il s'est peut-être radicalisé à sa sortie "parce qu'il n'avait pas très confiance en lui". "Peut-être que ça lui a donné un sentiment de pouvoir, d'avoir une place."