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Mort du policier Eric Masson: dans le box, trois petits délinquants

Au procès du meurtre du policier Eric Masson, trois jeunes hommes sont sur le banc des accusés, avec des implications diverses mais des profils similaires: de petits délinquants récidivistes, tombés dans la drogue tôt, aux ancrages familiaux fragiles.

Ilias Akoudad, 22 ans, est le principal mis en cause, accusé d'avoir abattu le brigadier sur un point de deal, le 5 mai 2021, au coeur d'Avignon. Le jeune homme, qui avait alors 19 ans, a nié les faits de façon constante, malgré des éléments accablants.

Incarcéré depuis les faits, il risque la perpétuité. Devant la cour d'assises du Vaucluse, il manifeste pourtant depuis lundi une forme de décontraction, choisissant ou pas de répondre aux questions, enrobant ses réponses dans des formules de politesse.

Une attitude difficile à supporter pour la famille de la victime, qui attend des aveux voire même des remords, selon l'une de leurs avocats, Me Sabine Gony-Massu.

A la barre, les experts le décrivent "calme, placide, détendu". Mais ils parlent aussi de l'absence du père jusqu'à 10 ans, d'un décrochage scolaire, d'espoirs déçus dans le football et d'une addiction au cannabis dès 15 ans.

Ilias Akoudad a grandi entre une mère laxiste et un père rigide. Une anecdote: un jour, il est surpris en train de faire le chouf (le guetteur) sur un point de deal. Son père contacte la police, sa mère estime elle que son fils en est arrivé là parce que son ex-compagnon ne lui offrait pas ce qu'il voulait.

Ce cadre éducatif incohérent "a fait le lit d'une toute puissance" et d'un adolescent finalement "livré à lui-même", commente l'enquêtrice de personnalité. Il tombe dans la délinquance, trafic de stupéfiants, violences: à 19 ans, il avait déjà six condamnations à son casier.

S'en suit une détention aux Baumettes à Marseille émaillée d'incidents. Un jour, une surveillante intervient alors qu'il a une paire de ciseaux dans ses chaussettes. Il lui rétorque: "Pourquoi tu fais la stricte avec moi ? Vas niquer ta mère".

- "Est-ce que vous comprenez ce qu'est une violence ?", l'interroge Florence Galtier, l'avocate générale.

- "Oui, ça m'arrive d'avoir des réactions de colère, mais je ne suis pas quelqu'un qui s'énerve pour rien".

Ses avocats, Elise Arfi et Frank Berton, décrivent "un parcours de vie tumultueux", "carencé".

C'est une "personnalité contrastée, avec des difficultés mais aussi des attitudes qui procèdent de formes de choix délibérés" et "tous les gens qui connaissent des difficultés sociales ou familiales ne deviennent pas pour autant des criminels", observe de son côté Me Philippe Expert, autre avocat de la famille d'Eric Masson.

- La loi du quartier ? -

A ses côtés dans le box, Ismaël Boujti est détenu dans une autre affaire. La marque de son pull noir, faisant référence à des anges, semble décalée.

Sa vie est une succession de passages en foyer, de troubles du comportement, de tentatives de formation qui n'aboutissent pas, puis de délinquance avec, à 24 ans, une dizaine de condamnations: "Je suis retombé dans de mauvaises fréquentations", admet ce père de deux enfants.

Il lui est reproché d'avoir aidé Ilias Akoudad dans sa fuite en l'hébergeant dans une cave, un lieu "où on jouait à la Play, on restait entre nous". Il nie avoir su que lui et Ayoub Abdi étaient en fuite après la mort d'Eric Masson.

Et sur une supposé "solidarité du quartier", il s'agace: "Ma peine, je la fais tout seul !"

Ayoub Abdi, présent aux côtés d'Ilias quand le brigadier a été abattu, est lui aussi seulement poursuivi pour "soustraction d'un criminel à l'arrestation ou aux recherches" et comparaît libre. Il avait alors 20 ans et déjà un casier lourd de 11 condamnations.

Il "assume" avoir dealé dans son adolescence. Mais "je me suis éloigné de tout ça, j'ai compris la leçon", assure-t-il. Il a commencé à travailler, quelques contrats dans la restauration rapide. Mais depuis qu'il connaît les dates du procès, "ça va pas".

"Etre face à la police ça me fait peur maintenant", explique-t-il, pour justifier le non-respect de son contrôle judiciaire et en racontant un incident avec un ex-collègue d'Eric Masson dans sa cité. Dans la salle, un policier devient rouge de colère puis réussit à se calmer.

Après deux semaines de débat, le verdict devrait tomber le 29 février ou le 1er mars.

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